Je vous propose aujourd’hui un article généraliste sur la résilience : qu’est-ce que la résilience ? Comment l’acquiert-on ? Nous verrons qu’il existe des facteurs internes et externes de résilience.
Qu’est-ce que la résilience ?
Tout d’abord, attardons nous sur le mot résilience. Il est en effet utilisé dans plusieurs domaines de connaissances :
- En physique, la résilience définit la résistance aux chocs d’un matériau, le métal en particulier.
- En psychologie, c’est l’aptitude d’un individu à se construire et à vivre de manière satisfaisante, en dépit de circonstances traumatiques.
- En écologie, la résilience signifie la capacité d’un écosystème, d’un biotope ou d’un groupe d’individus (population ou espèce) à se rétablir après une perturbation extérieure (incendie, tempête, défrichement…).
- En informatique, la résilience désigne la capacité d’un système à continuer de fonctionner en cas de panne.
Le point commun à toutes ces définitions est la notion de résistance aux chocs et la capacité à rebondir.
À propos de la résilience en psychologie
Dans le champ de la psychologie, le terme résilience commence à être utilisé par deux psychologues américaines, Werner et Smith. Elles réalisent une étude longitudinale avec des enfants à risques psychopathologiques. À l’issue d’un suivi de 30 ans, elles notent que certains d’entre eux s’en sortent grâce à des qualités individuelles ou à des opportunités de l’environnement.
Emmy Werner (citée plus haut), Mickael Ruther (pédopsychiatre anglais), John Bowlby (psychiatre et psychanalyste anglais, auteur de la théorie de l’attachement) ont contribué à théoriser le concept de résilience.
En France, Boris Cyrulnik, médecin neuropsychiatre et psychanalyste, a médiatisé le concept à partir de l’observation des survivants des camps de concentration nazis, puis des enfants des orphelinats roumains et des enfants des rues de Bolivie.
La résilience, pour qu’elle s’exprime, suppose qu’un individu ou un groupe d’individus, aient été exposés à des événements traumatiques.
Les exemples ne manquent pas, dans l’histoire de l’humanité, comme dans l’actualité. Accidents, catastrophes naturelles, attentats, guerres, sont autant d’événements à caractère traumatique.
Les recherches actuelles sur la résilience portent sur les facteurs internes, les capacités de l’individu qui favorisent la résilience, ainsi que les facteurs de son environnement sur lesquels il peut s’appuyer pour se reconstruire. Vous pouvez écouter le podcast “L’inconscient” sur France Inter, et son épisode du dimanche 19 mai 2024 intitulé “Résilience : la puissance de guérison de l’Inconscient”.
Les facteurs internes de résilience
Revenons sur les facteurs internes qui facilitent la résilience. Les chercheurs ont repéré des aptitudes individuelles acquises lors des premières années de vie, grâce à la qualité des premiers liens d’attachement, dits “sécures”, tel que John Bowlby les a théorisés.
Ces fondations psychiques solides vont permettre à la personne de mieux résister dans l’épreuve et de mieux se reconstruire ensuite. Car un choc traumatique, quelle qu’en soit la nature, nous oblige au changement. Cela représente une contrainte immédiate et extrême, aux limites de nos capacités d’adaptation.
Les facteurs externes de résilience
Qu’en est-il des facteurs externes favorisant la résilience ? En premier lieu, il s’agit du contexte sociétal, il doit permettre aux personnes d’accéder à des ressources matérielles, à des soins somatiques et psychologiques.
Si vous êtes accidentés de la route, victimes d’attentats ou victimes de guerre, la question de la résilience ne se posera pas, tant que vous n’avez pas reçu les soins médicaux que nécessite votre état.
Pour comprendre le sens de cette phrase, et vous préparez éventuellement à aider des victimes d’attentat, vous pouvez lire le livre de Philippe Lançon, “Le lambeau”. Le 7 janvier 2015, il était dans les locaux de Charlie Hebdo, gravement blessé par les balles tirées par les terroristes.
Aux soins du corps, s’ajoutent ceux de l’esprit, les deux étant indissociables. La mobilisation de nos capacités de résilience est contemporaine de la question de notre attachement à la vie. Nous pouvons la poser ainsi : “Cette nouvelle vie, qui m’est imposée par cette épreuve, vaut-elle toujours la peine d’être vécue ?”. Autre formulation : “À quelle branche vais-je me raccrocher pour ne pas sombrer ?”. Ces branches peuvent être nommées “facteurs de résilience”.
Et là, chacun de nous est interpellé. La capacité de résilience, difficilement prédictible, ne commencerait-elle pas par notre capacité à soutenir des personnes confrontées au malheur, en attendant de vivre à notre tour des épreuves ? Notre société, hautement technicisée, a spécialisé les rôles professionnels et a ainsi amélioré nos capacités d’actions et notre efficacité. Mais ces progrès ne peuvent empêcher la survenue de catastrophes, qu’elles soient naturelles ou provoquées par les activités humaines.
Les personnes de l’entourage : facteurs de résilience
Certes, le courage individuel des personnes dites résilientes a son importance. Mais il faut l’additionner au courage des personnes, facteurs de résilience. Il est probable que c’est la rencontre entre les personnes éprouvées et celles qui les entourent, soignants ou non, mais surtout bienveillants, qui donnera aux victimes l’énergie pour continuer à vivre par-delà la survie. Être résilient signifie plus que simplement rester vivant ! Cela suppose de tourner la page du traumatisme, pas au sens de l’oubli, mais de l’écriture d’une nouvelle vie, allégée des douleurs et des souffrances de l’épreuve. Plus facile à dire qu’à faire…
En attendant de devoir mobiliser nos capacités de résilience, nous pouvons être facteur de résilience auprès de personnes bousculées par les épreuves de la vie. Choisir la solidarité plutôt que la violence, demeurer humains, même et surtout face à l’adversité.
Témoignages de résilience
Si le thème de la résilience vous intéresse, que vous ayez traversé des épreuves graves ou que vous ayez soutenu des personnes en détresse, frappées par des traumatismes graves, nous vous invitons à témoigner de votre expérience. Nous vous garantissons l’anonymat, si vous le souhaitez.