L'impact d'un accident - Hors-Normes
Deux femmes se promenant a cheval

L’impact d’un accident

écrit par Charlotte Clay

Parfois dans la vie des évènements traumatisants et inattendus surviennent, tels que des accidents. Ils font partie de ces coups durs de la vie, au même titre que la perte d’un être cher ou la mort d’un bébé. Dans l’article du jour, je vais vous raconter ce terrible accident dont j’ai été témoin. Un événement qui marqua le dernier jour de mon enfance et changea à jamais le cours de mon existence.

Pour cela, c’est avec beaucoup d’émotions que j’enfile un tablier de peintre. Il est entaché d’une couleur rouge sang prédominante, avec des traces de gris et de noir. Je ne fais pas de peinture à mes heures perdues, je préfère de loin m’entourer de chevaux et pratiquer l’équitation. Toutefois, ce tablier me permet de vous dépeindre, dans « le style Hors-Normes », un tableau bien précis : « Le Tableau de l’Horreur ». 

LE JOUR DE L’ACCIDENT 

Sonia et sa jument réformée des courses, me battent à plate couture. Sourire aux lèvres, nos parents applaudissent et nous retournons avec bonne humeur en direction du centre équestre. Cette scène si joyeuse laisse place aux souvenirs les plus sombres de mon adolescence.

C’est à cet instant T que je sors mon tablier pour vous décrire ce « Tableau de l’Horreur ». Chères lectrices, je tiens à vous prévenir que ce qui va suivre peut s’avérer difficile à lire. N’hésitez pas à vous arrêter ici si vous le désirez ou à poursuivre la lecture si vous le sentez.

« le tableau de l’horreur » 

Alors que mon cheval, en fin de cortège, s’amuse avec une flaque d’eau, la jument de Sonia l’embarque sur la route. Elle essaie de l’arrêter de toutes ses forces, mais rien n’y fait. En l’espace d’une fraction de seconde le drame se produit : le véhicule d’une conductrice, avec deux passagers à bord, percute la jument de Sonia. 

Les bruits 

Je me souviens de ces bruits… Les hurlements et le broiement des os. Je me rappelle aussi de la voix de mon père qui enfile tout de suite sa blouse de médecin. Je l’entends interdire à la maman de Sonia de la bouger, ne connaissant pas la gravité de ses blessures. 

Sonia 

Je ne sais pas où est Sonia, je ne sais pas encore si c’est une voiture ou un camion qui les a heurtés, elle et son cheval. Puis, je vois mon père se diriger vers elle. Allongée au sol, elle ne bouge plus, mais elle est consciente. 

Les passagers 

Mon père se presse ensuite vers la voiture pour s’enquérir des personnes à bord : heureusement, la maman et ses deux enfants sont sains et saufs. 

La jument de Sonia 

Mais pour la jument, c’est terrible. Son état est critique, elle est condamnée à mourir dans d’atroces souffrances. Ses blessures sont irréversibles : elle n’a plus que trois pattes, son poitrail est arraché et sa tête demeure complètement ouverte. Elle tente de se mettre debout, mais elle chute sans arrêt. Mon père décide de la desseller et s’appuie sur elle pendant une vingtaine de minutes, afin qu’elle ne tente plus de se relever.

Les sapeurs-pompiers 

Puis les pompiers arrivent sur site. Ils prennent soin de la blessée, Sonia, non sans difficultés. Ils dégurgitent tant la scène d’horreur est épouvantable.

Moi Charlotte 

Et moi là-dedans, où suis-je ? Quelle est ma place ? Tout cela est-il de ma faute ? J’ai demandé à Sonia de venir avec moi se balader. Va-t-elle survivre ? Est-elle handicapée ? Le chaos règne autour de moi. Dans ma tête, je disparais. J’ai l’impression d’être invisible et ne me souviens pas de ce que je deviens. Ce moment m’est si insupportable à vivre que mon esprit et mon âme se détachent de mon corps. Mon cerveau fait un stop sur ce « Tableau de l’horreur ».

LA CULPABILITÉ LORS D’UN ACCIDENT 

Je ne garde aucune séquelle physique de cet accident, n’ayant pas été impliquée dans l’accident au premier degré. Toutefois, en tant que témoin, j’en garde des séquelles psychologiques. Il va sans dire que je me suis évidemment sentie responsable de cet accident. Car c’est moi qui ai demandé à Sonia d’aller faire une balade… Parfois, la voix de la culpabilité revient toquer à la porte de mes oreilles et me répète : « L’accident est ta faute. Si tu n’avais pas formulé cette demande de balade à Sonia, cet accident n’aurait jamais eu lieu…». La culpabilité fait partie intégrante de ma vie à bien des égards.

Bien que je rende visite à une psychologue quelques jours après les faits, je prends une décision radicale : « Le cheval, c’est terminé ». Il me devient impossible de toucher ou même d’approcher un cheval. Alors que les chevaux représentent ma raison de vivre, je rejette totalement ma vocation, comme si ces nobles animaux n’avaient jamais existé. Je n’ai jamais revu Jafar, mon cheval et je ne sais pas ce qu’il est devenu. Cet accident tragique laisse en moi une cicatrice indélébile, c’est irréfutable.  

L’IMPACT D’UN ACCIDENT ET DE L’ENTOURAGE 

À mon traumatisme et ma culpabilité, se greffe une autre peine : celle de voir mon entourage manquer d’empathie à mon égard. Après tout, moi, je vais bien, du moins physiquement. Mes parents ne comprennent pas ma tristesse et ma décision de tirer un trait sur ma passion ; passion dans laquelle ils ont légitimement investi du temps, des finances et de l’espoir pour ma vie future. Car oui, ce 10 mai, je tire un trait définitif sur une carrière toute tracée. À seulement seize ans, je sais déjà que je vais devenir monitrice d’équitation. J’ai aussi prévu de réaliser une formation internationale de perfectionnement en éthologie, aux États-Unis. Mais le destin en décide autrement. 

CONTINUER À VIVRE APRÈS UN DRAME 

Après ce 10 mai, il me faut me réinventer professionnellement. Je prends la fuite pour échapper à un climat familial trop pesant. J’emménage avec mon copain de l’époque, celui avec lequel la cohabitation s’est terminée dans la violence. Un récit que vous pouvez retrouver dans mon article précédent

Dans mon malheur, je suis reconnaissante de notre chance : aucun de nous, mis à part la jument de Sonia, n’est mort ! Sonia s’en tire avec de légères séquelles. Sa jument l’a faite tomber à terre avant d’être percutée, pour lui sauver la vie. Notre amitié, quant à elle, s’est démultipliée. Cette épreuve de l’accident nous a rapprochées comme jamais. Je vous en dirai plus dans l’article de la semaine prochaine.

Je vous remercie d’avoir pris le temps de me lire. Le sujet de l’accident fut complexe à rédiger et à partager. Toutefois, l’écriture a cela de magique qu’elle favorise l’apaisement en mettant du baume sur les blessures et les cicatrices. Si vous souhaitez témoigner à votre tour à propos d’un accident marquant ayant changé votre vie ou celle d’un de vos proches, je vous encourage à le faire. Mettre en mots permet de s’alléger et mieux se sentir. Je vous invite à prendre contact avec moi si tel est votre souhait, ou à vous rendre sur la page témoignage de mon site internet.

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