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L’impact des réseaux sociaux sur notre vie

L’impact des réseaux sociaux sur notre vie

Le sujet de société de ce jour concerne la thématique des réseaux sociaux. En tant que fondatrice du blog Hors-Normes, blog se faisant connaître essentiellement grâce aux réseaux sociaux, j’avais envie de mettre en avant un paradoxe qui m’anime : ma haine et mon amour pour ces fameux réseaux. Car d’un côté, ils nous déshumanisent et participent à l’effritement des liens réels. Mais en contrepartie, ils permettent de tisser des liens humains au-delà des frontières et regroupent des milliers de personnes autour de thématiques susceptibles d’apporter leur pierre à l’édifice d’un monde plus humain.

AVOIR UN RÉSEAU SOCIAL 

Il me semble vital d’avoir une vie sociale et un réseau social ! Ils participent de notre équilibre et de notre sensation de bonheur. De nature très sociable, je n’ai jamais manqué de liens sociaux et amicaux jusqu’au moment où j’ai décidé de suivre « mon lardon » dans le Sud de la France, puis de m’expatrier en Angleterre. Pour la première fois de ma vie, je me suis retrouvée éloignée de mes amis et donc isolée. Qui plus est, avec une « chouquette » collée à mes jupes (oui ma chouquette est très riche en pépites de sucre, elle colle bien fort, rire) je n’ai pas trouvé le temps, ni l’énergie, de nouer des liens amicaux. Or je me rappelle du bien fou que cela me procurait d’aller boire un verre avec des amis, de parler de tout et de rien, de me vider la tête et me rafraîchir les idées. Avoir un réseau social permet de se débarrasser d’une charge mentale devenue explosive. Cela permet aussi de se sentir appartenir à un groupe. Comme je l’ai mentionné dans mon article « Comment trouver sa place dans la société ? », nous sommes des êtres éminemment sociaux. Par conséquent, ne pas se sentir appartenir à un groupe peut représenter une source de souffrance. D’ailleurs, mon isolement et ma solitude furent des facteurs ayant contribué à ma dépression et ma prise de poids

LES RÉSEAUX SOCIAUX PAS SI SOCIAUX 

À l’heure où j’écris ces lignes sur mon clavier, le monde d’aujourd’hui n’est plus ce qu’il était à l’époque de mon enfance, mon adolescence et ma vie de jeune adulte. En l’espace d’une quinzaine d’années, (oui j’ai trente-sept ans et je suis certaine que vous êtes en train de faire des calculs mentaux pour deviner mon âge, rire), la façon de concevoir « le réseau social » a totalement changé. 

Je fais partie de la génération pour laquelle les réseaux sociaux consistait à aller boire un verre avec des amis, se socialiser en discutant en face à face, aller se divertir dans un parc ou dans la nature. Lorsque nous nous rencontrions, nous étions réellement ensemble, nos interactions connectées de cœur à cœur. Il n’y avait aucune interférence virtuelle. Il me parait si loin ce temps où personne n’avait d’écrans devant ses yeux et de portable dans ses mains !

Je déteste cette société moderne qui accapare notre temps, précieux et compté sur cette Terre, avec les écrans et les réseaux sociaux. Car oui, lorsque nous avons le nez plongé sur nos smartphones, c’est surtout pour scroller sur les réseaux sociaux, dévorer de manière souvent voyeuriste le contenu et la vie des autres. Il y a aussi ces influenceurs qui eux, sont devenus des produits marketing permettant d’accroître les ventes de certaines marques. Finalement, c’est comme si les humains étaient devenus des « produits ambulants » et « des espèces de zombies », pliant l’échine pour avoir leurs yeux rivés sur le petit écran, dépendant d’une réalité virtuelle source de souffrances, nous rappelant constamment ce que nous n’avons pas en comparaison aux autres. 

