Un jour pas fait comme un autre… - Hors-Normes
Découvrez mon témoignage, d'un jour pas fait comme un autre. Le récit du mois d'Avril le plus difficile de toute ma vie, du au manque de communication avec la maîtresse.

Un jour pas fait comme un autre…

écrit par Sophie

Le sujet de la communication entre les parents et les enseignants de nos enfants me paraît être le moment opportun pour vous raconter mon histoire. Cette histoire qui m’a fait froid dans le dos. Que dis-je, qui a failli me rendre complètement folle et m’a désarmée en tout point.

 

Un mardi d’école parmi tant d’autres

 

Ce matin-là, mon fils Léo et moi-même sommes comme souvent dans l’empressement des préparatifs de l’école, du petit déj à l’arrache et d’un départ en retard pour nous rendre à l’école. Comme à son habitude depuis quelques mois, monsieur est en mode « diablotin qui n’écoute rien et dans l’opposition constante ». Mais ce matin, la chair de ma chair décide de ne pas coopérer du tout et il lui prend l’envie de traverser en courant la route entre le parking et le chemin de l’école au moment où une voiture arrive à grande vitesse.

 

Mon cœur de maman et surtout mon instinct maternel me font bondir sur lui en hurlant. Si vous êtes maman, vous savez de quelle peur viscérale je vous parle, celle qui vous fait agir comme un animal voulant protéger son petit d’une mort certaine. Je hurle (c’est bien le mot juste) après lui, sans me rendre compte que beaucoup de personnes sont témoins de la scène ; beaucoup, dont la directrice de l’école et la maîtresse de mon fils.

 

Je reprends mes esprits tant bien que mal en remettant, à tort, mon masque de « maman souriante » et nous revoilà repartis dans la direction du portail de l’école. Je tremble et me dirige tant bien que mal jusqu’au portail en laissant mon fils un peu sonné entrer dans l’enceinte de l’établissement sans moi. À cette époque, les parents n’ont pas le droit d’y entrer à cause des plans Vigipirate.

 

Retenez ce passage, il est utile à la fin de l’histoire.

 

Une journée semblable aux autres dans ma vie de mumpreneur

 

Le soir venu, je vais récupérer Léo à la garderie. Les animatrices m’ont l’air un peu étranges et n’échangent pas plus que ça avec moi. Je trouve cela bizarre, mais je me dis que nous avons tous nos hauts et nos bas et que gérer autant d’enfants de tout âge est un métier éreintant. Je continue donc ma fin de journée comme d’habitude, en mode robot. Je joue, je prépare à manger, le bain, le pyjama, nous dînons et au lit. Cela fait quelques mois que je suis devenue un robot « ménager » le matin et le soir. Je gère seule et fais face à tout : mon fils, mon entreprise et tout le reste. Mon mari travaillant beaucoup le soir, nous ne le voyons que très peu car il est trop occupé à manager son entreprise. Cela aussi, c’est pour la bonne cause, nous sommes tous les deux entrepreneurs, notre fils ne doit manquer de rien.

 

Mercredi arrive, je dois partir pour un essai maquillage et coiffure en vue de la fin des préparatifs du mariage de l’une de mes futures mariées. Car oui, je suis wedding planner. Je passe un moment génial, hors du temps, un de ces moments suspendus, ceux qui nous semblent si doux juste avant que le ciel nous tombe sur la tête. Connaissez-vous ce sentiment-là ?

 

Il est temps de rentrer à la maison, mon fils me manque, je n’ai qu’une envie, le serrer dans mes bras. J’appelle mon mari pour lui dire que je suis sur le chemin du retour et sans y prêter attention, je laisse mon téléphone sonner. S’affiche alors un « numéro inconnu », j’ai la flemme de répondre, c’est certainement une pub, encore.

 

La messagerie de mon téléphone m’indique que j’ai un nouveau message. Par curiosité, je consulte ce message…

 

Madame, Gendarmerie de …. Pourriez-vous nous rappeler au … le plus rapidement possible ? 

 

Cette voix froide, je l’entends encore en écrivant ces mots. Je ne panique pas plus que cela à l’écoute de ce message, mon mari ayant eu de nombreux soucis avec la mère de sa petite fille. Ce n’est pas la première fois que la gendarmerie m’appelle pour m’entendre et défendre mon mari d’accusations plus dingues les unes que les autres.

 

J’attends de pouvoir m’arrêter ne voulant pas me faire réprimander par la gendarme (oui je sais, le téléphone au volant, c’est non). Je compose le numéro qu’elle m’a laissé, demande le Brigadier « Sourire » et attends gentiment que l’on me réponde.

 

Une voix glaciale m’annonce que je suis convoquée avec mon fils à l’Unité Médico Judiciaire (UMJ) de Fontainebleau vendredi à 10 heures : « Non je ne peux pas vous dire ce qu’il en est, ils vous expliqueront à l’UMJ », me répond cette voix encore plus froide qui me semble venir de très loin tant je m’enfonce dans mon siège de voiture avec cette impression de sombrer dans la douleur.

