Nous abordons ici les enjeux de séparation de la première rentrée scolaire de votre enfant, le plus souvent à l’âge de trois ans, en petite section de maternelle. Certaines communes proposent l’accueil d’enfants à partir de deux ans et demi, en toute petite section de maternelle. Pour nombre d’enfants, l’entrée à l’école maternelle marque l’entrée dans l’espace social, en l’absence de ses parents pendant la demi-journée ou la journée entière.
Avant d’entrer à l’école, certains enfants ont fréquenté un lieu d’accueil : le domicile d’une assistante maternelle ou un lieu d’accueil collectif, crèche ou halte-garderie. Ces enfants ont donc expérimenté la séparation d’avec leurs parents, avec plus ou moins de facilités. Les enfants qui ont vécu dans leur famille jusqu’à leur première rentrée scolaire, vont vivre la première séparation d’avec leurs parents.
Que signifie pour les enfants, se séparer de leurs parents ?
La séparation est la mesure du lien qui nous unit à nos parents. La première séparation est donc notre naissance, le moment où nous avons quitté la matrice maternelle pour venir au monde. Le petit de l’humain n’a aucune autonomie pour survivre à sa naissance, si ce n’est respirer spontanément quand il n’a pas de problème de santé. Le bébé passe donc de l’utérus de sa maman au milieu aérien.
Il entre dans une seconde matrice, celle du lien à sa maman, car il est complètement dépendant de cette relation pour survivre, être nourri et soigné. Pendant les deux à trois premières années, l’enfant va progresser et gagner en autonomie. Je vous invite ici à lire ou à relire l’article sur “Le développement normal de l’enfant, de 0 à 3 ans”.
Il a commencé à apprendre la séparation en se déplaçant à quatre pattes, puis en marchant, pouvant ainsi s’éloigner du corps de sa mère. La tolérance de l’enfant à la séparation, est dépendante de la tolérance de la maman à la séparation, et du soutien qu’elle reçoit ou non de son entourage, de son conjoint, de la famille élargie, pour accepter et supporter que son enfant soit en lien avec d’autres personnes qu’elle-même. Si l’enfant ne perçoit pas d’angoisse maternelle trop envahissante, il sera en capacité de se séparer d’elle temporairement.
Au moment de la première rentrée scolaire, le lien mère-enfant, père-enfant, et le lien entre les parents, est interrogé pour chacun d’eux. Chaque enfant a besoin d’un temps d’adaptation à sa vie sociale à l’école. Les instituteurs et institutrices sont formés à accueillir les petits. De nombreuses directions d’école proposent aux parents que l’enfant puisse visiter l’école au mois de juin qui précède la première rentrée scolaire. Il n’est pas possible de quantifier le temps nécessaire à chaque enfant.
Ce temps est très variable et dépendant de l’équilibre familial dans lequel vit l’enfant. Il arrive que les instituteurs et institutrices proposent un accueil progressif, le matin d’abord, pour faciliter l’adaptation.
À l’inverse, certains enfants, dont les parents ont des horaires de travail allongés par les temps de transport, confient leur enfant aux équipes d’accueil périscolaire, avant 8h30 et/ou après 16h30. Ces temps d’accueil, très longs, peuvent provoquer des troubles d’adaptation de l’enfant pouvant s’exprimer par une hyperactivité, ou au contraire une forte inhibition sociale.
Lorsque les parents ont des contraintes professionnelles importantes, et peu ou pas de personnes relai dans leur entourage familial ou amical, l’enfant risque de s’installer dans des troubles durables.
Les difficultés liées à la première rentrée scolaire
Quels signes vous indiquent que votre enfant présente des difficultés d’adaptation sociale à l’école ?
- Des pleurs qui ne s’atténuent pas lorsque vous vous éloignez de lui, après l’avoir confié à l’équipe pédagogique, au-delà de quelques semaines après la rentrée.
- Des troubles du sommeil, à l’endormissement, des réveils nocturnes et une insistance pour dormir avec vous.
- Des troubles de l’appétit, soit votre enfant refuse de manger, soit il grignote des sucreries en excès.
- Des troubles sphinctériens, en journée à l’école, ou la nuit.
- Des colères explosives et difficiles à calmer.
Face à ces signes d’appel, je vous encourage à consulter votre médecin traitant ou un professionnel de la petite enfance, psychologue ou éducatrice de jeunes enfants, personnels de protection maternelle et infantile (PMI).
Les angoisses des parents
Du côté des parents, les angoisses de séparation s’enracinent dans leur histoire familiale et conjugale, et aussi dans l’histoire de leur relation à la vie scolaire, quand ils étaient enfants. En particulier pour les parents qui ont grandi dans un autre pays, où la culture de l’école peut être différente de celle de la France.
L’importance de l’école maternelle
L’école maternelle est un espace social où l’enfant continue à grandir en se nourrissant des apprentissages qui lui sont proposés et aussi en expérimentant les relations sociales avec d’autres enfants et adultes que ceux de sa famille. Il acquiert ainsi les bases qui le préparent à rejoindre l’école élémentaire où il apprendra à lire et à écrire. Il aura alors accès à de nouvelles connaissances. Ces trois premières années de maternelle sont importantes pour son développement cognitif et psycho-social.
Votre enfant est-il en détresse ?
J’insiste à nouveau pour vous encourager à consulter si vous sentez votre enfant en détresse, si vous même vous vous sentez débordé d’angoisse, ou si l’instituteur ou l’institutrice de votre enfant vous signale des choses qui l’interrogent. Les équipes de PMI réalisent des bilans de santé en école maternelle, avec votre participation. Ce rendez-vous peut vous permettre d’aborder toutes ces questions et d’accéder à des aides adaptées.
Je vous encourage également à lire, en complément de cet article, un autre écrit rédigé par mes soins, “L’entrée à l’école maternelle : préparation à la séparation et soutien aux familles en difficultés”.
Vos mots sur la première rentrée scolaire
Si vous êtes parent, instituteur ou institutrice, personnel de PMI ou de la petite enfance, et si ces enjeux de séparation vous intéressent, nous vous invitons à témoigner de votre expérience. L’équipe du blog Hors-Normes vous en remercie par avance.
