Le syndrome d’épuisement professionnel ou burn-out - Hors-Normes
Burn-out : signaux, prévention et soutien. Témoignages et ressources pour affronter l'épuisement professionnel.

Le syndrome d’épuisement professionnel ou burn-out

écrit par Docteur Cleray Xavier

L’article du jour traite du syndrome d’épuisement professionnel, ou plus communément appelé burn-out. Selon l’Organisation Mondiale de la Santé, l’épuisement professionnel “est un sentiment de fatigue intense, de perte de contrôle et d’incapacité à aboutir à des résultats concrets au travail”. 

Afin d’illustrer cet état de fait, je vais vous relater un souvenir professionnel. Puis je vous donnerai des informations sur les signaux d’alerte nous permettant de reconnaître un burn-out. Enfin, j’évoquerai quelques pistes pour s’en sortir, lorsqu’on est touché par cette maladie professionnelle.

Je tiens à préciser que Charlotte n’a pas fait part de cette expérience sur son blog, mais étant donné l’ampleur de ce fléau, mon âme de médecin n’a pas su résister à l’écriture d’un tel article. 

 

Le souvenir d’un collègue en burn-out 

 

C’était un lundi matin. Installé à mon bureau, j’entends arriver un collègue dans un bureau mitoyen. Je me lève pour aller le saluer. Je me rappelle l’avoir vu assis devant son ordinateur, qu’il n’avait pas ouvert. Figé, triste, il paraissait accablé, sans plus aucune énergie pour démarrer la semaine. Il accepta de répondre à mes questions. Il me raconta son épuisement et son incapacité à continuer d’exercer ses responsabilités professionnelles. 

 

Éducateur spécialisé, il assurait le suivi psycho-éducatif d’enfants confiés à l’Aide Sociale à l’Enfance par décision judiciaire. Son métier le confrontait à des situations humaines violentes, à des enfants présentant des troubles graves consécutifs aux violences subies. Les enfants victimes peuvent être atteints de séquelles physiques (troubles neurologiques suite à des coups reçus sur la tête). Ils présentent toujours des séquelles psychologiques qui peuvent prendre de multiples formes : agitation, tristesse permanente, angoisses, conduites agressives vis-à-vis de soi ou d’autrui…

Être confronté aux conséquences des violences sur la santé mentale et physique des enfants expose à un cumul de stress et une usure professionnelle. 

 

C’est ainsi qu’après avoir échangé avec lui, il m’autorisa à prévenir sa responsable hiérarchique. Cette dernière l’a accompagné au service départemental des conditions de travail, où il a ensuite bénéficié d’un reclassement professionnel. 

 

Comment se manifeste ce syndrome ? 

 

Nous percevons dans l’exemple décrit au-dessus un état de fatigue intense. Toutefois, d’autres signaux peuvent nous alerter sur un état de burn-out. 

 

Dans la liste des signes physiques, nous pouvons mentionner : une fatigue permanente entretenue par des insomnies ; un mal de dos ; des migraines ; des maux de ventre ; des infections fréquentes.

Quant aux signes psychologiques, ils sont les suivants : un vide émotionnel, une anxiété permanente. Vous devenez irritable, vous vous isolez, vous n’arrivez plus à vous concentrer. Vous vous sentez dépassé et démotivé. Vous affichez froideur et indifférence, jusqu’au cynisme.

Pour essayer d’atténuer ce mal-être grandissant, des troubles des conduites alimentaires et des conduites addictives peuvent apparaître. Ce cercle vicieux peut préparer la survenue d’une dépression.

 

Des conditions de travail favorables au burn-out 

 

Tous ces signes sont liés aux conditions de travail. Une surcharge de tâches permanentes, un manque d’autonomie, des responsabilités mal définies, un manque de reconnaissance, un blocage des conditions d’avancement, autant d’éléments qui favorisent l’éclosion du burn-out. Une forte implication professionnelle, des tendances perfectionnistes peuvent accélérer le processus morbide. De même, si vous cumulez des responsabilités familiales, si vous traversez une période de crise conjugale, ou si vous vivez une solitude affective.

