Qu’est-ce qu’être “ hors norme ”? Vaste question, qui à mon sens est propre à chacun et plus particulièrement, à chaque histoire. Alors, je vais vous partager ma définition de ce qu’est une femme hors norme aujourd’hui.
Un physique hors norme
La première définition qui me vient est celle de la dimension physique : si l’on prend le dictionnaire, “hors norme” veut dire “ n’étant pas en phase avec les règles communes ”. Les fameuses règles sociétales que l’on nous impose dès notre plus jeune âge, tel que rentrer dans une case et surtout ne pas en sortir.
Étant passée par l’obésité morbide, je me suis souvent sentie comme quelqu’un d’hors normes. Mais je ne le percevais pas comme quelque chose de positif, car pour moi, en étant hors normes, il n’était pas possible d’être heureuse, je le vivais comme un échec. Je ne pouvais pas être comme tout le monde.
Le quotidien d’une personne hors norme
À plusieurs reprises, je me suis retrouvée dans des situations où j’avais l’impression d’être tellement hors normes, que l’on ne voyait que moi, que chaque regard était posé sur moi pour me juger. J’ai à ce sujet plusieurs expériences à vous partager.
Faire un tour de manège
Un jour, lors d’un week-end en amoureux à Disneyland Paris, nous nous sommes installés dans un des manèges, et au moment de devoir descendre le harnais de sécurité, le monsieur se trouve confus, car impossible pour lui de le fermer avec moi dedans. Rouge de honte, et prise de bouffées de chaleur, je me suis faite toute petite pour sortir du manège.
Réaliser un rêve de saut en parachute
Autre exemple, j’ai reçu comme cadeau à mes dix-huit ans, un saut en parachute ! Un de mes rêves, quel bonheur. Mais arrivée sur place, la limite de poids était fixée à 80 kg. Aïe… ! Je les dépassais de près de 20 kg. Et si l’on veut faire le saut, on doit monter sur une balance. Pas moyen de tricher, j’essaye d’argumenter pour pouvoir faire le grand saut. Ils me donnent leur accord, mais me font signer une décharge de responsabilité en cas de problème avec le parachute à cause de mon poids. Mon poids était affiché en rouge sur l’écran, visible de tous. Je n’ai eu qu’une envie, m’effacer de tous.
Porter un joli maillot de bain
Puis il y eut aussi ce jour marquant. Mon chéri lui, fait un petit 63 kg pour son mètre 75, autant vous dire qu’avec moi à ses côtés, faisant le double de son poids, on ne pouvait pas me rater. Une fois, en vacance au camping, je tombe en amour pour un maillot de bain deux pièces, mais je ne veux pas me l’offrir, car il est hors de question de m’afficher en maillot. Mais chéri, lui aussi, adore ce maillot, alors il me l’offre, et veut que je le mette. Il se moque du regard des autres, et me voit belle dans ce maillot. Alors, je le mets, je me surpasse pour lui, et je suis fière de réussir. Plus tard, on se promène dans le camping, deux ados et leur mère nous regardent passer. Je les entends pouffer de rire, et faire la comparaison plus qu ‘évidente entre chéri et moi : « Le cure dent et la baleine ». Chéri n’a pas entendu, mais moi je suis choquée de voir qu’une mère puisse se moquer de quelqu’un avec ses enfants. Je me retourne les yeux remplis de larmes, leur lance un regard, et je suis partie. J’avais ce jour, comme la sensation d’avoir cassé la case à force de vouloir forcer pour y rentrer.
Hors les cases
J’avais l’impression de ne rentrer dans aucune case, comme dans aucun pantalon d’ailleurs. Ma case à moi, c’était ce fameux pantalon taille 38. La case idéale, selon moi. Quelle idée ! Pendant des années, je me suis convaincue que la clef du bonheur, c’était de réussir à entrer dans ces cases, malgré moi. Mais aujourd’hui, j’ai réussi à être hors norme, donc être heureuse sans entrer dans leurs cases ! Et c’est ÇA, la véritable clef du bonheur, savoir créer sa propre case. S’épanouir en tant que femme, en tant que mère et en tant que professionnelle à notre façon.
Être hors norme, c’est savoir être fière de nos différences. C’est réussir à vivre pour soi, et non pas pour les autres, ni en suivant ces fameuses règles ou diktats de la beauté. On peut être hors norme physiquement par notre poids, par un handicap, par une singularité, par un accident, ou pour beaucoup d’autres raisons, mais cela ne doit jamais être un frein à notre épanouissement.
Aujourd’hui, je ne suis pourtant pas dans un pantalon taille 38, mais je peux dire que je suis heureuse. Je ne suis pas guérie, mais ça, j’y travaille. Chaque histoire de vie est unique, et permet de se créer sa case, sa norme.
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