De plus, lorsque je vais au restaurant, cela me brise aussi le cœur et me met très en colère de voir des enfants avec les portables de leurs parents dans leurs mains, ou des tablettes, pour les inciter à rester tranquilles, ou peut-être même répondre à leur dépendance. Est-ce que cela ne choque que moi ? Car oui, en mettant sans arrêt des téléphones portables entre les mains de nos enfants, nous les empêchons d’être totalement épanouis humainement. En plus, en les exposant sur les réseaux sociaux ou en les utilisant, ils ne sont pas à l’abri du harcèlement et/ou d’actes malveillants. 

Pour ma part, je ne suis pas accrochée à mon téléphone et ma « chouquette » non plus. Lorsque je vais chez le médecin, à la plage ou même quand je voyage, je fais le choix d’un bon livre. Lorsque je décide de sortir pour marcher, j’emmène mon chien et je laisse délibérément mon téléphone à la maison. Lorsque nous sortons en famille, je ne prends aucun selfie pour m’afficher sur les réseaux sociaux. Je préfère vivre pleinement l’instant présent, entourée de mes proches, comme je l’ai toujours fait depuis mon enfance. Et lorsque je rentre à la maison après une journée de boulot, je me déconnecte de tous ces réseaux sociaux de chat’ professionnels.

Selon moi, les vrais liens sociaux, réels et authentiques sont devenus rares. Je ne me reconnais pas dans ce monde, je n’y trouve pas ma place et j’en souffre tous les jours. 

LES RÉSEAUX SOCIAUX, CRÉATEURS DE LIENS 

Toutefois, j’essaie tant bien que mal, à mon niveau, de survivre dans cette réalité sociale, à ma façon et avec mes valeurs. J’ai créé le blog Hors-Normes pour prendre à contre-pied ces nouveaux réseaux sociaux. Le blog n’est que la partie émergée de l’iceberg, car je compte bien exploiter les réseaux pour rassembler des femmes de valeurs, d’exception et extraordinaires autour de projets et de rencontres. Soyez-en certaines, nous allons nous serrer dans les bras les unes les autres, car il est hors de question pour moi de faire vivre ce projet juste à travers la toile. Hors-Normes, c’est avant tout de l’humain, des discussions en face à face, des rires et des moments de partage inoubliables, en chair et en os. Je peux ainsi dire que je me bats pour donner vie à un espace ou une bulle bien réelle de femmes qui portent les mêmes valeurs que moi, qui rêvent et agissent comme moi, pour propager généreusement ce que j’appelle, l’amour. Je crois au changement, à l’évolution, mais ce en quoi je crois le plus, c’est l’humain. 

ET VOUS, POUR OU CONTRE LES RÉSEAUX SOCIAUX ?

Rire. Mon but n’est pas de déclencher une avalanche de débats sur le sujet. Non, je souhaite plutôt vous demander comment vous vivez au quotidien dans cette réalité sociale virtuelle ? A-t-elle un impact sur votre vie de famille, de maman, d’épouse ? Est-ce facile de mettre des limites et de ne pas vous laisser envahir par les réseaux sociaux ? Avez-vous encore l’opportunité et la chance de faire partie d’un réseau social à l’ancienne, où les apéros ne se prennent pas sur Zoom ? L’impact des réseaux sociaux est indéniable dans notre vie moderne. Peu de gens sont épargnés, excepté ceux qui ont réfléchi à la question et ont pris un certain recul. Car nous baignons littéralement dedans et tout le temps. 

Je serais ravie de vous lire. Vous pouvez envoyer votre témoignage via le site du blog. Je vous donne rendez-vous la semaine prochaine pour un nouveau bloc d’articles thématiques que je garde en suspens. Restez connectées, mais profitez surtout de la vie et de votre famille !

À vos risques et périls

À vos risques et périls

Vous pouvez prendre connaissance du témoignage d’Orlane, “Les écrans, des compagnons de solitude« , avant de vous plonger dans la lecture de cet éclairage. 

 

Orlane décrit avec force et détails sa relation aux écrans, la place qu’ils occupent dans son quotidien, et le rôle qu’elle leur attribue. J’encourage chacune et chacun d’entre vous à les éteindre et à réfléchir à la place des écrans dans votre propre vie. Surtout si vous êtes parent, car votre responsabilité est engagée quant à leur usage par vos enfants.

