Notre grossesse gémellaire : « Il était une fois Swan & Aïna » - Hors-Normes
L'histoire de MMP, intitulée notre grossesse gémellaire. Des débuts jusqu'aux 4 ans des jumeaux, découvrez le récit de ces parents exceptionnels

Notre grossesse gémellaire : « Il était une fois Swan & Aïna »

écrit par MMP

Je m’appelle MMP, je suis professeur des écoles, j’aime ma vie et mon métier.

Fin 2018 : je suis enceinte ! Nous sommes très heureux. Nous avons déjà un petit garçon d’un an, Aaron, et nous voulions que nos deux premiers enfants soient rapprochés. J’vais m’faire griller, ce sont les vacances et fini l’alcool !

Quelques semaines plus tard : 

Échographie de datation, ce sont des jumeaux !

La sage-femme : « Alors… je vois la première poche… ».

Kevin percute et capte tout de suite que si y’a première, y’a deuxième… Moi je ne capte rien, je souris bêtement.

La sage-femme continue : « Et là y’a bien la deuxième poche avec le deuxième cœur qui bat… ». Et elle me regarde… appréhendant ma réaction…

Moi : « Aaaaaaaaaaaaaaaahhhhhhhhhhh !!! Mais nooooooonnn !!! Sérieux ?! ».

 

Oui c’était sérieux. Un rêve qui se réalise. Un rêve pour lequel nous nous étions préparés sans grand espoir pour la première grossesse mais qui ne nous avait absolument pas traversé l’esprit pour la deuxième. Je suis heureuse à un point, c’est extraordinaire, je n’y crois pas. Kevin reste silencieux, avec un léger sourire aux lèvres mais il se tient, lui. Il est serein, fier sûrement mais réaliste aussi. Ça va être chaud. Mais on s’en fout. Nous sortons de la mater et décidons de garder cette nouvelle quelque temps juste pour nous, pour se faire à l’idée, pour partager cette intensité de bonheur tous les deux.

Le lendemain : 

Je pleure, je panique, j’ai peur, comment vais-je faire, comment mon corps va-t-il pouvoir gérer ça, je ne vais pas survivre, c’est sûr ! À contrario, Kevin serein, me rassure, chaud patate, pas le choix, on va assurer. OK, que l’aventure commence.

Premier trimestre : 

Fatiguée comme jamais ! Je suis littéralement rincée ! Je suis rapidement arrêtée parce que « qui dit grossesse gémellaire, dit grossesse à risque » pour le corps médical. Ce qui m’aura valu de ne pas pouvoir profiter pleinement de ma grossesse grâce à nos chers médecins si prévoyants ! Bref…

Deuxième trimestre : 

La taille de mon ventre est comme celle que j’avais au terme de ma première grossesse ! Une fille, un garçon, on est refait !

Troisième trimestre :

J’ai mal. Je vois de la pitié dans les yeux de Kevin et Aaron. Je suis en mode bas de contentions, claquettes, leggings et t-shirts achetés au rayon homme pour avoir la plus grande taille possible. Mais je me trouve belle, je nous trouve beaux, je vais bien, la grossesse se passe bien. Mon père fait une couvade de malade ! Trop drôle (pour moi, pas pour lui). Lui, il est super inquiet pour moi, il a peur que j’explose littéralement.

Je me rends compte des superpouvoirs du corps humain. Je me transforme ou plutôt je me déforme à vue d’œil. Mais pas d’inquiétude, à c’qui parait la plupart survit !

38 SA :

En début de grossesse on m’avait dit qu’à ce stade, un déclenchement serait obligatoire. Après avoir eu mon dernier rendez-vous avec je ne sais plus quel médecin (je n’ai jamais vu deux fois le même, car obligée de me faire suivre à l’hôpital. Oui je suis un dossier, pas une personne), la secrétaire me laisse un message : « Votre césarienne est programmée à 39 SA ».

 

Trop c’est trop. Je prends mon ventre, j’enfile mes claquettes et j’arrive tant bien que mal au bureau de la secrétaire de l’hôpital : « Bonjour Madame. Ça fait plus de huit mois que vous m’empêchez de vivre une grossesse normalement alors que tout va bien, vous me foutez le stress avec votre césarienne car mes bébés seraient trop gros pour passer, je souffre en continu depuis un mois, je malmène ma pauvre mère (merci encore Maman) depuis trois semaines car je ne peux plus m’occuper seule de mon fils, je suis insupportable avec Kevin (mais c’est tellement normal et il accepte haut la main), je ne dors plus, je ne me déplace plus qu’en roulant, je suis à 38 SA et je devrais attendre encore uuuuuuuuuuune semaine pour accoucher ???!!! Non. En fait, juste non. Merci de ne pas me faire attendre une semaine. En plus, je veux qu’ils soient Gémeaux, donc je ne peux pas accoucher après le 20 juin (38 +4 SA) ».

