La musique de ma vie - Hors-Normes
Découvrez le témoignage poignant d'un jeune homme de 27 ans qui partage son parcours et la musique de sa vie.

La musique de ma vie

écrit par Ronan

À l’heure où j’écris ce témoignage, je suis un homme de 27 ans et l’équipe du blog Hors-Normes m’a invité à venir témoigner ici. Je vais vous raconter quels sont les moments phares de mon existence, qui ont donné cette mélodie si particulière à la musique de ma vie. 

DO : déménagement, perte de repères 

Tout commence réellement à partir de la fin de mon enfance, à l’âge d’environ 9 ans. À cette époque, je joue déjà de la guitare et suis toujours en train de voyager dans mon imaginaire. Je ne suis pas un enfant très assidu, ni travailleur.

Mes parents décident de déménager, de quitter Brest et de venir s’installer en Normandie. C’est une épreuve mentale, parce que, comme tout enfant qui déménage loin, je perds mes amis, mes repères, mon école et c’est un peu compliqué. 

: harcèlement scolaire, phobie scolaire, musique, amitié 

Mais ce qui va réellement briser mon équilibre, c’est le harcèlement scolaire physique et moral que je subis de la part d’une bande d’une dizaine de gars dans la nouvelle école. Ils vont s’amuser à se défouler tous les jours sur moi. Finalement, je change d’école et tout rentre dans l’ordre, ou presque. En dépit du fait que tout se passe bien dans cette (encore) nouvelle école, j’ai un début de phobie scolaire et je me rends à l’école la boule au ventre. 

Arrivé au collège, je subis à nouveau du harcèlement, mais sans l’aspect physique. Je patiente juste pendant quatre ans, le temps que ça passe. De plus, j’habite en pleine campagne, sans réseau, donc il ne m’est pas possible d’aller chez des amis ou de discuter par téléphone.
Arrivé au lycée, mes notes chutent, je commence à fumer, à ne plus rien faire au niveau scolaire.

C’est aussi à ce moment-là que je forme mon premier groupe de musique car je me rends compte que la musique est une partie extrêmement importante de ma vie. Malheureusement, ça ne dure pas et je redouble à cause de notes catastrophiques. Heureusement, je redouble avec un ami en or massif que je vais appeler Nicolas.

MI : rupture amoureuse, mort de mon ami en or, dépression, drogue, musicothérapie 

Je change de lycée et j’arrive en internat. Pendant cette période, je ne pense à rien d’autre qu’à la musique. Je compose énormément. Je commence à m’assumer, moi et mon style vestimentaire, mes goûts et ma façon de penser. Je me fais pas mal de potes. Je rencontre aussi des gens avec qui je fonde un deuxième groupe qui marche un peu au niveau de la ville et des alentours. Mais c’est aussi le moment où mon premier amour me quitte et que, lors d’une soirée, le précieux Nicolas met fin à ses jours. Ces évènements, couplés à des relations qui ne sont pas forcément saines, m’entraînent à prendre certaines substances. J’en consomme beaucoup à cette période. Les groupes de musique se brisent et se forment. J’ai de la chance de réaliser des premières parties pour des groupes assez connus, avec un groupe qui a duré longtemps. Je commence à me faire tatouer en terminal. Je participe aussi beaucoup à des manifestations à Paris contre la loi travail El Khomri, qui m’ont valu une fiche S pour « comportement révolutionnaire et incitation à la révolte ». Je finis par échouer au bac mais je suis admis dans une école d’aide-soignant. Je décide d’arrêter les drogues. En école d’aide-soignant, je me documente énormément sur la musicothérapie et la musicologie. Mais je tombe en dépression et je retourne à mes mauvais travers. 

 

FA : diplôme, sans abris, boulot, escorting 

J’obtiens mon diplôme d’aide-soignant, mais ma mère découvre ma rechute. Je me retrouve à la rue et je décide de partir à Caen. Je reste dans la rue environ six mois au cours desquels je mûris énormément. Je comprends que ma mère a pris la bonne décision et qu’elle n’a pas eu le choix. 

Je dégotte mon premier travail, je me mets en couple et à côté de cela, je fais de l’escorting pendant environ un an, activité que je cesse pour concrétiser et renforcer mon couple. C’est à ce moment-là que je prends la décision d’arrêter définitivement les drogues. Quand nous nous séparons après quatre ans, je rencontre rapidement quelqu’un d’autre. Je lui explique clairement le côté « pansement » de la relation, chose avec laquelle elle est d’accord. 

Ce que je ne sais pas encore, c’est qu’elle est toxico. Donc, forcément, je rechute et retombe en dépression. Mais je me reprends en main rapidement et je la quitte. Pendant cette période, je me penche sérieusement sur la professionnalisation de la musique. Mais le Covid arrive et je suis recruté dans les unités Covid en tant qu’aide-soignant. C’est une période très compliquée, très dure, mais je m’accroche. 

SOL : humanitaire, tatouage, reconstruction

Après le Covid, je m’engage dans l’humanitaire avec mon travail d’aide-soignant. Je commence à m’intéresser au métier de tatoueur. Dans le tatouage, j’aimerais me spécialiser dans la reconstruction de cicatrices pour les grands brûlés, les amputés ou les personnes qui ont eu un cancer du sein par exemple. 

LA : décès, maladie, burn-out professionnel, tatouage pro 


Beaucoup d’événements se produisent l’année d’après, en 2023. Un deuxième ami se suicide, mon père nous apprend son cancer, mon chat quitte ce monde, je subis du harcèlement de la part de mes collègues au travail, ce qui me met en burn-out avec phobie du travail… 

Mais c’est aussi l’année où je me mets à nouveau en couple. Je suis toujours avec elle, j’officialise mon activité de tatoueur, la musique décolle.

 

SI : multi-diplômé, sobre 

Tranquillement, je suis heureux et fier aujourd’hui. Je n’ai toujours pas retouché à la drogue depuis un peu plus de trois ans ! 

Malgré tous les malheurs traversés et mon absence de bac, j’ai cinq diplômes : un diplôme en musicothérapie, un deuxième en tant que conteur, un autre en hygiène et salubrité dans le cadre de mon métier de tatoueur, un diplôme d’aide-soignant et une formation en musicologie. J’ai trouvé une stabilité qui est en pleine évolution en ce moment !

Ce qui m’a aidé à me relever, c’est essentiellement la musique, le fait de découvrir plein de choses, ma famille, mes amis et certains aléas sérieux qui m’ont permis de grosses prises de conscience. 

 

DO : les notes finales de cette partition 

À l’heure actuelle, je suis aide-soignant en psychiatrie. J’accompagne les personnes atteintes de schizophrénie, les personnes avec des troubles dépressifs, les personnes toxicomanes, les personnes borderline…

Je réalise aussi deux trois petits concerts grâce à un contrat de musicien dans un bistrot. J’organise également des événements sur le tatouage. Pour couronner le tout, je suis en relation avec une femme ultra-compréhensive auprès de laquelle je vis un bonheur chaque jour.

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