 

Nous avons déjà publié des articles consacrés aux écrans : “Les écrans, simples outils ou nouveaux démons ?”, “L’impact des réseaux sociaux sur notre vie”. Ils sont à votre disposition si vous souhaitez approfondir le sujet. 

 

Les écrans et la solitude

 

J’ai été sensible à plusieurs points dans le témoignage d’Orlane : 

  • Aux formulations qu’elle choisit, certaines sont teintées d’humour.
  • Au rôle qu’elle donne aux écrans pour lutter contre la solitude et les pensées envahissantes qu’elle engendre.

 

La solitude est une médaille à deux faces : une face qui nous dérange, celle d’une impression de vide ou d’envahissement par des pensées parasites, que l’on voudrait éviter, mais qui s’imposent à nous. L’autre face est celle du nécessaire recentrage sur nous-même, dont nous avons besoin pour “recharger nos batteries” et alléger le poids des stress que nous subissons.

 

Je vous remercie Orlane, d’avoir accepté de témoigner des effets négatifs de la solitude avec une telle lucidité. Votre engagement associatif, décrit dans votre précédent témoignage, (“Après la pluie vient le beau temps”) vous conduit à des rencontres humaines très riches. Les nombreuses personnes que vous avez aidées dans leur parcours de vie vous ont permis de découvrir d’autres cultures et de ne pas être paralysée par un sentiment de solitude débordant. 

 

La dépendance aux écrans versus leurs bienfaits 

 

Je vous remercie également Orlane pour votre sincérité, gageons que nombreuses et nombreux sont les utilisateurs d’écrans qui n’ont pas votre honnêteté intellectuelle pour analyser leur relation de dépendance aux écrans. Rien ne nous empêche de nous libérer de cette néfaste dépendance. 

Je vous rejoins, les écrans ont aussi des bienfaits. Ils nous offrent un accès facilité à la culture et aux connaissances, dans tous les domaines. Vous avez la possibilité d’écouter des podcasts radiophoniques, en fonction de vos centres d’intérêt. Vous pouvez commencer par un podcast de France Inter, de la série “L’inconscient” qui s’intitule : “Des écrans et des rêves, les métamorphoses de l’inconscient”. Le podcast est disponible gratuitement en téléchargeant l’application Radio France.

 

Quelle est votre relation aux écrans ?

Si, comme Orlane, il vous arrive d’éteindre les écrans et de vous recentrer sur la vraie vie, de mettre la réalité virtuelle dans de grandes parenthèses, nous vous invitons à en témoigner. N’oublions pas nos responsabilités éducatives vis-à-vis des enfants et adolescents, proies vulnérables pour tous les prédateurs de tout poil qui ont bien compris comment les capturer. Les actualités quotidiennes nous rappellent que les effets dangereux ne sont pas virtuels.

La vocation, mystérieux appel

La vocation, mystérieux appel

Charlotte a partagé avec nous sa vocation pour l’équitation dans l’article “ Avoir une vocation ”. Dans mon écrit du jour, je vous apporte quelques éclairages sur ce mystérieux appel. Mais avant d’aller plus loin, revenons d’abord aux sources de ce mot. 

 

Vocation recouvre deux sens : 

– Inclination, penchant particulier pour un genre de vie, un type d’activité ;

– Dans le sens religieux, acte par lequel Dieu prédestine tout homme à un rôle déterminé qui constitue sa fin personnelle, en particulier destination, appel au sacerdoce ou à la vie religieuse.

 

Ainsi, que la vocation soit laïque ou religieuse, elle désigne une attirance, un appel auquel nous sommes sensibles et auquel nous répondons : “ présent ”.

 

La vocation, un sens à sa vie 

 

Elle nous apporte du sens, non pas comme un objectif à atteindre, mais comme un chemin possible à emprunter pour parcourir la vie. Si l’on pense au destin des artistes ou des sportifs de haut niveau, aux créateurs, peintres, ou encore musiciens compositeurs, on voit jusqu’à quels sommets la vocation les a portés.

