La dépression du post-partum - Hors-Normes
Découvre les signes et le traitement nécessaires pour dépasser la dépression du post-partum dans cet article du Dr. Xavier Cleray.

La dépression du post-partum

écrit par Docteur Cleray Xavier

L’article du jour est consacré à la thématique de la dépression du post-partum. Après l’accouchement, toutes les mamans traversent un moment de fatigue physique et psychologique lié à l’intensité des transformations vécues pendant la grossesse et l’accouchement. Ce moment est communément appelé le “baby-blues”. Il va s’atténuer dans les semaines qui suivent l’accouchement, six à huit semaines environ. En revanche, s’il persiste, alors nous parlons de dépression du post-partum. 

 

Les signes d’alerte d’une dépression du post-partum 

 

Quand persiste la fatigue, que s’installent des troubles du sommeil, en particulier l’impossibilité de dormir quand le bébé dort, parce que la maman est envahie par des pensées qui tournent en rond, il faut évoquer la possibilité d’une dépression maternelle.

Les troubles du sommeil peuvent être accompagnés de troubles de l’appétit, d’un délaissement de soi, de la perte d’envie de se laver et de prendre soin de son bébé. La maman ne prend aucun plaisir à s’occuper de son bébé, à être en relation avec lui. Elle peut également ressentir des angoisses de se faire mal ou de faire du mal à son bébé. Elle peut se sentir détachée de son bébé et/ou de son conjoint. La maman n’arrive plus à apprécier les choses de la vie auxquelles elle prenait plaisir antérieurement.

 

Si ces signes deviennent intenses et quotidiens, ne laissent pas de répit à la maman, il est nécessaire D’EN PARLER.

 

Comment obtenir de l’aide ?

 

Tous les professionnel-les de périnatalité sont formé-es à repérer les signes de dépression maternelle et à accompagner les mamans qui en souffrent vers des soins adaptés.

Les professionnel-les de maternité en premier lieu, mais aussi les médecins traitants, les personnels de protection maternelle et infantile (PMI), les sages-femmes libérales et les psychiatres et psychologues.

Souvent, les mamans ont des appréhensions à parler de ce qu’elles traversent, car elles sont envahies par un sentiment de culpabilité qui pourrait se traduire par la formule suivante : “J’ai tout pour être heureuse, je ne comprends pas ce qui m’arrive, je ne me reconnais pas”.

L’entourage de la maman joue donc un rôle essentiel dans ce moment délicat. Il peut être soutenant ou au contraire aggraver son état, en particulier si la maman a vécu des violences conjugales pendant la grossesse, et continue à les subir.

 

Le traitement de la dépression du post-partum 

 

Le traitement de la dépression maternelle comporte des aides concrètes à domicile, le soutien d’une travailleuse familiale si la maman est isolée.

Le suivi d’une sage-femme et du personnel de PMI, une psychothérapie est également nécessaire et peut être complétée d’un traitement médicamenteux temporaire, le temps d’une restauration de l’état dépressif.

Participer à un groupe de paroles de parents qui traversent les mêmes difficultés peut également apporter du réconfort.

 

Quand la dépression devient plus grave, une hospitalisation en unité de soins mères/bébés peut s’avérer indispensable. Cette indication d’hospitalisation est liée au niveau de risque suicidaire. Pour rappel, le suicide représente la deuxième cause de mortalité dans la période du post-partum.

 

Si vous vous sentez envahie par des idées suicidaires, ou si vous êtes confronté à la difficulté d’une maman en détresse, vous pouvez appeler le 3114, numéro national de prévention du suicide.

 

Être parent, le travail le plus difficile au monde ?

 

En conclusion de cet article, nous pouvons convenir ensemble que devenir parent n’est pas inné, pas confortable, et très déstabilisant. Surtout dans notre société actuelle, où se diluent les solidarités familiales et sociales. Sans compter le mythe de la performance qui s’applique à la fonction parentale, comme aux exigences des fonctions professionnelles.

 

De mon point de vue, celui de beaucoup d’autres, professionnel-les ou parents, devenir parent est une des crises existentielles majeures que traversent les êtres humains. Elle mobilise les fondations de notre être au monde, la responsabilité de transmettre la vie, avec tout ce que cela suppose de joies et d’épreuves.

 

À ce titre, nous devons être disponibles et bienveillants avec toutes les mamans du monde qui transmettent la vie. Elles ne sont pas seules à assumer leurs responsabilités parentales, nous sommes à leurs côtés, et surtout dans ces moments délicats de dépression du post-partum. Notre vigilance et notre disponibilité sont indispensables pour restaurer leur santé et celle de leur bébé.

 

Vous et la dépression du post-partum 

 

Peut-être avez-vous traversé et surmonté un épisode de dépression maternelle, en tant que maman, en tant que conjoint ou membre de la famille ? Nous serons honorés d’accueillir votre témoignage, il pourrait permettre d’encourager des mamans aux prises avec cette détresse, de formuler une demande de soins.

 

De même, si vous êtes personnel soignant en périnatalité, ou travailleur social ayant une expérience d’accompagnement de mamans dépressives, nous vous invitons également à partager vos savoirs. Ils sont précieux pour permettre à des mamans de surmonter cette dépression du post-partum, et ainsi de soulager leur bébé des effets néfastes de leur désarroi.

 

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