Le harcèlement moral au travail - Hors-Normes
Une femme qui subie du harcèlement sur son lieu de travail

Le harcèlement moral au travail

écrit par Docteur Cleray Xavier

En lisant le courageux témoignage de Loren, j’ai eu envie d’écrire un article sur le harcèlement moral dans le milieu professionnel. Un sujet préoccupant, que je vais introduire avec l’aide précieuse de mon vieux compagnon, le Petit Robert. Il définit le verbe harceler ainsi : “soumettre sans répit à de petites attaques réitérées, à de rapides assauts incessants”. C’est un terme issu du vocabulaire de la guerre qui se prolonge dans des conduites humaines interdites, dans le contexte professionnel, comme dans le contexte de violences conjugales.

 

Que dit la loi sur le harcèlement moral au travail ? 

 

Le harcèlement moral au travail, longtemps ignoré, dénié dans les entreprises, est maintenant reconnu par la loi et interdit en France.

 

Il est défini comme suit : “le harcèlement moral est un délit. Il se manifeste par des agissements répétés pouvant entraîner, pour la personne qui les subit, une dégradation des conditions de travail pouvant aboutir à une atteinte à ses droits et sa dignité, une altération de sa santé physique ou mentale, une menace sur son évolution professionnelle”.

À titre d’exemple pour illustrer ces agissements, nous pouvons mentionner : des insultes répétées, des communications téléphoniques ou électroniques intempestives (mails envoyés à minuit), des réflexions déplacées vis-à-vis du genre ou de la couleur de peau, des menaces de licenciement, le retrait arbitraire de missions.

 

Ces agissements sont interdits et punis par la loi. Ils ne sont pas conditionnés par des liens hiérarchiques. La loi s’applique pour tous les salarié-e-s, du secteur public et privé, et s’étend aussi aux stagiaires.

 

Nous retrouvons là les violences actives aussi dans le contexte conjugal (article violences conjugales). Il s’agit, encore une fois, d’une tentative de prise de pouvoir sur l’autre. Elle est favorisée par la définition hiérarchique du lien entre cadres et personnes dites « exécutantes ».

Souvenons-nous des contremaîtres chargés dans les usines de contrôler les cadences de production, avec des méthodes qui s’apparentaient aux conditions carcérales de surveillance.

La survenue de ces conduites violentes peut être favorisée par la culture managériale de l’entreprise, qu’elle soit publique ou privée. La loi oblige les instances dirigeantes à organiser la protection des salarié-e-s. Toutes et tous doivent s’y conformer, cadres ou non-cadres.

 

Que se passe-t-il pour la personne victime ? 

 

Elle peut se sentir sidérée par ces agressions, se sentir coupable de n’avoir pas répondu à ses responsabilités. Elle est alors l’objet de réactions archaïques, replongée dans des liens de subordination d’enfants à parents qui ont usé d’autoritarisme malveillant, et non d’une autorité bienveillante.

 

Cette atteinte violente à ses droits et à sa dignité, là encore, va compromettre la santé physique et mentale de la personne victime. La survenue de pathologies somatiques va se conjuguer avec des troubles anxieux et dépressifs. En l’absence de mesures de protection et de soins des salarié-e-s, la situation de stress provoquée par le harcèlement moral peut conduire au suicide.

 

Comment se protéger de ces violences ? 

 

Dès lors, comment se prémunir face à ces violences pour ne pas en arriver à ces catastrophes ? 

– Prévenir son employeur en demandant à être assisté par les représentants syndicaux.

– Prendre rendez-vous avec les professionnel-e-s du service de médecine du travail. Ils sont formés à reconnaître et accompagner ces situations de souffrance au travail.

– Selon le niveau de protection dont vous bénéficiez, et s’il vous paraît insuffisant pour faire cesser le harcèlement dont vous êtes victime, vous pouvez porter plainte au pénal, avec le conseil d’un avocat.

– Des mesures intermédiaires de médiation sont possibles. La médiation doit être acceptée par les deux partis. Si elle échoue, les poursuites pénales restent possibles.

– Vous pouvez également saisir le conseil des Prud’hommes pour obtenir des dommages et intérêts du préjudice subi.

 

À l’issue de ces plaintes, l’agresseur peut être sanctionné par son employeur, mis à pied, ou être licencié. L’agresseur encourt deux ans de prison et 30 000 euros d’amende comme sanction pénale.

 

Repérer les conduites violentes 

 

La lutte contre le harcèlement moral passe d’abord par le repérage et le traitement efficace de ces conduites violentes interdites. Elle suppose une vigilance individuelle et collective, de la solidarité entre collègues pour interrompre ces violences qui sont le fait de personnes n’ayant aucun respect de l’autre et aucune éthique du pouvoir. Ils ou elles utilisent leur fonction de pouvoir pour assouvir leurs pulsions sadiques. La loi l’interdit, ils doivent répondre de leurs actes devant leurs collègues victimes directes et indirectes.

 

Le milieu du travail n’est pas un champ de bataille et ne doit pas le devenir !

 

Témoigner pour prévenir 

 

L’équipe Hors-Normes vous invite à témoigner de situations de harcèlement moral au travail, que vous soyez victimes, que vous exerciez des responsabilités syndicales ou en service de médecine du travail. Vos témoignages peuvent encourager des personnes victimes et repliées dans une solitude dangereuse, à solliciter la protection à laquelle elles ont droit.



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