Ce matin-là, je me suis levée, sans grande conviction. Enfermée dans ma routine de maman et femme « objet » de cette famille que nous avons créée. Vider le lave-vaisselle, réveiller mon enfant, le doucher, lui donner son petit déjeuner, l’amener à l’école, et entre temps, essuyer les hurlements d’un mari trouvant que l’enfant fait trop de bruit dès le matin.
Retour à la maison, machine à laver étendue, puis j’en lance une autre. Je retrouve des chaussettes taille adulte traînant un peu partout entre ma chambre et le salon.
Je peste. Je suis déjà fatiguée, trois heures seulement après le début de cette nouvelle journée, qui s’annoncera longue, comme toutes les autres.
11H : Mon mari daigne se lever. Premier reproche : son café n’est pas prêt, son petit-déjeuner non plus. De toute façon, dans cette maison, rien n’est jamais assez comme il faudrait. “Comment ça, il n’y a plus rien dans le frigo ? ” me lance-t-il. “Va donc faire les courses, mais ne compte pas sur moi pour payer, je n’étais pas là depuis quatre jours, ce n’est pas moi qui ai tout mangé…”.
12H : Je suis déjà à bout de force et je ne comprends pas pourquoi. Impossible pour moi d’avancer sur mon travail. La liste des courses, quant à elle, m’attend sur mon téléphone.
12H05 : Je lâche l’affaire et pars en course. “N’oublie pas de prendre une bouteille pour l’apéro ! Et des chips, du saucisson !”.
13H05 : J’ai oublié le saucisson et la bouteille pour l’apéro. Je suis fatiguée.
13H30 : J’ai couru le 100 mètres pour arriver à l’heure pour mes rendez-vous.
14H30 : “IL FAUT que tu m’emmènes dans ce magasin qui vend des babioles pas chères, je n’ai pas ta vie moi, je travaille après”.
Ah oui, c’est vrai, mon travail à moi, je fais semblant de le faire…
16H : Je n’ai pas réussi à avancer, et ça fait des mois, voire des années, que les jours se ressemblent, pourtant, j’adore mon travail, je ne comprends pas.
Il est l’heure d’aller chercher mon enfant, ranger la maison, faire le repas, le bain, manger, supporter les remarques car j’ai répondu à un message sur mon téléphone. “ De toute façon, toi à part être sur ton téléphone, t’es bonne à quoi ? ”.
20H : L’histoire se répète. On lave ses dents, une petite histoire, des câlins et des bisous, et au lit, puis ça y est, l’enfant dort, je vais enfin pouvoir souffler.
23H: Je ne dors toujours pas, j’ai essuyé une nouvelle vague, parce que je ne veux pas remplir mon devoir conjugal. Je suis fatiguée et triste : “ Pourquoi tu ne comprends pas à quel point je souffre de notre relation ? ”. Je dois me remettre en question, paraît-il, car c’est moi le problème. À ses yeux, je suis folle, malade, méchante, je ne m’occupe que de mon téléphone, j’élève mal mon enfant, je n’ai pas d’argent, puis de toute façon, je serais bientôt seule si je continue à agir comme ça. « Remets-toi en question, ce n’est pas à moi de faire des efforts ». AH…!
2H00 : Ça suffit, je vis cette vie depuis douze ans, je n’en peux plus ! Stop. Mes yeux s’ouvrent enfin, mon cœur se déchire, je comprends que j’ai le droit d’être heureuse.
3H00 : Je fais des recherches. « Comment divorcer sans entrer en guerre avec son ex-conjoint » ; « Comment les enfants vivent le divorce »; « Comment arrondir les angles pour avoir un divorce le moins dévastateur » – La barre de recherche s’allonge. Je ne trouve pas la moitié des réponses, mais seulement des témoignages d’ex-conjoints en souffrance.
Comment vais-je donc faire ?
7H00 : Une nouvelle journée s’annonce, j’ai dormi deux heures, je me lève sans grande conviction…
Huit mois plus tard, je suis toujours à “ peser les pour et les contres ” sur la balance de cette future séparation, mais je vais mieux, car j’ai compris. Il y a des relations qui ne tiennent pas, des situations qui prouvent qu’il est temps de partir. Je n’éprouve plus de haine. Mais j’ai compris.
Aujourd’hui, j’ai décidé de dire STOP et de partir.
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