La mort d'un être cher - Hors-Normes
Un homme et une Femme se tenant les mains suite à un deuil

La mort d’un être cher

écrit par Charlotte Clay

Au cours de ma vie, j’ai été confrontée à la mort à maintes reprises. Lors de mon travail en tant qu’aide-soignante en soins palliatifs. Mais aussi sur le plan personnel. J’ai perdu plusieurs êtres chers et enterré de nombreux êtres aimés. Toutefois, bien que la mort soit toujours douloureuse, certaines sont plus marquantes que d’autres. Vous savez, celles qui vous coupent le souffle, vous empêchent de respirer, vous mettent à terre, pour ne pas dire sous terre. 

Aujourd’hui, afin d’aborder avec vous ce sujet complexe, et parfois tabou, qu’est est la mort d’un être cher, je reprends le fil de mes accessoires fétiches hors-normes. Vous avez déjà pu vous familiariser sur le blog avec mes vêtements canons XLmes bas, ma cape de wonderwoman, le costume de « la femme idéale » ou encore le masque de la femme parfaite.

Dans l’article du jour, je souhaite mettre à l’honneur un vêtement très spécial : un cardigan blanc, en laine, brodé de fleurs multicolores. Il sent si bon et appartenait à ma mamie Monique… 

LE SOUVENIR D’UN ÊTRE CHER 

Ce cardigan, je l’apprécie tant, qu’il ne passe jamais à la machine à laver ! Le tambour de lavage lui ferait perdre l’odeur authentique de mamie Monique. La poudre à lessive entacherait les souvenirs sacrés me reliant à elle. En effet, à chaque fois que je l’enfile, ou le sers dans mes bras, je me rappelle tous ces moments, quand enfant, elle prenait le plus grand soin de moi. Je me souviens de nos sorties au marché et des tartes aux pommes confectionnées à quatre mains. Sans oublier nos déjeuners télévisés secrets. Cachotières, nous regardions en catimini « Docteur Quinn, femme médecin », « La petite maison dans la prairie », ou encore « Amour, gloire et beauté ». Le soir venu, elle prenait plaisir à coiffer ma chevelure. Puis, j’avais la permission de dormir avec elle. Je me sentais tellement en sécurité à ses côtés. Mais surtout aimée : ma grand-mère est la personne m’ayant témoigné le plus d’amour. 

Un jour, ma mamie Monique est tombée malade : le cancer. Durant quatre ans, elle s’est battue. Le 3 mars 2020, au lendemain de la fête des grands-mères, elle tira sa révérence. Elle est décédée à quatre-vingt-quatre ans, dans son sommeil, à l’hôpital, seule. Mais mon bouquet de fleurs « Interflora » ornait sa table, et mon amour pour elle, quant à lui, fut bien présent à ses côtés. 

VIVRE SON DEUIL 

Quelques heures après l’annonce, j’ai quitté l’Angleterre pour la France. Afin de lui rendre hommage, j’ai accroché des cadres photos, retraçant sa vie, sur le mur du couloir de sa maison. Dans une haie d’honneur, ces photos souvenirs l’ont guidé à quitter sa demeure pour monter vers le ciel. Comme un adieu symbolique, ces clichés l’ont accompagnée dans ce passage : celui de la terre vers les étoiles.

Puis, j’ai ressenti le besoin de me retrouver seule, à l’écart de ma famille. Quand j’ai trop mal, et que la tristesse envahit mon être entier, je préfère la solitude, pour mieux traverser ce moment de vie. J’ai pris le temps de pleurer toutes les larmes de mon corps.

J’ai passé cinq heures au funérarium, auprès d’elle, à lui tenir la main. Comme pour intégrer qu’elle n’était plus. Afin d’honorer sa coquetterie, je lui ai choisi sa plus belle tenue. J’ai saisi ma plume pour lui écrire un texte d’au revoir, mais l’émotion prit le dessus à l’église. Mon père, son fils, se chargea de le lire. Puis, nous nous sommes tous réunis pour la célébrer : j’en garde un très beau souvenir.

SURMONTER LE DEUIL 

Ma mamie Monique a laissé un vide immense derrière elle. À la mesure de la place qu’elle occupait dans mon cœur. Parfois, quand la nostalgie vient me rendre visite, j’appelle son répondeur, juste pour entendre sa voix, encore une fois. Être proche d’elle, un court instant. Mais heureusement, le temps fait son œuvre de guérison. Aujourd’hui je ne suffoque plus, en pensant à elle, j’arrive à reprendre ma respiration et aller de l’avant. 

J’avance tous les jours en me rappelant d’elle comme un exemple de force au féminin. Elle m’aide à surmonter les périodes difficiles. Je vous en avais d’ailleurs touché quelques mots dans mon article intitulé « Mes ingrédients pour surmonter la dépression ». Ma mamie Monique m’inspire à être généreuse, comme elle l’était, et à rassembler avec cœur. Son héritage vit à l’intérieur de moi. J’essaie de faire au mieux pour être un pilier de noblesse comme elle : rester debout et droite, en dépit des épreuves de la vie.

AVEZ-VOUS VÉCU LA PERTE D’UN ÊTRE CHER ? 

Chères lectrices, je vous ai dévoilé dans cet article une partie précieuse de mon intimité. J’espère que vous aurez ressenti, en le lisant, tout l’amour me reliant à ma grand-mère. Et que vous avez apprécié, la façon dont j’ai activé la manivelle à souvenirs. 

Avant de mettre un point final à cet écrit, je souhaite exprimer ici qu’il est important de respecter la façon de chacun d’exprimer son deuil, ainsi que son rythme. Mais également de réaffirmer, qu’il est essentiel de s’écouter et de vivre ses émotions pleinement, sans peur du regard des autres. 

Cela étant acté, si le cœur vous en dit, et que vous désirez à votre tour mettre des mots sur une expérience de perte ou de deuil, je serais plus que ravie de vous accueillir au sein de mon espace bienveillant de témoignage. Ensemble, trouvons les mots justes pour apprivoiser la mort.

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