Un deuil, des deuils - Hors-Normes
Un homme face à une tombe, explore le deuil

Un deuil, des deuils

écrit par Docteur Cleray Xavier

Chères lectrices, le sujet du jour traite du deuil. Je vous propose de commencer par le commencement et de regarder l’étymologie de ce mot. Selon le Petit Robert, le mot “deuil” du bas latin “dolus”, “dolore”, veut dire souffrir. Il désigne ainsi la douleur, l’affliction que l’on éprouve de la mort de quelqu’un. Charlotte exprime clairement dans son écrit, cette douleur intense ressentie à la mort de sa grand-mère paternelle. 

 

Les étapes du deuil 

 

De nombreux auteurs ont décrit les différentes étapes du deuil. Certains les ont nommés les étapes du travail de deuil. Nominations bien théoriques, car le vécu du deuil prend autant de formes qu’il y a d’individus sur notre terre. Le deuil est éminemment intime, au cœur de l’intime. Comme l’écrit Charlotte, il ne s’exprime pleinement qu’en s’isolant, dans le retrait des bruits du monde. Une nécessaire solitude pour vivre et méditer le poids de la perte et de l’absence, ou l’obligation de vivre autrement.

 

L’apaisement de la douleur  

 

Pour certaines et certains, le temps apaise la douleur. Pour d’autres, la perte est cruelle, rien n’apaise la douleur. Les psychiatres nomment cet état “la mélancolie”. La mélancolie est compagne de la dépression, synonyme de l’inconsolable.

 

Nous pouvons alors nous mettre en quête de consolation, en puisant dans nos réserves psychiques, dans l’acceptation du réconfort que nos proches nous offrent.

 

Des soignant-e-s se sont formé-e-s à accompagner les personnes en deuil. Le premier pas vers des soins psychologiques est le plus coûteux, mais ô combien salutaire. Il peut nous alléger du poids du deuil, nous reconduire sur les chemins de la vie.

 

Que m’ont appris les deuils que j’ai traversés ? 

 

Ayant connu plusieurs deuils au cours de ma vie, en tant qu’homme, mais aussi en tant que médecin, j’avais envie de vous partager quelques observations issues de mon vécu.

 

La mesure de la force des liens qui nous humanisent

 

Notre tristesse et notre peine sont proportionnelles à la qualité des liens qui nous relient au défunt. Ces liens perdurent par-delà la mort des êtres aimés. Nous les portons en nous, dans l’intimité de nos pensées. Ils sont ceux qui nous ont présenté le monde sous un jour favorable, comme l’écrit Charlotte qui raconte toutes les valeurs que sa grand-mère lui a transmises.

 

Ce que nous sommes devenus, nous le devons aux êtres qui nous ont aimés 

 

Ce que nous sommes, nous le devons à ceux qui nous ont élevé vers des valeurs humanistes. Cette dette nous porte à prendre soin des autres, juste transmission nécessaire à rendre notre monde meilleur.

 

La douleur du deuil est incontournable 

 

Si aucune douleur n’est souhaitable, la douleur du deuil est incontournable, elle s’impose avec force. Elle nous oblige à résister au désespoir, elle nous entrave. La solitude est une ressource, si elle ne nous enferme pas dans un isolement social et familial. 

 

Le déni collectif de la mort 

 

Notre monde actuel est peu propice à affronter la mort et le deuil de nos proches. Les rituels de deuil se sont effacés, comme si la mort n’existait plus. Un déni, parmi d’autres, de notre société occidentale dite “ moderne ”. Les progrès de la médecine ont repoussé les limites de la vie, abreuvant ainsi le déni collectif de la mort.

 

Cette confrontation avec la mort de nos proches nous rappelle notre finitude. Il paraît que l’inconscient se croit immortel, ce qui pourrait expliquer les tensions psychiques que nous traversons dans le temps du deuil.

 

Sans compter le fardeau supplémentaire de la culpabilité à n’avoir pas réussi à garder en vie les personnes que nous aimons. Autre instrument de mesure des liens qui nous tiennent vivants.

 

Le deuil, un processus inachevé 

 

Le deuil n’est pas un travail, il est toujours inachevé et s’éteindra le jour de notre mort. Les défunts autrefois aimés nous accompagnent. Il m’arrive de saluer l’âme de ma mère en admirant le vol d’un papillon, dans l’intimité de la contemplation du monde. Je sais qu’elle m’a transmis la vie, et la force de vivre une vie de médecin au service de la protection des enfants et de leurs parents.

 

Des mots sur le deuil 

L’équipe Hors-Normes reste à votre écoute et se tient prête à recevoir vos témoignages de deuil, dans le respect de votre douleur, tout en vous encourageant à traverser cette épreuve. Nous invitons également les soignants engagés dans l’accompagnement des personnes endeuillées à témoigner de leur expérience professionnelle, afin d’encourager les personnes à les consulter.

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