Mon petit bonhomme de 9 ans est parfaitement à l’aise aujourd’hui avec l’idée qu’il a “un monde” à lui, dans lequel il vit des aventures incroyables, porté par son imagination et ses expériences quotidiennes qu’il rend ainsi plus extraordinaires. Il mime des scènes épiques avec des combats chevaleresques, des accélérations et des sauts d’obstacles réels ou inventés.
Je suis très fière de lui, de sa parfaite acceptation de sa “différence”, totalement en paix avec celle-ci. Je suis également très fière qu’il soit parvenu à identifier que les normes sociales des autres soient en décalage avec ses besoins et puissent déranger ; c’est pourquoi il me demande la permission de faire son monde.
Peut-être aussi pour savoir s’il se trouve dans une “safe place” et s’assurer de mon soutien si des moqueries fusent ?
Je vais à présent vous raconter plus en détails à quoi ressemble son monde. Son monde est fait… :
D’un portail magique
Mon fils a aujourd’hui la force mentale et une confiance en lui suffisante pour risquer de se “marginaliser”. À l’heure actuelle, nous savons combien cela est difficile à vivre pour nos enfants, voire certains adultes.
Mais pour lui, son monde, ce n’est pas un handicap, ce n’est pas une différence, c’est une force, son refuge. Et si des enfants venaient à se moquer, il mettrait ça sur le compte de leur jalousie de ne pas avoir cette ouverture merveilleuse vers un portail d’imagination sans limite. Lui, il me dit qu’avec son monde, il ne s’ennuie jamais. Pas d’écran, pas de livre, pas de copain sous la main… ? Pas grave, il a son monde !
D’amis soudés
De même, il est ce petit garçon capable de ne pas se forcer à jouer avec ses amis si les jeux qu’ils font ne lui plaisent pas et de leur signifier qu’il préfère faire son monde tout seul.
Ses amis forment un noyau soudé depuis son CP. Ils sont normo-typiques ou non. Et en fait, peu leur importe. Ils s’acceptent tous tels qu’ils sont et se disputent comme des enfants, avec des vexations, des rancunes à propos de cartes Pokémon mal échangées…
D’une part d’inconnu
Son monde, personne ne sait ce qui s’y trouve, ni ce qu’il y vit. Moi, je le devine un peu, car je le vois s’agiter et je comprends la scène qu’il joue. Mais il ne répond à aucune de mes questions sur le sujet.
D’assistants fantastiques
À côté de ça, c’est aussi un enfant qui a un planning chargé. Il a des séances d’ergothérapie et de psychomotricité chaque semaine, en plus de sa scolarité (qu’il réussit plutôt brillamment jusqu’à maintenant), et en parallèle avec ses nombreuses activités sportives. J’ai bien essayé de réduire son temps de sport, mais il en avait vraiment besoin et envie. Il devenait triste.
Alors va pour une semaine réglée au rythme… :
De Manon la psychomot’, qui lui a appris à fermer ses boutons, faire ses lacets, tenir sa cuillère !
De Gwendoline, qui l’aide à gérer son ordinateur pour mettre toutes les chances de son côté à l’école (et après) !
De Richard, l’entraîneur de trampoline qui décompose !
De Quentin, l’entraîneur de karaté qui lui met des marques au sol !
De Sébastien, le prof de natation qui a donné son nom à un saut de sa création !
Tous connaissent bien mon fils et ont eu à cœur de le découvrir vraiment : son émotivité, sa sensibilité, son besoin d’être encouragé… et aussi ses difficultés à gérer la coordination de ses mouvements. Dur dur la natation et le trampoline quand on doit savoir synchroniser ! Pas facile l’orientation dans l’espace pour les katas de karaté !
D’un ordinateur annonciateur de joie
Il bénéficie de dérogations à l’école car il a son ordi, ce qui suscite des jalousies et des médisances. On l’accuse parfois de tricher alors qu’il n’y a pas plus intègre que lui, sachant qu’en plus, il a à cœur de réussir par lui-même exclusivement.
Il a réussi à transformer cet aménagement scolaire en atout et est devenu la coqueluche de la classe, car c’est lui qui a toujours l’heure (sourire), pour annoncer le compte à rebours avant la récré.
Si fière de toi, mon fils !
J’admire sa volonté et sa résilience. J’admire sa gentillesse et sa générosité. J’admire sa sensibilité et sa force. Il est tellement PLUS que ce que sont la plupart des gens « normaux » qui estiment, eux, qu’il n’a pas de chance d’avoir un Trouble du Spectre Autistique (TSA) et une dyspraxie.
Je suis incroyablement fière de lui et fière d’être sa maman, même si je n’y suis pour rien dans le processus de la belle personne qu’il est.