 

La vocation, une force intérieure 

 

Elle représente un levier nous permettant de soulever des montagnes, ou de les escalader. Cette force qu’elle nous donne est un cadeau de la vie, précieux et inusable. Un cadeau qui nous porte à nous dépasser, nous aide à traverser les turbulences des épreuves de la vie, comme un fil rouge qui assure notre continuité d’être au monde.

 

La vocation, un chemin d’apprentissage 

 

Avoir une vocation permet de nombreux apprentissages, qui diffèrent en fonction de sa nature. Charlotte, par exemple, témoigne comment les chevaux lui ont appris à mieux se connaître et à tisser une relation aux autres. Elle a découvert ainsi l’écoute, la patience, le respect de l’autre, qui conduisent à l’empathie, condition indispensable à l’acquisition de la confiance en soi et en l’autre.

 

La vocation, un appel de l’âme 

 

Si je me souviens de la genèse de ma vocation médicale, (article une histoire simple) une de ses sources est née au moment où mon parrain est mort d’un cancer. Comme si la peine que je ressentais m’avait conduit à penser :  » Je n’ai pas pu le sauver, le garder en vie, mais en devenant médecin, peut-être pourrai-je sauver d’autres personnes ? ”. C’est ainsi que j’ai trouvé la force de m’engager, corps et âme, dans les études de médecine, puis de devenir médecin et de prendre soin de nombreux enfants et de leurs parents. 

 

Avez-vous une vocation ? 

 

Chères lectrices, si vous vivez une vocation ou si vous sentez en vous une vocation tardive que vous n’osez pas réaliser, nous vous invitons à venir en témoigner. Vous pouvez également témoigner des vocations de personnes qui vous entourent, ou que vous admirez, artistes de toute nature, sportifs ou autres. Nous avons hâte de partager vos récits enrichissants. 

 

Je vous donne rendez-vous mercredi prochain pour aborder un autre thème de société riche, et actuel, celui de l’impact des réseaux sociaux sur notre vie. 



L’adolescence

L’adolescence

L’adolescence est la période de la vie qui nous conduit de l’enfance à l’âge adulte. Ce moment charnière de la vie peut être difficilement vécu tant par les ados que leurs parents. Nous évoquerons dans l’article du jour les enjeux liés à l’adolescence, tels que les transformations corporelles, l’expérimentation des risques, les comportements de révolte. Nous parlerons aussi de l’évolution des liens sociaux et familiaux durant cette période particulière, dans l’optique de vous donner des pistes de compréhension et de réflexion utiles. 

L’adolescence en bref 

Imaginons l’adolescence comme un passage, comme la traversée d’une rive à l’autre d’une rivière, de la rive de l’enfance à celle de l’âge adulte. L’enfant va devoir trouver le moyen de traverser, selon l’importance du courant. Il ne peut le faire seul, au risque de se noyer. Il va chercher des passerelles ou des adultes équipés qui le soutiennent, des passeurs.

Dans la longue histoire de notre humanité, l’enfant pubère devenant adolescent, n’a pas toujours eu la même place, et ce, aussi en fonction de son appartenance sociale. Rappelons-nous qu’en France, jusqu’à une période récente, les enfants qui devenaient plus forts physiquement étaient obligés de travailler, à la campagne comme à la ville, où ils étaient employés dans les usines au 19e siècle.

Notre époque est marquée par un allongement de la période d’adolescence, si nous supposons qu’un adulte est quelqu’un qui a acquis une autonomie sociale et professionnelle, une indépendance économique lui permettant de subvenir à ses besoins. Ces évolutions sociétales ont modifié les relations inter-générationnelles, comme l’illustre avec humour le film “Tanguy”, réalisé par Etienne Chatiliez en 2001.

Les défis de l’adolescence 

Nous avons tendance, aujourd’hui, à considérer l’adolescence comme une période de crise, plus ou moins bruyante, plus ou moins supportable selon les jours, par l’adolescent lui-même et son entourage. Mais que se joue-t-il réellement à l’adolescence ? Quels sont les enjeux de cette période charnière ?