 

Je comprends qu’il s’agit de mon fils et de moi. Je connais ce terme UMJ, je comprends que c’est très grave. Mais je ne sais pas pourquoi : Grave ? Grave comment ? Grave de qui ?

 

Mon premier réflexe, aussi étrange soit-il, est d’appeler mon père. « Papa, j’ai besoin de toi, il m’arrive quelque chose d’horrible, on me convoque dans un endroit vraiment terrible avec mon fils ». Mon père me dit de raccrocher, il prend sa voiture et se rend directement chez moi. Je rentre à la maison avec une envie de mourir à chaque kilomètre qui passe sur mon compteur. Je me souviens de cette difficulté à conduire que j’ai ressentie, je me rappelle aussi que j’ai manqué de peu d’écraser quelqu’un, tellement j’étais là sans y être.

 

J’arrive tant bien que mal à bon port. Mon mari m’attend tout content, mon fils me saute dessus et moi je tombe au sol. À partir de là, mes souvenirs de ce jour sont très flous. Je me rappelle avoir appelé une amie à l’aide car je savais qu’elle pourrait m’expliquer ce qu’il se passait et me faire revenir à la raison. Elle y parvint d’ailleurs et je l’en remercie 1 000 fois. Une deuxième amie arrivera à la rescousse très peu de temps après. Merci à elles deux, vous m’avez sauvé la vie.

 

À chaque fois que je rentre à l’intérieur de la maison, je perds à nouveau tous mes moyens et dès que je vois mon fils, je me mets à pleurer. J’ai compris. Et si on m’enlevait mon fils ? Je n’aurais jamais la force de me battre, je pense même plusieurs fois à en finir. C’est vraiment très étrange comme sentiment. C’est mon instinct maternel qui m’a poussée, dans l’adversité, à me relever, pour lui. 

 

Le vendredi & l’UMJ 

 

Mon père, ma belle-mère, mon fils et moi-même nous rendons à l’UMJ, situé à 30 minutes en voiture de chez moi. Mon monde s’est écroulé depuis déjà deux jours, incapable de manger, de respirer sans pleurer, de dormir malgré les médicaments que ma belle-mère m’a prescrits. Mon mari, lui, n’est pas là, il est parti en voyage, un voyage prévu de longue date. Il est parti jeudi sans véritablement penser aux conséquences de son acte : « C’est toi qu’on a convoqué, pas moi, je n’ai rien à faire là-bas » m’a-t-il dit. Je ne commenterai pas ses mots, ni ses agissements. Là n’est pas l’histoire principale, même s’il y a matière à développer.

 

Nous arrivons à côté de l’hôpital de Fontainebleau. J’ai envie de vomir. Cet hôpital qui a vu naître mon fils, j’en suis certaine, va me reprendre le seul être véritablement important à mes yeux : mon bébé, ce petit bonhomme de 3 ans et demi.

 

Traitée comme une coupable sans aucun droit de savoir de quoi 

 

Ils prennent mes informations personnelles, celles de mon fils et me disent d’attendre sur cette chaise. Les femmes infirmières, là-bas, me toisent, me regardent comme une meurtrière, aucune bienveillance, aucune compassion. Pas l’ombre d’une explication ne se pointe.

 

On me prend mon fils et on l’emmène dans une pièce avec un médecin, je n’ai pas le droit d’entrer. Je n’ai pas le droit de parler et je n’aurai jusqu’ici, toujours pas d’explication. J’entends d’une oreille une discussion entre les deux infirmières (dont une qui avait l’air de vouloir m’en dire plus) : « Tant que l’enquête n’a pas avancé, tu n’as pas le droit de lui dire ». Puis j’entends mon fils se mettre à hurler : « NON, NON je ne veux pas que tu me touches, LÂCHE-MOI ».

 

Mon ventre se retourne, je pars en courant vers les infirmières pour leur demander ce qu’il se passe ? Pourquoi hurle-t-il ? Que lui font-ils ? Elles refusent de me répondre, l’envie de vomir monte et je leur demande de m’ouvrir les toilettes en face de moi. On me répond alors que ce n’est pas possible : « NON, ce sont des toilettes PRIVÉES, vous n’avez qu’à aller dans celles de l’hôpital, mais il faut faire le tour ». Je sors en courant, mais trop tard, je vomis devant l’une de leurs voitures (bien fait).

 

L’épreuve du retour à l’école 

 

Le lundi, je décide que Léo doit retourner à l’école, mais quelle drôle d’idée il me prend… ! Je croise la maîtresse, lui demande si elle sait ce qu’il arrive à mon fils et LÀ, je vois son visage devenir rouge cramoisi. OK, cette histoire est arrivée à cause d’elle, mais de quoi parle-t-elle, cette histoire ?