La secrétaire me regarde, bouche bée, et me dit : « OK. RDV le 20 juin à 7 heures ». Merciiiiii. Ouf !

 

Le jour J : 

Nous sommes le 20 juin. Je vais enfin accoucher. Pas de travail, pas de contractions, ouf, je n’aurais pas tenu niveau douleur car j’étais déjà au bout. Me voilà au bloc avec Kevin. Nous attendons longtemps. C’est chiant. Bah oui, il faut deux équipes au complet pour prendre en charge deux bébés. Nous sommes patients. De toute façon, nous savons que nous ne ressortirons pas de là sans nos bébés.

On a l’occasion de se taper un fou rire mémorable lorsque la sage-femme arrive avec une charlotte qu’elle donne à Kevin sans explication alors qu’il a la boule. On se regarde, regarde la sage-femme… Aaaaaaaaah, c’est pour le portable ! Le manque de respect quoi… Je me pisse dessus tellement nous rions.

 

À l’heure de l’apéro (du midi hein), je donne naissance à Swan 3,1 kg, puis Aïna 3,5 kg. Y’en a deux qui ont bien profité du Nutella et du fromage pendant 9 mois, (rire) !

Kevin s’occupe des bébés avec le personnel, moi je finis mes petites affaires et me remets tant bien que mal de cette foutue césarienne.

 

Quelques heures plus tard, nous nous retrouvons tous les cinq dans la chambre. Nous sommes au complet (ou pas, qui sait ?!). C’est notre famille, celle que nous avons créée avec amour, celle qui nous ressemble et celle avec laquelle nous allons passer le reste de notre vie.

 

Canicule, clim de la mater en panne, Aïna qui fait une fausse route et qui manque d’y rester, allaitement toutes les trente minutes, 48 heures sans dormir, mais heureuse, heureux.

 

Allaitement exclusif pendant un mois jusqu’à l’abandon de mon corps, puis en allaitement mixte pendant trois mois, question de survie. Oui parce qu’un peu tatillonne, je souhaitais me reposer plus de 30 minutes d’affilée (sourire). D’ailleurs, l’allaitement maternel de jumeaux, c’est un sacré sport ! Un à l’endroit, l’autre à l’envers, en même temps, un par un, à la chaîne, bref une aventure.

Six premiers mois : 

Trou noir. J’ai des photos pour me rappeler de cette période.

Les trois premières années 

Impossible de travailler, mon corps me lâche. Finalement, la césarienne m’a beaucoup plus pesé que ce que je pensais. J’ai tenu, j’ai tout fait, tout donné, au mieux, mais je me suis oubliée en tant que personne.

 

J’ai passé deux années à réussir à me gérer à nouveau. Cela m’a fait prendre conscience d’énormément de choses. J’approche des quarante ans et grâce à mes trois enfants, dont cette grossesse gémellaire, je me suis passionnée pour le bien-être, pour les approches naturelles dans l’accompagnement des évènements de la vie. J’ai pris conscience de la façon dont le corps s’exprimait, à quel point il pouvait crier, à quel point l’équilibre émotionnel est important, à quel point le lien est fort entre l’esprit, le corps et l’âme.

 

J’ai découvert la tempête et le calme, les angoisses et la sérénité, les pleurs et les rires, la colère et la joie, les inquiétudes et les plaisirs et tout ça puissance 1 000. Ce que je connaissais déjà et qui s’est décuplé à l’infini, c’est l’amour. La puissance de l’amour que l’on porte et que l’on reçoit de ses enfants est le plus grand bien que ma vie m’ait offert. Merci la vie.

 

Dernier petit mot : 

Un petit mot pour préciser que la place, le rôle et l’investissement du papa dans une aventure comme celle-là sont évidemment une condition indispensable pour bien la traverser et la vivre ! Aaron, nouveau grand frère, est juste parfait. Les enfants s’adaptent tellement bien.

Nous faisons des nuits complètes depuis moins d’un an, Aaron a 6 ans et demi, Swan et Aïna ont quatre ans et demi aujourd’hui. À ce jour, nous avons un bon nombre de kilos et de rides en plus, en trop ? Nous avons maintenant une résistance à toute épreuve, de l’amour à l’infini, des projets qui ne cessent d’évoluer, de l’envie, du partage… Bref, c’est notre famille.



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