Les accidents sont des événements qui rompent la continuité tranquille de notre vie. Ils nous rappellent brutalement à notre fragile condition d’êtres vivants, et donc de mortels. Leur impact est imprévisible, tant sur notre corps que sur notre psychisme. Charlotte, dans son article « L’impact d’un accident« , témoigne de la profondeur de l’impact psychologique de l’accident qu’elle a vécu à l’âge de 16 ans.
En quoi un accident fait-il rupture ?
Sa survenue brutale et imprévisible fait effraction pour notre corps et notre psychisme, nous n’avons pu nous y préparer, par définition. Notre sentiment de vivre une vie heureuse, comblée par des activités que nous avons choisies et qui nous passionnent, est remis en cause par la survenue de l’accident. Si nous avons la chance de nous en sortir sans blessure physique, il n’en est pas toujours de même pour l’impact psychologique, comme Charlotte le mentionne dans son article.
L’impact d’un accident : entre changements et culpabilité
Un accident nous oblige à changer notre vision du monde, à en traverser l’impact pour reprendre le cours d’une vie apaisée. Ce changement de vision du monde, Charlotte l’illustre simplement par l’expression « le dernier jour de mon enfance ». L’enfance heureuse, pour beaucoup d’entre nous, est faite d’insouciance, d’un sentiment d’invulnérabilité et d’éternité, au sens d’une inconscience de la réalité de la mort. L’accident vient nous apprendre, sans prévenir, notre vulnérabilité. Le réel est, et sera, toujours plus fort que nous. Cet apprentissage est incontournable, il en va de notre capacité à vivre sans trop souffrir des imprévus, à développer nos ressources d’adaptation.
Un accident nous oblige également à transformer la culpabilité ressentie en force pour continuer notre vie sans sombrer dans le désespoir. Si nous acceptons les soins corporels rendus nécessaires par l’impact de l’accident, nous sommes souvent plus réticents à solliciter des soins psychologiques. Ces freins à la demande de soins psychologiques sont liés au poids de la culpabilité. Comme le moyen plus ou moins conscient de nous faire payer la faute de n’avoir pu empêcher cet accident. Nous pouvons facilement imaginer cette contrainte pour un parent dont l’enfant serait mort noyé dans la piscine au fond du jardin…
Quelles ressources face à un accident ?
Nos ressources d’adaptation sont internes, psychiques, et aussi externes. À charge pour nous de les identifier et de les accepter, car lors d’un accident, nous ne nous suffisons plus à nous-mêmes, nous devons être aidés, même si cela nous déplaît.
Un accident, épreuve de la confrontation au réel, est une étape de notre croissance humaine, depuis l’âge de bébé jusqu’à l’âge adulte. Nous apprenons également la solidarité, au travers des soins que nous recevons. Des hommes et des femmes se sont formés à nous secourir, c’est-à-dire à nous maintenir du côté de la vie.
Parmi les ressources disponibles pour traverser le malheur généré par un accident, se trouvent les amis. Le prochain article illustrera ce propos.
Rares sont ceux qui, parmi nous, n’ont pas vécu d’accident, pour eux-mêmes, ou pour des proches. L’écriture étant ‘un médium ressource’, l’équipe Hors-Normes vous invite à témoigner d’une expérience d’accident, soit en tant que victime ou témoin. Vous pouvez le faire également avec votre casquette de professionnelle soignant, médecin, infirmière, aide-soignante, psychologue. Nous vous remercions pour votre confiance.