Les transformations corporelles 

Ce passage qu’est l’adolescence est marqué par des transformations corporelles que nous appelons la puberté. Ces changements corporels induisent des transformations psychiques profondes liées à l’émergence de la sexualité.

L’enfant voit son corps se transformer, du fait des changements hormonaux qui vont entraîner le développement des organes génitaux internes et externes, l’apparition de la pilosité, une accélération de la croissance osseuse et la modification de la voix.

L’enfant découvre de nouveaux ressentis corporels liés à ces changements physiologiques. Ces poussées pulsionnelles vont conduire l’enfant à définir autrement ses relations avec autrui, dans sa famille et son espace social, avec ses pairs et les adultes rencontrés dans son établissement scolaire ou lors de la pratique des activités extra-scolaires.

Quelle que soit la façon de préparer l’enfant à ces changements, rien ne remplacera son vécu corporel et psychique, ni les expériences qu’il va vivre en s’engageant dans la relation aux autres.

L’expérimentation des risques

De nombreux parents vivent cette période du développement de leur enfant avec angoisse. Angoisse exacerbée par l’existence des réseaux sociaux qui exposent leur enfant à de nouveaux risques. Car la particularité de l’adolescence est l’expérimentation de risques.

Les prises de risques sont multiples : les défis à moto ou en voiture, la conduite à vitesse excessive et/ou sous l’emprise d’alcool ou de stupéfiants ; les sports à haut risque sans respecter les conditions de sécurité ; les actes de petite délinquance en groupe, voire des actes d’agressions plus graves…

Essayons de regarder les adolescent-e-s comme des êtres en création, avec ceci d’unique qu’il s’agit de la création de leur personnalité d’adulte en devenir.

Pour ce faire, ils puisent dans leurs ressources internes, les fondations qu’ils ont construites pendant leur enfance, avec le soutien de leurs parents. Ils vont également chercher des ressources externes, en avançant par essais-erreurs, y compris dans leurs rencontres amoureuses.

Les adolescent-es vont progressivement sublimer les pulsions sexuelles brutes en les dérivant vers des buts non-sexuels, tels que le sport, la pratique d’activités artistiques (musique, dessin, peinture, street-art etc.), un engagement dans des associations aux finalités altruistes.

Questionner le monde, se révolter 

Le propre de l’adolescence est de questionner la fiabilité de la culture qui l’entoure, donc sa culture familiale d’abord, puis sociale ensuite. Ce questionnement est critique vis-à-vis des adultes, et peut conduire à des mouvements de révolte. Notamment, lorsque l’ado grandit dans un environnement familial et social violent, conscient des injustices qu’il subit ou qu’il observe dans son entourage. 

Ce contexte peut conduire des ados à rejoindre des groupes dans lesquels il se sentira en sécurité, quitte à commettre des actes transgressifs comme prix à payer pour consolider son appartenance au groupe. Il cherche à s’extraire du cercle familial où il est malmené, faute d’être aimé et respecté dans sa famille.

Les liens familiaux sont nos premiers liens humains, ils sont la source qui nous permet ensuite de tisser des liens sociaux et amoureux.

Adolescence et liens familiaux

Les changements que l’adolescent vit et les défis qu’il traverse ne se déroulent pas “hors sol”. Les ados grandissent physiquement et psychiquement dans un environnement familial et social où ils cherchent les points d’appui nécessaires à leur croissance. Nous pouvons dès lors poser la question suivante : comment évoluent les liens familiaux et sociaux que l’adolescent-e tisse avec son entourage ?

Le lien d’attachement, une nécessité humaine

Si notre société actuelle définit l’individualisme comme valeur suprême, le lien d’attachement reste primordial pour notre espèce humaine, il est constitutif de notre être au monde, au moins autant que le besoin de boire et manger.

Ce lien d’attachement se construit dès notre naissance et va évoluer tout au long de la vie. Nous sommes toujours des êtres interdépendants, même si chacun de nous a acquis un degré d’indépendance à l’âge adulte.

