Bonjour aux lectrices du blog Hors-Normes,
Aujourd’hui, je vais vous parler d’un combat qui maintenant n’en est plus un. Ce combat, c’est celui d’avoir un enfant.
Maladies et infertilité
J’ai 29 ans, je suis atteinte d’endométriose au stade 2 et j’ai également un sérieux problème au niveau du dos. Monsieur, Séb, a quant à lui 42 ans et est atteint d’une maladie génétique appelée le syndrome de Klinefelter. C’est un syndrome qui atteint les chromosomes et rend les hommes stériles.
Il a déjà été marié et à l’époque, il avait passé tous les tests pour voir s’il était possible de récupérer quelque chose afin de faire un parcours de FIV avec son ex-femme. Malheureusement, cela n’a jamais pu aboutir. Il a donc fait son deuil de son côté par rapport à ce souhait d’avoir un enfant, alors que son ex-femme, elle, avait déjà une petite fille d’une précédente union.
De mon côté, j’ai subi une IVG à 17 ans, suite à un déni de grossesse découvert par ma mère au dernier moment de la date légale d’avortement en France. J’avais 17 ans, mon copain en avait 22, nous vivions tous les deux chez mes parents, lui licencié économique, donc chômage, moi en pleine étude pour un CAP Fleuriste. Je venais de démarrer le code pour passer le permis.
Les effets de la pilule se sont annulés en prenant un médicament pour je ne sais plus quelle maladie. On m’a laissé une journée pour décider si oui ou non je voulais avorter. Normalement, vous avez une semaine de délai de réflexion avant de prendre votre décision. J’ai eu une journée. Mais j’étais sûre de ma décision.
Les cartes ont été rebattues lorsque nous nous sommes mis ensemble, Séb et moi, car il savait que mon désir de maternité était présent. De lui-même, il me parle de parcours de PMA (chose qu’il ne voulait pas faire avec son ex-femme), pour essayer de palier à ce désir profond. Il a alors 39 ans et moi 25. Nous commençons à nous renseigner : il faut justifier de beaucoup de choses et prévoir aussi une certaine somme d’argent pour les frais médicaux à avancer. Je vous avoue qu’à ce moment-là, ça faisait à peine deux mois que nous étions ensemble, donc aller justifier de cinq ans de vie commune, c’était très compliqué. Cela a aussi entraîné énormément de questions. Séb se sent-il vraiment prêt face à ce que cela implique ? Fait-il ça uniquement par peur de me perdre ? Veut-il vraiment faire ce parcours-là ?
J’essaie de discuter sincèrement avec lui mais il se renferme comme une huître ou alors il ne prend pas la peine de me répondre véritablement. « Oui j’ai envie de ça avec toi », me dit-il. Mais au fond de moi, je le connais, et à force de gratter, j’obtiens enfin une réponse sincère : « Oui, c’est aussi par peur de te perdre ».
Voilà donc un autre parcours qui débute, celui de le rassurer si jamais mon désir n’est pas assouvi. Il a beau être fort, il est aussi tombé de haut sentimentalement parlant et il n’a pas non plus confiance en lui. Alors je débute parallèlement une réflexion silencieuse de mon côté.
Des questionnements multiples
– Suis-je vraiment prête à être maman ?
– À combien de pourcentage suis-je sûre de mon couple pour affronter tout cela ?
– Combien de fois pourrai-je assumer et subir moralement, physiquement, si je fais des fausses couches et que je recommence ?
– Suis-je prête à assumer tout cela ?
Le temps passe, mes crises d’endométriose sont de plus en plus fortes, vu que je ne prends plus de pilule. Un an s’écoule.
Deux ans, je relance le sujet. Séb a 41 ans, moi j’en ai 26, je lui dis : « Tu sais, si tu veux vraiment qu’on ait un enfant, c’est maintenant car après cela va être plus compliqué ». Il me répond oui mais je sens que cela n’est pas tout à fait convaincant.
