Le spasme du sanglot : le jour où j’ai cru que mon fils allait mourir - Hors-Normes
Découvre aujourd'hui l'histoire de Sarah, son conjoint et de son fils, qui ont vécu le cauchemar qu'est Le spasme du sanglot.

Le spasme du sanglot : le jour où j’ai cru que mon fils allait mourir

écrit par Sarah

Le spasme du sanglot… Un terme si étrange et inconnu de tellement de monde, surtout des parents. C’était notre cas jusqu’au soir où nous avons cru que notre fils était en train de mourir sous nos yeux.

 

Je pèse mes mots, car c’est vraiment le ressenti que cela engendre.

 

Nous sortions déjà de neuf jours de gastro pour mon fils qui avait 14 mois à ce moment-là. Évidemment, accumulation de fatigue pour lui, pour nous aussi d’ailleurs, moins d’appétit et grosse perte de poids qui nous a valu un petit tour aux urgences.

 

À peine deux jours après être rétabli de sa gastro, arrive ce soir que nous n’oublierons jamais. D’autant plus que nous devions fêter les 32 ans de mon conjoint ce soir-là…

 

Nous partons chercher un repas à emporter avec ma meilleure amie, et lorsque nous revenons, vers 22 heures, mon fils se met à hurler. Je sens mon conjoint qui lutte. Il sort de sa chambre et me dit : « Je ne comprends pas, il refuse de dormir, il est HS, mais rien à faire« . Très inhabituel !

 

Nous décidons donc de le reprendre un peu avec nous, chose qui n’arrive jamais.

 

Il râle beaucoup, pleure pour un rien, veut rester coller à nous. Nous essayons de manger avec lui sur nos genoux. Puis il joue un peu, grignote. Ce qui nous rend contents d’ailleurs, vu qu’il ne mangeait plus correctement depuis la gastro. Il arrivait souvent à notre fils de couper sa respiration quelques secondes avant de pleurer, mais ce soir-là, c’est le cauchemar…

 

Respire mon fils ! 

 

Je veux simplement aller chercher un pull dans la chambre. Je me tourne donc, dos à eux, pour quitter la pièce. Mon fils me voit et dans une fatigue et une émotion si immense pour lui, ne supportant pas mon départ, il se met à vouloir hurler à nouveau. II coupe sa respiration. En entendant la manière dont mon conjoint a dit « Raphaël », mon instinct de maman sait que quelque chose ne va pas et je me retourne. Je comprends donc seulement à ce moment-là qu’il est mal, car il n’a toujours pas fait de bruit. Puis mon conjoint se met à lui dire : « Respire, respire !« . Il se lève avec lui. Nous commençons à nous regarder, genre : « Il va respirer quand là ? !« .

 

Le temps est à la fois rapide et ralenti. Ce moment où l’on réalise que : oui cela commence à faire longtemps, ce qui paraît même une éternité, que quelque chose ne va pas du tout… Et en même temps, on ne réalise rien de ce qui est en train de se passer…”.

 

Puis, arrive un moment où, oui, le cerveau se dit : « Là, on a atteint une limite qui signale un vrai danger« .

 

Nous sentons la panique monter. Mon conjoint le met en avant en le tenant sur son avant-bras. Je penche ma tête pour mieux percevoir celle de mon fils qui commence à se débattre comme s’il s’étouffait. II gesticule la bouche ouverte, comme pour chercher de l’air. Je commence à crier : « Mais respire putain, respire !« . Un nouveau regard rapide est échangé avec mon conjoint. C’est un regard de panique. Mon instinct de maman veut absolument le récupérer alors je le prends. Et là, il devient bleu… D’abord ses lèvres, puis sa tête et le drame, il perd connaissance…

 

C’en est trop pour mon cœur, mon cerveau, je le tends à mon conjoint en tremblant et je m’éloigne.

Appelle les secours ! 

 

Il le prend, l’allonge et crie « APPELLE, APPELLE, APPELLE« . Mon conjoint ne stresse JAMAIS. Donc, à ce moment, je me dis : “C’est chaud”. Une panique au point d’en oublier le numéro des urgences, je commence à fondre en larmes en répétant : « C’est quoi le numéro, c’est quoi déjà« . Je suis infirmière, j’ai été formée aux gestes de secours et ce jour-là, je fonds juste en larmes à côté de mon fils inanimé.

 

Je m’effondre par terre en sanglots, ma meilleure amie prend mon téléphone pour appeler le SAMU. Dans ma tête, je me dis : « C’est fini, il est en train de partir… Le temps qu’ils arrivent, il sera mort« .

 

Le temps qu’ils décrochent, j’entends une inspiration géante, puis des hurlements de bébé. Je cours vers lui et le sers contre moi. Puis je le mets au sein en pleurant. Ma meilleure amie explique la scène au SAMU et c’est à cet instant, pour la première fois, que nous entendons le terme « spasme du sanglot » : « Il n’y a rien à faire, c’est très impressionnant, mais pas d’inquiétude, ils reviennent toujours à eux, et zéro séquelles« .

 

Voilà ce que l’on nous dit ce soir-là et les jours qui suivent avec les différents professionnels de santé, la famille, les amies à qui c’était arrivé. Bien sûr, nous apprécions le soutien de chacun et leur désir de nous rassurer avec leurs mots. Mais nous sommes deux parents qui viennent de vivre un moment traumatisant.

 

Le silence autour du spasme du sanglot 

 

Nous avons été choqués par le spasme du sanglot.

 

Nous avons été choqués de voir notre fils dans cet état.

 

Mais nous avons aussi été choqués de constater que beaucoup de gens semblaient connaître cela pour l’avoir vécu et choqués d’avoir dû découvrir cela par nous-même. Personne n’en parle, mais pourquoi ? J’aurais aimé savoir pour mieux gérer, être moins marquée. J’aimerais témoigner pour que cela aide d’autres parents qui pourraient vivre cela ou qui l’ont vécu sans trop savoir ce que c’était. Je sais maintenant avec certitude que cela est crucial, car notre fils en a refait plusieurs fois. Mais la différence, c’est que nous savions ! Et nous savions comment agir. Nous sommes restés calmes, nous l’avons accompagné en le rassurant et en lui soufflant au visage. Puis nous avons dédramatisé ensuite. Nous lui avons expliqué que nous serions toujours là pour lui.

 

J’aurais aimé que l’on m’informe et que l’on me soutienne. J’espère que mon témoignage aidera sincèrement plein de parents et leurs petits trésors.


Envie de temoigner

Je témoigne