 

Elle ne dit pas grand-chose, elle balbutie des mots pas tout à fait audibles, du moins mon cerveau ne veut pas enregistrer, hormis : « Ce n’est pas de ma faute, ce sont mes supérieurs, on en parlera quand l’enquête aura avancé ».

 

Je ne fais pourtant pas partie de ces parents contrariants, je me rends aux réunions dès que je le peux, je suis à l’écoute de cette maîtresse qui n’a de cesse de me dire par écrit que mon fils est difficile. Je vais même dans son sens, essayant tant bien que mal de modifier le comportement de mon fils à l’école, depuis ma place de maman. Alors je ne comprends pas tout à fait son attitude avec moi.

 

Je reprends mon fils, décrétant dans ma tête qu’il n’ira finalement pas à l’école aujourd’hui, qu’elle me dégoûte et je songe dans la foulée à le changer d’école.

 

Deux semaines de souffrances plus tard 

 

ENFIN, on consent à me dire ce qu’il se passe ! Moi qui pense qu’il s’agit du moment où j’ai hurlé sur Léo pensant qu’il allait se faire écraser par une voiture devant l’école, je suis servie…

 

Avec du recul, je suis toujours aussi outrée de cette façon de traiter les êtres humains, qui plus est une maman qui n’a clairement pas l’air d’une mauvaise personne.

 

Mon fils aurait dit à la maîtresse que son père et moi l’avions emmené dans les bois pour « taper avec des bâtons » (il y a peu de temps, en regardant mes vidéos, je me suis rendu compte que le week-end d’avant ce fameux mardi, nous l’avions emmené au musée de la préhistoire, dans les bois de Nemours et qu’il avait fait une animation qui consistait à jeter des bâtons sur des cibles pour faire comme les hommes préhistoriques…).

 

Cette maîtresse, alors alarmée par ce qu’elle a entendu ce fameux mardi matin, a pris tout de suite « son courage à deux mains » pour en parler à ses collègues, pour « sauver cet enfant de cette mère horrible » que j’étais. C’est “vrai” : “ça explique son comportement dans l’opposition, elle doit avoir perdu la tête car son mari n’est jamais là, ça explique pourquoi Léo est un petit garçon dérangé”, “je n’ai fait QUE mon travail”, “faut pas vous mettre dans des états pareils madame”, “votre fils a des problèmes de comportement constants”…

 

Oh maîtresse… 

 

Oh comme j’aurais aimé t’y voir, chère maîtresse, si on avait voulu enlever ton enfant à cause d’un manque de communication entre la maîtresse de celui-ci et toi… Parce que la maîtresse n’aurait pas voulu te parler de ce que ton enfant lui avait dit avant d’aller faire un signalement aux gendarmes et alerter les services sociaux. Oh maîtresse, j’aurais vraiment aimé être une petite souris, pour voir comment toi tu te serais comportée, comment tu l’aurais vécu, comment tu te serais battue pour te lever le matin et t’occuper de ton enfant, seule, comment tu aurais vécu les regards terriblement accusateurs de l’équipe enseignante, mais aussi des parents parfaits qui apparemment étaient très au courant de la situation. 

 

Maîtresse, j’aurais aimé t’y voir. Peut-être n’aurais-tu pas réussi à remettre un pied dans cette école, qui sait.

 

Mais maîtresse, je sais que tu as bien fait ton travail et au nom de tous les enfants battus, je te remercie d’avoir fait ça, dans les grandes lignes. Tu aurais vraiment pu protéger un enfant s’il avait été en danger et pour cela, bravo. Mais maîtresse, l’accusation a été classée sans suite. Je n’ai jamais fait de mal à mon enfant. Et crois-moi maîtresse, ma vie entière a été passée au peigne fin.

L’année scolaire 2023-2024 

 

Mon fils a, depuis, changé de classe. Il m’était insupportable d’imaginer qu’il doive encore aller dans la classe de cette drôle de maîtresse.

 

Il est maintenant avec une maîtresse douce, bienveillante, proche de ses élèves et qui COMMUNIQUE directement avec les parents.

 

Je discute avec elle chaque matin afin de voir comment mon fils évolue avec elle, si elle a remarqué des choses qui ne vont pas bien chez lui, bref, nous communiquons, sincèrement et véritablement. Et c’est tellement appréciable. 

 

Évidemment, je vais toujours dans son sens afin que Léo évolue correctement et dans le respect de ses camarades et des adultes.

 

Et devinez quoi ? 

Léo, n’a pas de problème de comportement, il a seulement 4 ans et le caractère de sa mère.

 

Si toi aussi, tu as vécue une situation similaire avec l’équipe enseignante de ton enfant, où si au contraire, tu as une communication remarquable avec celle-ci, n’hésites pas à nous partager ton témoignage.



Envie de temoigner

Je témoigne