Les ados questionnent cette interdépendance dans les liens avec leurs parents, leur fratrie, leurs amis et les adultes qu’ils croisent dans leur espace social. Ils testent la fiabilité de ces liens avec un regard critique qui appuie souvent sur nos incohérences, nos défaillances ou nos contradictions d’adultes.

Prenons ici un exemple clinique pour mieux illustrer mes propos. 

“Jocelyne a 17 ans, elle est hospitalisée pour une tentative de suicide qui révèle un épisode dépressif jusque-là silencieux pour son entourage. Jocelyne grandit dans une famille composée de ses parents et elle-même, elle est fille unique. Ses parents sont cadres supérieurs dans deux entreprises privées, où ils ont d’importantes responsabilités.

Jocelyne est comblée matériellement depuis sa petite enfance, mais elle voit très peu ses parents, accaparés par leur profession qui les conduit à rapporter du travail à la maison, même le week-end. Ils partagent très peu de temps avec elle.

Jocelyne souffre d’un vide affectif que les parents n’ont pas perçu, très soucieux qu’ils sont du déroulement de leur carrière. Un effet d’aveuglement fréquent dans notre société qui prône la performance à tout prix, prix que les enfants et les ados payent cher, trop souvent.”

Le lien d’attachement, tissé dès la naissance, évolue pour le bébé comme pour les parents qui découvrent avec lui les responsabilités parentales.

Tout un village aux côtés d’un adolescent 

En référence à la théorie de l’attachement de John Bowlby l’enfant grandit en se sentant plus ou moins en sécurité, selon la qualité des relations avec ses parents, eux-mêmes en relation avec un environnement familial et social où ils trouvent ou non des ressources humaines sur lesquelles ils peuvent s’appuyer pour répondre aux besoins de leur enfants.

Là encore, notre société de la performance a une fâcheuse tendance à faire porter aux seuls parents la responsabilité des troubles exprimés par les ados. Un raccourci simpliste qui ne permet pas d’aider les ados à trouver leur place dans la société. De plus, il nous exonère trop facilement de nos responsabilités collectives. Comme nous le rappelle un proverbe africain, “Il faut tout un village pour élever un enfant”.

Il n’existe pas de mesure mathématique de ce lien d’attachement, mais il peut être évalué chez l’enfant, l’ado ou l’adulte, par la capacité de chacun d’eux à rechercher et demander de l’aide quand ils ont un obstacle à franchir.

Si l’enfant s’est senti écouté et entendu dans de telles circonstances, qu’il a bénéficié de l’aide suffisante pour sauter l’obstacle, sa confiance en lui et dans les adultes grandit. Il pourra ainsi s’appuyer dessus à l’adolescence.

Si notre société actuelle offre un confort matériel grandissant, elle expose aussi chacun de nous à de nouvelles sources d’angoisses qui peuvent nous déborder, et dont nous déléguons la résolution aux soignants, pensant que nous serions exonérés de notre responsabilité collective. 

Les adolescent-es hospitalisé-es en psychiatrie viennent nous interpeller sur nos faiblesses à leur offrir les appuis solides dont ils ont besoin pour assumer à leur tour leurs responsabilités d’adultes.

Comme un rappel à l’exigence de soigner nos transmissions sur la vie comme elle va, et aussi la vie que nous pouvons améliorer par la bienveillance, la solidarité et la tolérance. Tout cela, en gardant la lucidité nécessaire pour repérer les mouvements de haine qui s’expriment un peu partout, dans les réseaux sociaux, avec leurs effets d’accélération pouvant menacer la santé mentale des adolescent-es.

Je rejoins le docteur Marion Robin, psychiatre, qui décrit dans son livre “Ado désemparé cherche société vivante”, la dérive sociétale actuelle qui consiste à déléguer aux médecins et aux soignants la résolution du mal-être des ados.

Le docteur Robin nous encourage à partager cette responsabilité collectivement, avec les acteurs politiques, les enseignants et les éducateurs, ainsi que les responsables d’entreprise qui doivent respecter le fait que leurs salariés ont aussi des responsabilités parentales.

