Déconstruire les préjugés autour de la femme qui ne veut pas d’enfant : une thématique éditoriale que nous avons jugée très intéressante au sein de l’équipe Hors-Normes, mais qui représente un double défi.
D’une part, car le fait de déconstruire des préjugés demande des efforts individuels et collectifs pour faire évoluer les représentations sociétales de la femme, représentations dépendantes de la culture d’appartenance. Cette déconstruction mobilise également les représentations de la fonction maternelle, différentes là encore selon les cultures d’appartenance.
D’autre part, car j’ai 65 ans, je suis médecin retraité, père et grand-père, et que ma carrière médicale a été consacrée à soigner des enfants accompagnés par leurs parents en consultation de protection maternelle et infantile (PMI). La majorité des enfants que j’ai suivis avaient entre 0 et 6 ans. Vous comprenez maintenant que je n’ai pas d’expérience clinique de rencontre avec des femmes qui ont fait le choix de ne pas avoir d’enfant.
Je vais donc partager avec vous les questions que me posent ce choix de vie et les réflexions qui s’en suivent.
Le choix d’avoir un enfant : rappel historique
Commençons d’abord par un rappel de l’histoire de l’évolution de la place des femmes dans nos sociétés.
Plus précisément, la possibilité pour les femmes de choisir un moyen de contraception depuis les années 1960, moment de la découverte de la “pilule”, contraception chimique qui a permis aux femmes de choisir le moment de leur maternité.
Choix complété par la légalisation de l’interruption volontaire de grossesse (IVG), votée en France le 17 janvier 1975, dite loi “Veil”.
Tous ces changements ont été accompagnés par le mouvement de planification familiale et la création de centres de consultation dédiés.
Ces évolutions ont permis aux femmes et aux couples de choisir d’avoir ou non des enfants, et de choisir le moment de devenir parents.
Les progrès scientifiques de la médecine permettent également aux couples qui connaissent des problèmes d’infertilité, de mener un projet de procréation médicalement assistée.
Dans ce contexte sociétal, des femmes choisissent de ne pas avoir d’enfants.
N’ayant pas rencontré de femmes animées par ce désir de ne pas avoir d’enfant, je vais me contenter de formuler des hypothèses qui seront complétées par vos témoignages.
Informations démographiques mondiales
Le nombre d’enfant par femme diminue de façon continue dans le monde, à des rythmes différents selon les pays. Il est passé de 5 enfants par femme dans les années 1960 à 2,3 enfants par femme aujourd’hui.
À titre de comparaison, on compte 4,3 enfants par femme en Afrique, 1,64 enfants par femme en Amérique du Nord, 1,83 enfants par femme en Amérique du Sud, 1,51 enfant par femme en Europe et 1,93 enfants par femme en Asie.
La population mondiale est passée de 1 milliard d’habitants en 1800 à 8 milliards en 2023.
Cette augmentation s’explique par la baisse de la mortalité infantile et maternelle, améliorations rendues possibles par les progrès de la médecine. Il en va de même pour l’allongement de la durée de vie, là encore différente selon les pays.
Toutes les avancées sociales, c’est-à-dire, l’accès à la contraception, l’évolution de la place de la femme dans la société, l’accès des femmes à l’emploi, en progression depuis le 19ème siècle, leur accès au vote depuis 1945 en France, et la liberté d’ouvrir un compte bancaire sans avoir à solliciter l’autorisation du conjoint, ont permis aux femmes d’être plus libres de choisir leur mode de vie. Cette liberté s’applique aussi au choix de devenir mère, et de choisir également le moment d’avoir un enfant.
Le choix de ne pas avoir d’enfant : hypothèses
Certaines femmes choisissent de ne pas avoir d’enfants. De nombreuses raisons peuvent les conduire à ce choix. Voici donc quelques hypothèses que l’on peut mettre en avant :
- Leur vécu d’enfant dans une famille où elles peuvent avoir été malmenées, mal aimées, voire maltraitées.
- Des expériences amoureuses décevantes ou violentes qui les conduisent à penser qu’élever un enfant pourrait également l’exposer à des déconvenues.
- Le monde dans lequel nous vivons aujourd’hui génère également de multiples angoisses face à un avenir incertain. Nous ne savons pas où vont nous conduire les dangers des changements climatiques, dont les médias nous abreuvent chaque jour des menaces qui pèsent sur l’évolution de nos conditions de vie.
Ces facteurs de stress peuvent convaincre des femmes et des couples qu’il est inutile d’exposer des enfants à un monde aussi instable et incertain.
- Les discriminations à l’œuvre dans certaines entreprises peuvent aussi pousser des femmes à renoncer à la maternité, au profit de leur déroulement de carrière.
- Quant aux préjugés qui pourraient s’appliquer aux femmes qui choisissent de ne pas avoir d’enfant, ils se sont allégés avec la libéralisation progressive de leur place dans la société.
Voici quelques hypothèses qui pourraient expliquer le choix de certaines femmes de ne pas avoir d’enfant.
Votre choix, votre témoignage
L’équipe du blog Hors-Normes vous sollicite pour venir répondre à ces hypothèses, en témoignant de votre expérience. Nous vous rappelons que votre témoignage peut être anonyme, selon notre charte éditoriale.