Je me mets à sa place. Passé la quarantaine, avoir déjà fait son deuil de paternité et là, recommencer ce genre de parcours… : ne pas faire ses nuits pendant un certain temps une fois que le bébé sera là, le stress, la fatigue, les biberons, les couches… Séb a passé quarante ans, a-t-il vraiment envie de ça ?
J’entame le dialogue, j’essaie de le sonder, de voir ce qu’il en est de son côté, mais sans jamais avoir de vraies réponses à mes questions. Je parle, je soumets des hypothèses, j’obtiens seulement de vagues « oui », par intermittence.
Le temps passe encore sans vraiment faire de démarches et quand j’en parle, cela part un peu au conflit, parce que oui un enfant ça coûte de l’argent et qu’en ce moment, ce n’est pas ça financièrement parlant.
2021 : l’année du deuil
Début 2021, je suis paralysée à la suite d’un gros problème de dos : hernie discale médiane paresthésiante car pas prise en charge à temps par le corps médical. Je suis opérée en urgence, on me dit que ce n’est pas sûr que je récupère la mobilité après ma paralysie, que seuls le temps et la rééducation pourront améliorer la situation. Je réfléchis donc à nouveau à la question de la maternité : je ne suis pas sûre de pouvoir remarcher comme il faut, d’être en mesure de porter plus de 6 kg à vie, j’aurai des douleurs qui resteront plus ou moins fortes….
De nouveaux questionnements :
Ai-je vraiment envie…
– De subir une grossesse dans ce contexte ?
– De ne pas pouvoir porter mon fils ou ma fille ?
– D’être fatiguée par les douleurs, mais aussi par cet enfant ?
– De ne pas pouvoir jouer avec mon enfant comme je le veux ?
– De ne pas pouvoir assumer des sorties ou des vacances complètes car parfois la douleur sera telle que je devrais rester couchée une majeure partie de la journée ?
Est-ce que…
– Séb, lui, sera capable d’assumer autant de son côté ?
– En a-t-il envie ?
– Lui, par la suite, avec sa maladie qui lui infligera aussi des choses moches en vieillissant, sera-t-il capable de nous porter à bout de bras au détriment de sa santé, ou de la mienne ?
– Suis-je prête aussi à mettre en péril mon couple avec tous ces « problèmes » ?
– Ai-je vraiment besoin d’être mère pour être pleinement heureuse et épanouie ?
Réponses à tout ça : NON et OUI !
– NON je ne veux pas imposer tout cela à mon corps.
– NON je ne pense pas pouvoir assumer tout ça physiquement.
– OUI je tiens à mon couple.
– OUI je suis heureuse avec Séb, juste tous les deux.
– OUI je tiens à mon sommeil, à celui de Séb, au repos et à nous, tels que nous sommes.
– Alors OUI, je ne serai jamais mère et NON je n’ai pas de regret suite à ma décision, car cette décision je l’ai prise par amour, j’en suis consciente, et nous nous sommes trouvés tous les deux. Nous avons cet équilibre. J’ai fait ce deuil de mon côté, comme il l’avait fait du sien il y a des années.
Nous et les autres
Je privilégie mon couple, notre amour, notre tranquillité, notre santé et notre bulle tout simplement. Nous avons, l’un comme l’autre, des neveux, plus tous les enfants de nos amis, alors nous avons, je trouve, tous les avantages de la parentalité. Nous sommes tata et tonton, nous profitons de nos adorables petits bouts de chou, nous les gâtons, nous faisons beaucoup de choses avec eux, mais tous les côtés du parent « qui joue au gendarme, qui est fatigué etc. », nous ne l’avons pas. Alors je trouve que finalement, nous nous en sortons plutôt bien.
Mon histoire n’est pas banale, comme pour beaucoup d’entre nous, mais c’est la mienne et malgré toutes les embûches que j’ai rencontrées sur mon parcours, je suis heureuse et en paix avec mes décisions.
À bientôt pour de nouveaux témoignages sur le blog Hors-Normes !