Un enfant en phobie scolaire - Hors-Normes
Un enfant embêter par d'autres enfants

Un enfant en phobie scolaire

écrit par Sophie R R

Les prémices 

 

Un jour, ça vous tombe dessus.

Ou plutôt sur votre enfant, mais c’est tellement violent que forcément, ça tombe aussi sur vous.

Cela commence doucement, tranquillement, sournoisement.

Vous vous dites que c’est normal, que ça va passer. Que ce n’est pas grave.

Et ça commence à glisser… 

D’abord, les lenteurs : “ Allez hop hop hop (j’adore cette expression), on s’habille ! ”.

Une plombe pour mettre ses chaussures. Puis refus de les enfiler. Suivi de pleurs.

Vous entendez la voix de vos parents et leurs reproches : “ Tu n’es pas assez sévère ! ”.

Vous vous remettez en question, 10 000 fois, vous tentez autre chose.

Car vous êtes pour la manière douce, évidemment !

Vous avez trop souffert de cette sévérité qui a bercé votre enfance.

Mais rien ne fonctionne. 

Et plus vous êtes douce, plus les reproches pleuvent. 

De la part de votre famille, de votre conjoint (qui n’y comprend rien), du corps enseignant.

Et vient la culpabilité, celle de ne pas réussir comme les autres parents. Celle d’avoir certainement fait un truc de travers.

Vous êtes effondrée, parce que bien sûr, vous l’aimez votre gamin, mais vous n’y arrivez plus.

À le forcer. À le voir souffrir.

Et petit à petit, votre monde s’effondre.

Cela peut prendre des années.

 

 

Le signalement et l’AEMO 

 

Un jour, c’est un bout de bois. Vous avez l’impression de ne plus pouvoir le sortir de son lit.

Il est grand maintenant, et son corps entier refuse cet effort.

Vous le suppliez, parce que vous avez une épée de Damoclès au-dessus de la tête. 

Le père a demandé la garde exclusive. Le placement de votre enfant se pointe.

Une mesure judiciaire (AEMO) se met en place à la demande du juge des enfants pour vérifier votre capacité à l’éduquer. 

Les entretiens individuels chaque mois, avec trois spécialistes.

La menace de placement de la part de la juge des enfants.

Un an pour remonter la pente, sinon elle envisage le placement.

“ Le placement ”. Qui l’aurait cru.

Vous faites tout pour lui : l’éducation positive, l’écoute active…

Vous pensiez naïvement que le placement était réservé aux enfants brutalisés, mal aimés.

Quelle injustice !

 

 

Le soutien 

 

Puis un jour, je tape “ refus aller à l’école ” sur Internet, et je tombe sur la “ phobie scolaire ”.

Là, je découvre que je ne suis pas seule.

Il y a en France tout plein d’autres parents (surtout des mamans) qui n’y arrivent plus. Plein d’autres enfants en souffrance avec le système éducatif actuel.

Je découvre une association : Phobie scolaire

Un contact, un début de solution : prendre rendez-vous avec un pédopsychiatre.

Car les psychologues, mon fils les a enchaînés. Au centre médico-psycho-pédagogique (CMPP) et en libéral, mais aucune solution, aucune piste, aucune évolution.

Et là, un diagnostic tombe : “ troubles anxieux sévères ”.

Ce sera le joker de mon fils, mon joker, ma porte de sortie, mon issue de secours.

Le certificat qui nous fera sortir de ce m……*.

Désormais, la juge me regardera avec bienveillance, presque avec amour.

Et je déciderai de faire de l’AEMO une amie, une gardienne, une béquille.

Jusqu’aux 18 ans de mon fils, je demanderai le renouvellement de l’AEMO.

Pour avoir la paix, car mon ex-mari sera redirigé vers elle.

Pour trouver des solutions pour mon fils.

Pour avoir du soutien.

 

 

Le bac 

 

Miraculeusement, mon fils a obtenu son bac. 

Après cinq années de Cned réglementé. 

Cinq années à faire l’école à la maison.

À replonger dans les vidéos de cours, à lui expliquer le théorème de Pythagore et de Thalès, à l’aider à faire ses fiches de révision, à lui dénicher un coach pour préparer son oral…

À stresser à mon retour de boulot quand il n’avait rien foutu de la journée.

Il a obtenu son bac.

Avec 10,3 de moyenne générale.

Alors quand il m’a proposé de repasser une épreuve pour remonter sa moyenne, j’ai ri. Et j’ai souris.

 

 

Le déclic 

 

L’obtention du bac, un rendez-vous avec une spécialiste en orientation scolaire, et un déclic.

Je me revois encore, assise à côté de lui durant l’entretien.

Et lui, déclarant: “ Oui, j’avais droit à du temps supplémentaire pour le bac, car j’avais des soucis. Mais ça, c’est terminé ”.

Je suis scotchée à ma chaise. Je sens ma mâchoire qui s’affaisse.

Nous étions venus pour trouver une solution pour qu’il puisse se reposer (et moi aussi) durant un an. Une année sabbatique, un repos bien mérité.

On repart avec un projet d’inscription, de concours, pour une école privée de graphiste 3D.

Et ce concours, il l’obtiendra. Il obtiendra même un concours sur mesure, car le concours officiel était clôturé. Je lui ferai réaliser un stage d’une semaine pour vérifier sa capacité à aller sur Paris. Et il tiendra le coup. Je suis épatée.

 

 

Et maintenant ? 

 

Vendredi, il rentre en 2ème année.

Je suis toujours sur le cul.

Mais tellement fière de nous.

Si vous aussi vous avez envie de partager votre témoignage sur un sujet similaire, n’hésitez pas à nous contacter ici.

Envie de temoigner

Je témoigne