Mon histoire d'amour comme dans les films - Hors-Normes

Une histoire d’amour comme dans les films

écrit par Lana

Synopsis: Je vais vous raconter mon histoire d’amour avec un parisien, rencontré en Suisse, parti vivre à l’autre bout du monde, en Floride, que j’ai retrouvé par un coup du destin, dans une capitale européenne. 

 

Scène 1: Rencontre avec le bel inconnu

 

J’ai rencontré Pablo en juin 2015, en Suisse, dans une salle de sport où j’allais faire un cours d’essai d’arts martiaux mixtes (MMA). À première vue, je trouvais le coach séduisant :  “N’est-ce pas les filles” ? Mais, en bonne élève, je décide de me concentrer sur le cours, les explications et la technique. 

 

À l’époque de mes 19 ans, j’exerçais la boxe anglaise depuis quatre ans. J’avais envie d’évoluer dans ce sport, mais aussi de découvrir d’autres disciplines associées.

 

 À la fin du cours, donc, je me dirige vers les vestiaires. Je me change et je pars de la salle pour regagner ma voiture. C’est alors que Pablo m’interpelle et me demande si je peux le déposer à la sienne. Je réfléchis rapidement, deux secondes en tout, et comme il s’agit du coach principal de la salle, je me convaincs que je peux aisément lui faire confiance. Il monte avec moi, pour que je le dépose… Devinez où ? À deux mètres de ma voiture ! Non, non, il n’avait nul besoin que je le dépose. C’était une technique de drague, qui j’avoue, m’a faite bien rire sur le moment, et qui ne m’a pas laissée indifférente. 

 

Scène 2 : Romance nuageuse

 

Nous continuons à nous revoir à la salle de sport les semaines suivantes, à se parler un peu, puis beaucoup, par message, et petit à petit la relation évolue. Pablo est alors âgé de 28 ans et moi de 20 ans. Je me rends très rapidement compte que je suis totalement amoureuse, mais que notre situation est compliquée, à commencer par nos huit ans d’écart, son envie de liberté et l’ascension de sa carrière professionnelle dans le domaine sportif.

 

Notre romance a duré six mois. En janvier 2016, une opportunité en or se présente à Pablo, qui propulsera sa carrière sportive. Ce qu’il ne m’a pas dit, c’est que pour la saisir, il devrait déménager en Floride. Mon monde s’effondre et les calculs de nos différences se font rapidement dans ma tête : “ J’ai 20 ans, il en a 28. Je suis à l’université et je vis chez mes parents en Suisse. Pablo, lui, est français et a toujours vécu en région parisienne. Il est venu en Suisse pour pouvoir exercer en tant que coach sportif principal d’une académie réputée. Sa motivation principale demeure sa carrière sportive, et il n’a aucune attache en Suisse. Il ne reviendra donc probablement jamais, puisqu’il partira à l’autre bout du monde ”.

 

Scène 3 : Fin de l’idylle 

 

Ce constat fut très difficile à accepter pour moi. J’étais jeune, révoltée, et j’avais une relation conflictuelle avec mon père. Je venais de rencontrer quelqu’un qui allégeait significativement ma vie. Sa maturité m’aidait à réaliser que mes problèmes n’étaient pas si insurmontables que cela, que j’avais la vie devant moi, et que je pouvais lutter pour réaliser mes rêves. Cette personne, qui était devenue un pilier dans ma vie, s’en allait. 

Parfois l’Univers programme les rencontres, mais aussi les départs. Nos chemins s’étaient croisés au mauvais moment. Je sentais réellement que tout ce qu’il y avait entre nous ne pouvait pas s’arrêter comme ceci, sans fin. Chaque message, chaque vidéo, chaque vocal que je recevais avaient l’effet d’un coup de couteau. Je savais que je ne le reverrai probablement plus, mais je ne voulais pas y croire. C’était si douloureux, que j’ai dû mettre fin à nos échanges au bout de quelques semaines après son départ. Pour le bien de ma santé mentale, je devais me protéger. 

 

Nous décidons de couper les ponts. Ce fût la décision la plus douloureuse de ma vie et j’en garde encore aujourd’hui des cicatrices. Ce fut très traumatisant d’arrêter une relation, qui ne faisait que débuter. Je n’ai pas les mots pour expliquer le tourbillon d’émotions, de révolte, de manque et d’amour que je ressentis.

 

Scène 4 : Héroïne en souffrance

 

Le temps passe et j’étais dans un déni total les premières semaines. Je reprends ma vie, je me plonge dans mes études et je recommence un travail de soignante les weekends. Je pratique du sport après l’école, et dès que j’ai un petit moment de libre, je retrouve mes copines. J’ai comblé le manque de sa présence, par une vie surchargée, afin d’éviter au maximum d’y penser. 