Des associations pour aider les adolescents 

Les ados questionnent également leur histoire familiale, même et surtout quand elle n’est pas parlée dans la famille. Ils peuvent être dépositaires des traumatismes vécus par leurs parents ou grands-parents, de façon inconsciente, sous forme de secrets de famille. Lorsque ces secrets pèsent lourd, entraînant par exemple l’alcoolisme et la dépression d’un parent, ils deviennent “soignant” de leur parent, emportés dans une inversion des rôles parent/ado. Ils le font pour protéger leur parent en renonçant à leur propre avenir et en négligeant leur scolarité, par loyauté à leur parent malade.

Des associations comme JADE (Jeunes AiDants Ensemble) par exemple, œuvrent à repérer les ados “aidants familiaux” et leur proposent des activités qui leur permettent de reprendre le cours de la construction de leur avenir.

Les clubs de prévention ont pour mission d’aller vers les ados, au plus près de leur lieu de vie, dans les quartiers comme à la campagne, pour faire leur connaissance, les écouter et concevoir et réaliser des projets avec eux, en tenant compte de leurs compétences et de leurs souhaits. 

Ils jouent un rôle important auprès d’eux et de leurs parents, en particulier dans l’éducation à l’usage des outils numériques et à la prévention des risques encourus sur les réseaux sociaux.

Le village prend ainsi forme, ces acteurs associatifs soutiennent les parents et aussi les enseignants dans les collèges et lycées.

Soutenir nos adolescents engagés 

Étant médecin retraité, dont la carrière a été largement consacrée à la protection de l’enfance, j’ai une conscience aiguë que la vie n’est pas un long fleuve tranquille pour les enfants et les ados. Nombre d’entre eux, victimes de violences intra-familiales, dont ils n’ont pas toujours été protégés, vont réagir bruyamment à l’adolescence, en se révoltant ou au contraire en se faisant oublier, ce qui peut être tout aussi dangereux.

Mais j’insiste sur l’importance de regarder les ados avec respect, en considérant d’abord leurs capacités créatives pour les soutenir, en refusant de les réduire à des résultats scolaires, dans un système scolaire qui ne vise qu’à repérer les futures élites, au détriment de tous les autres.

Les médias nous présentent trop souvent les ados dits “à problème”, laissant dans l’ombre nombre d’ados qui font preuve de créativité et d’engagement dans des causes écologiques par exemple. Certains ados trouvent une voie d’expression créative et engagée à travers la création de textes poétiques, qu’ils chantent, rappent ou slament. D’autres encore pratiquent le street-art, un art qui enjolive la grisaille des murs bétonnés des villes.

Je vous invite à découvrir la revue Reporters d’Espoirs”, qui propose une autre façon de traiter l’actualité. D’une part, elle met en avant des profils de jeunes/ou d’adolescents engagés. D’autre part, c’est une revue qui fait du bien au moral, face à l’actualité anxiogène délétère pour la santé mentale des adolescents (et des adultes).

Des ressources autour du sujet de l’adolescence 

Si vous vous retrouvez dans une situation difficile et complexe avec votre/vos adolescent (s), ou que vous vous posiez des questions sur l’adolescence, nous vous invitons à explorer davantage de ressources.

Cet article est le fruit de la lecture du livre du docteur Robin, cité plus haut, et de celle du livre du docteur Phillipe Gutton, Le génie adolescent”. Deux ouvrages que nous vous recommandons à la lecture.

Nous vous conseillons également l’écoute de plusieurs épisodes de podcast de la série “Grand bien vous fasse” sur France Inter :

 

Votre témoignage sur l’adolescence 

Peut-être que l’envie de nous raconter votre histoire a émergé au cours de la lecture. Si tel est le cas, nous vous invitons à réagir à cet article, à témoigner de vos expériences relationnelles avec des ados, que vous soyez parents d’ados, enseignants de collège ou de lycée, acteurs associatifs auprès d’ados ou soignants d’ados.

Vos témoignages seront précieux pour encourager ados et parents à chercher des ressources externes à la famille, quand ils se sentent coincés dans des impasses relationnelles.

