Je vous présente aujourd’hui un écrit qui aborde la thématique de la résilience. Il s’inscrit dans une série, appelée “Destin de résilience”, et met en lumière l’histoire de Madame Camara*.
Il y a trois ans, une collègue sage-femme demande à me présenter une situation clinique qui la préoccupe. Je suis alors médecin de protection maternelle et infantile (PMI), en charge du suivi de la santé des enfants de 0 à 5 ans, dans une ville de la banlieue parisienne. Je partage avec vous le souvenir de la présentation de cette situation, l’histoire de Madame Camara.
Lors d’une consultation, ma collègue sage-femme constate la tristesse qu’exprime Madame Camara, enceinte de quatre mois. Elle lui fait part de ce constat. Madame Camara, qui connaît déjà ma collègue, accepte de lui raconter l’histoire de sa venue en France.
Une histoire aux multiples traumatismes
Madame Camara a fui son pays d’origine, la République démocratique du Congo, avec sa petite sœur, où sévissait une guerre civile. Là-bas, elle y a perdu des membres de sa famille, assassinés.
Après de nombreuses péripéties à travers plusieurs pays, elle s’est embarquée sur un navire de fortune avec sa sœur et d’autres personnes migrantes. Lors de la traversée de la Méditerranée, la surcharge du bateau a provoqué un chavirage. Madame Camara a vu sa petite sœur se noyer et mourir, sans pouvoir la secourir.
Ma collègue sage-femme, professionnelle expérimentée, est encore bouleversée par ce témoignage, au moment où elle le partage avec moi. Nous, professionnel-les du soin, ne sommes pas préparé-es à accueillir des récits de traumatismes d’une telle intensité, sauf si nous sommes engagés dans des missions humanitaires, sur des terrains de combat ou de catastrophes naturelles.
Rester attentif au risque de dépression du post-partum
Cette épreuve vécue par Madame Camara, en période de deuil de la mort de sa petite sœur, mort qu’elle n’a pu empêcher, représente une fragilité psychologique qui exige vigilance et bienveillance de la part des soignants en charge du suivi de la grossesse, de l’accouchement et des mois qui suivront. Et ce, afin de veiller à ce que Madame Camara ne développe pas une dépression du post-partum.
Madame Camara est-elle résiliente ?
Il est trop tôt pour le dire, mais l’attention et la bienveillance que lui exprime ma collègue sage-femme peuvent l’aider à le devenir.
Madame Camara a choisi ma collègue sage-femme pour livrer, transmettre, déposer le récit de la mort tragique de sa petite soeur, nous pouvons supposer qu’elle est sur le chemin de la résilience.
Nous reviendrons sur l’histoire de Madame Camara dans l’article de synthèse sur les destins de résilience, intitulé, “La résilience : l’affaire de tous”.
Votre destin de résilience
Si vous avez traversé des épreuves qui ont bouleversé le cours de votre vie ou celle d’un proche, ou si vous êtes soignant-e, engagé-e professionnellement auprès de personnes victimes d’accident, de handicap ou de maladie grave, nous vous invitons, avec toute notre bienveillance, à témoigner de votre expérience.
*Le nom a été changé pour des raisons de confidentialité.