En ces périodes de fêtes, j’avais envie d’aborder avec vous le thème de la solitude sociale. Alors, pour commencer, que nous dit mon vieil ami le Petit Robert sur le mot “solitude” ? Il vient du latin solitudo qui signifie “état d’un lieu désert”. Elle désigne la situation d’une personne qui est seule, de façon momentanée ou durable. Situation de celle ou celui qui a peu de contact avec autrui.
En synonyme, nous retrouvons les mots “isolement” et “retraite”, moment où l’on se retire de la vie professionnelle. Nous parlons aussi de “solitude à deux” pour un couple qui s’isole.
Nous comprenons donc que la solitude concerne nos relations familiales et sociales, en incluant nos relations conjugales.
Petit complément d’information que je trouve pertinent : le sens premier du mot solitude disait “état d’un lieu désert”. Nous utilisons aussi l’expression “c’est sa traversée du désert”, pour indiquer qu’une personne traverse un moment difficile, la confrontant à une solitude subie, quelle qu’en soit la raison.
Le choix de la solitude
La solitude peut aussi être choisie, comme la vivait Théodore Monod, scientifique français né en 1902 et mort en 2000. Naturaliste, biologiste, explorateur et anthropologue, il parcourait les déserts en solitaire pour ses recherches scientifiques.
Les marins naviguant en solitaire sur toutes les mers du monde ont également choisi la solitude pour traverser les océans. Il paraît qu’ils ne rêvent que d’une chose quand ils mettent le pied à terre : repartir.
Les alpinistes, hommes ou femmes, comme Sophie Lavaud, alpiniste franco-suisse ayant gravi de nombreux sommets en Himalaya, font de leurs aventures solitaires autant d’occasions de réaliser leurs désirs hors normes, dont elle seule a le secret. Elle le partage avec nous dans son livre “Une femme, 7 sommets, 10 secrets”.
Autre solitude choisie, celle de l’écrivain Sylvain Tesson, interprété au cinéma par Jean Dujardin dans le film Sur les chemins noirs. Le film met en scène le parcours solitaire de la diagonale du vide par l’écrivain. Je vous laisse le soin de découvrir l’histoire, riche d’enseignements sur les bienfaits possibles de la solitude choisie.
Quand la solitude est choisie, et qu’elle n’est pas le reflet d’un mode de vie, elle devient source de créativité, un moment privilégié de calme nécessaire pour “recharger ses batteries” comme nous le disons dans le monde moderne. Celle des grands artistes et du commun des mortels qui ont besoin de ces temps de respiration solitaire, de promenades sur les chemins de campagne pour ralentir l’écoulement du temps et admirer la nature.
Vous pourrez lire l’ouvrage de Françoise Dolto, “ Solitude ”, pour mieux saisir le sens de mon propos. Elle développe les risques et aussi le pouvoir structurant de la solitude, vécue de l’âge de bébé à celui de vieillard, quand la solitude devient une porte d’accès à la méditation, à la contemplation, chemin vers l’émerveillement de nous sentir vivants dans ce monde qui nous a accueilli. Contempler la beauté du monde à plus de 8 000 mètres d’altitude, avec Sophie Lavaud…
Lorsqu’on ne choisit pas la solitude…
Mais la solitude est le plus souvent subie, et ce, quel que soit notre âge. Depuis ce bébé pleurant depuis deux heures, restant sans réponse, qui a été oublié et dont personne ne se soucie, jusqu’à ce vieillard seul chez lui, qui ne sort plus, et ne reçoit plus de visite, en passant par ces adolescents reclus chez eux par peur d’être agressés. Pour beaucoup d’entre eux, les réseaux sociaux sont à l’origine de leur isolement social, quand ils sont vecteurs de mépris, voire de haine.
Ces quelques exemples illustrent la dimension sociale de la solitude. Cet état individuel, quand il est subi, interroge la qualité de nos relations sociales, le degré de solidarité de nos sociétés, les pièges de ce monde virtuel pour lequel notre attention est sans cesse sollicitée par les publicités, jeux vidéo et autres univers virtuels…
Que se passe-t-il quand nous subissons la solitude ?
Nous nous réveillons isolés des autres, souvent frappés par des événements traumatiques, accident, deuil, rupture conjugale, licenciement…
Nous sommes alors aux prises avec la dépression, qui nous fait perdre le goût des relations familiales et sociales.
Nous souffrons alors d’un sentiment d’abandon nous enfermant dans la solitude, nous laissant supposer que nous sommes indésirables pour les autres.
La pauvreté peut engendrer un sentiment de honte sociale qui conduit tout droit à la solitude subie. Les acteurs associatifs sont de précieuses ressources pour les personnes seules. Ils vont vers eux, ou vers elles, pour leur proposer de rompre cet isolement social que l’on peut qualifier de mortifère. En particulier en période de Noël, où le contraste se fait plus marqué entre retrouvailles chaleureuses des fêtes familiales et détresse affective des personnes seules chez elles.
Ensemble, avec vous
Notre société, comme beaucoup d’autres dans l’histoire humaine, abandonne certaines et certains d’entre nous à leur triste sort. Notre capacité à prendre soin les uns des autres est un précieux indicateur de nos qualités sociales. Et pas seulement en période de Noël, mais toute l’année.
L’équipe du blog Hors-Normes espère que vous avez passé de joyeuses fêtes de Noël. Nous sommes heureux de vous compter parmi nous, au sein de notre famille Hors-Normes. Nous vous invitons à témoigner si vous avez été aidé à rompre votre solitude ou si vous aidez les autres, dans votre entourage familial ou dans un engagement associatif.