Les relations entre parents et enseignants : comment communiquer avec le système éducatif ?

Les relations entre parents et enseignants : comment communiquer avec le système éducatif ?

Cet article aborde les relations entre parents et enseignants, et la question de la communication entre eux. Un sujet essentiel, car la carrière scolaire de nos enfants dure au moins 13 ans, puisque l’école est obligatoire jusqu’à l’âge de 16 ans. 

Nous verrons que la communication entre les parents et les enseignants n’est pas acquise de fait. Divers enjeux s’y cachent, tels que la confrontation de cultures différentes, la non-formation des enseignants à la communication avec les parents, ainsi que les émotions des parents en jeu dans ce dialogue. 

 

L’école, lieu de confrontation de deux cultures 

 

Il est important de mettre en avant un premier fait : l’enfant grandit entre deux cultures, sa culture familiale, et la culture institutionnelle de l’école, du collège et du lycée pour certain-es. Le passage de l’enfant d’une culture à l’autre sera facilité si la communication entre ses parents et les enseignants est de qualité, si chacun est respectueux de la place de l’autre.

 

Les enseignants apprennent à communiquer sur le terrain 

 

Les enseignants sont formés, quel que soit l’âge des enfants ou adolescents accueillis, à transmettre des savoirs. Leurs pédagogies sont adaptées à leur âge. Ils sont moins préparés à communiquer avec les parents, ils se forment à cette communication sur le terrain.

Quand ils se sentent en difficulté dans cette démarche, face à certains parents, ils peuvent être soutenus par le directeur ou la directrice de leur école. Dans les situations délicates et conflictuelles, l’inspecteur ou l’inspectrice de circonscription peuvent être sollicités.

 

Comprendre les règles de l’école et composer avec des personnalités plurielles 

 

L’école, le collège et le lycée sont des lieux d’apprentissage de savoirs en collectivité. Ce qui suppose pour chaque enfant et chaque parent d’en connaître et d’en comprendre les règles de fonctionnement et les règles éducatives en vigueur dans les établissements.

Du côté des enseignants, ils travaillent avec des groupes d’élèves pouvant aller jusqu’à 30 élèves par classe, et ce, dès l’école maternelle. Connaître et comprendre le fonctionnement, le caractère et la personnalité de chaque enfant s’apparente à un défi.

 

Les émotions à l’œuvre dans la communication 

 

Lorsque l’enfant exprime des particularités de développement, par ses comportements ou sa prise de parole, la communication avec ses parents devient nécessaire. Transmettre aux parents une observation de leur enfant qui peut avoir un caractère inquiétant, demande une préparation. Il est nécessaire de choisir les mots employés, car l’observation peut activer une blessure narcissique chez les parents qui vont se retrouver débordés par leurs émotions.

Ce type d’entretien ne s’improvise pas, il exige une préparation soigneuse pour l’enseignant, et d’avoir réfléchi aux émotions que l’enfant a mobilisé chez lui. Quant aux parents, leurs réactions seront liées à leur histoire en tant qu’enfant, aux souvenirs plus ou moins heureux de leur vécu scolaire.

 

L’impact des réseaux sociaux sur la communication 

 

Notre époque est marquée par une montée de l’intolérance et de l’agressivité, tant chez les enfants que chez les adolescents, avec des effets d’amplification dans les réseaux sociaux auxquels ils sont sur-exposés quotidiennement. Ce bruit de fond sociétal n’aide ni les parents, ni les enseignants à communiquer sereinement.

 

Votre expérience : un partage fécond 

 

Que vous soyez parents ou enseignants, nous vous invitons à témoigner des stratégies individuelles ou collectives que vous avez expérimentées pour réussir à communiquer. L’équipe du blog Hors-Normes vous en remercie par avance, tant cette question d’importance majeure et dont nous avons la responsabilité collective, est essentielle pour permettre aux enfants et aux adolescents de devenir des adultes responsables et respectueux les uns des autres. Il s’agit d’un vaste programme, si nécessaire pour nous rendre plus humains.