 

Les professions les plus touchées 

 

Certaines professions exposent plus que d’autres à développer un syndrome d’épuisement professionnel. Le burn-out concerne majoritairement les professions qui exposent à des stress intenses et répétés.

Les personnels soignants, les policiers ou les gendarmes, sont confrontés à des réalités humaines violentes, tout comme les militaires ou les pompiers. 

Les professionnel-les du spectacle vivant, de la culture, sont également exposé-es au burn-out, par la discontinuité de leurs contrats qui entretient une précarité matérielle, dangereuse si elle perdure.

Les cadres d’entreprises, quant à eux, soumis à des exigences de performances, des professionnels à qui l’on impose des changements d’organisation incessants, sans jamais les consulter ou sans jamais tenir compte de leurs contributions aux changements, finissent par se démotiver et basculer dans le burn-out. Souvenons-nous des salariés de France Télécom qui ont gravement souffert des conditions de changements qui leur étaient imposées il y a quelques années, jusqu’à en perdre la vie en se suicidant.

 

La prévention des risques psychosociaux 

 

Face à ces constats, le législateur a prévu un cadre de prévention des risques psychosociaux.

Il est donc de la responsabilité des entreprises, qu’elles soient publiques ou privées, de mettre en place les instances nécessaires. 

 

Jusqu’à récemment, et encore aujourd’hui, il est habituel que les responsables hiérarchiques imputent le mal-être professionnel aux fragilités personnelles des salariés. Stratégie grossière pour se débarrasser du problème et esquiver leurs responsabilités. Stratégie contre-productive, car si le climat social se dégrade, les performances de l’entreprise vont chuter. Dans les hôpitaux publics, cela se traduit par une fuite des soignants, un turn-over permanent et des difficultés de recrutement qui entretiennent le cercle vicieux.

 

S’en sortir face au burn-out 

 

Vivre un épuisement professionnel n’est pas une fatalité, bien sûr, c’est un mauvais moment à passer.

 

Pour ne pas rester coincé dans l’impasse, il existe des ressources :
– Faire appel à votre médecin traitant d’abord. Un arrêt de travail est nécessaire pour se reposer, faire le point de l’importance de la crise et définir le projet de soins.
– Comme l’illustre l’exemple ci-dessus, vous pouvez solliciter le service des conditions de travail. Il est doté de médecins, d’infirmières, de psychologues, toutes et tous formés à diagnostiquer et soigner les personnes traversant une période d’épuisement professionnel.
Ils contribuent également à l’analyse des conditions de travail et proposent des mesures visant à les améliorer.
– Les syndicats peuvent également vous soutenir dans vos démarches personnelles. Ils ont aussi un rôle primordial d’analyse et de synthèse des situations de burn-out, pour proposer des mesures correctives visant à améliorer les conditions de travail. 
– En parcourant les publications Hors-Normes, vous trouverez un livre électronique dédié à la thématique du burn-out, dans lequel sont présentées d’autres ressources enrichissantes.

 

L’équipe Hors-Normes vous invite à réagir à cet article, en témoignant si vous avez vécu une période d’épuisement professionnel, ou si vous intervenez pour soigner des personnes souffrant de ce mal-être, à titre préventif ou curatif. 

Face à cette réalité comme à d’autres, abordées dans les articles précédents, la solidarité entre collègues, compromise par « l’esprit de compétition », s’avère indispensable, voire vitale, car souvenons-nous humblement que la dépression conduit au suicide dans certains cas. Et puis si nous n’y veillons pas, un jour viendra où le vent tournera, nous pourrons aussi être frappés par ce mal insidieux, ce burn-out que l’on pourrait traduire par « feu intérieur qui nous dévore ». 

Dans le milieu du travail, se conjuguent responsabilités individuelles et collectives, indissociables. Chacun de nous peut contribuer à cette vigilance pour le mieux-être de toutes et tous.

Nous vous invitons aussi à lire nos deux E-book concernant le burn-out !



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