 

Ce choc m’a rendue quelque peu distante avec mes proches. Je me suis barricadée pour ne pas montrer mes faiblesses. La vie a continué son cours tant bien que mal, mais mon entourage pouvait ressentir mon mal-être. Ma maman et mes amies m’ont changé les idées, nous sommes sorties, avons voyagé et beaucoup fait la fête. Je commençais à me rendre compte que je ne pouvais pas gérer ce départ de ma vie, et que malheureusement, je devais apprendre à vivre avec. Ce départ faisait partie de mon histoire, m’avait changé, m’a fait grandir et comprendre que parfois, malgré tous nos sacrifices, la vie donne, mais elle reprend aussi.

 

Au même moment, les docteurs me diagnostiquent quelque chose d’effrayant. Je me rends d’autant plus compte que je suis jeune et que je dois reprendre ma vie en main. Je prends un traitement pendant environ un an, et je me dirige également vers les médecines douces. Je me centre sur moi-même, je commence à écouter mon corps. Je suis reconnaissante de tout ce que j’accomplis, je commence à accepter ce qui est arrivé, et je prends le temps nécessaire pour me soigner. 

 

Scène 5 : Mariage express 

 

Vous vous doutez bien que, compte tenu de la situation, je ne souhaite absolument pas entendre parler de relations amoureuses. Et puis voilà, un jour quelqu’un s’intéresse à moi. Il ne lâche pas l’affaire. Moi, qui au début ne voulait pas en entendre parler, commence à être influencée par mon entourage. On me dit de lui laisser une chance, de faire un date, et d’attendre pour la suite. Au bout de quelques mois nous nous rencontrons. Mais seulement un restaurant à midi, car je ne voulais pas que cela dure trop longtemps et je n’étais pas du tout intéressée. 

 

Je me surprends en train de lui parler de Pablo, de notre rencontre et de son départ. Je lui parle de tout ce que j’ai gardé pendant tout ce temps. J’ai reçu du soutien de sa part. Ce mec-là m’avait comprise et j’étais écoutée, mes sentiments validés. Cela m’a fait un bien fou de pouvoir en parler à quelqu’un d’extérieur. Nous nous sommes revus, et malgré mes réticences, il était toujours là, pour m’écouter, m’aider, il me faisait rire et penser à tout autre chose.

 

Je vous passe les détails, la transition est choquante : un an après, nous nous sommes mariés. Ne me demandez pas comment, ni pourquoi. Encore aujourd’hui je me le demande.

J’avais décidé de cacher mes sentiments et de mettre un tampon dessus. Pour moi, cette relation a clairement joué le rôle de pansement. C’était inconscient car je pensais que je l’aimais. Il était présent, et comme je viens d’une famille latine très conservatrice, je ne pouvais quitter la maison de mes parents sans être mariée. 

Souvenez-vous, j’avais une relation conflictuelle avec mon père. La violence était présente, et même à l’âge adulte, nos valeurs s’entrechoquaient. J’étais très révoltée par les événements que j’avais vécus les deux dernières années.

 

Scène 6 : Descente aux enfers

 

Comme vous pouvez vous en douter, ce mariage n’a pas duré. Rapidement, nous nous rendons compte que ce n’est pas ce que nous recherchons tous les deux, que Pablo est de plus en plus présent dans ma tête et que je n’arrive pas à avancer. Nous décidons de mettre fin à notre relation huit mois plus tard. Je vois un psychiatre, je quitte l’université à deux mois de la fin de mon bachelor en soins infirmiers. Je sombre encore plus et je n’arrive pas à sortir la tête de l’eau. Je prends des anxiolytiques et des antidépresseurs.

 

À seulement 23 ans, j’ai l’impression que j’ai déjà raté ma vie et qu’il est trop tard pour réparer les erreurs. 

 

Scène 7 : Remontée vers la surface 

 

Foutu pour foutu, je mise tout sur mon travail et ma formation. Mes parents retournent vivre dans notre pays d’origine. Je me sens libre et je trouve un bon poste de nuit dans les soins infirmiers. Je commence à donner des cours de boxe pour les enfants, je me trouve un super appartement et je me relève avec l’aide de ma famille et de mes amis. Mes parents me soutiennent coûte que coûte. La barrière qu’il y avait entre mon père et moi est désormais tombée. Nous nous rapprochons beaucoup et nous disons tout ce que l’on ne s’est jamais dit. 

Je commence à me sentir de plus en plus épanouie. Avec du recul je me rends compte que j’ai adoré vivre seule et j’ai même voyagé seule, ce qui m’a aidé à me dépasser et à reprendre confiance en moi. Peu de temps après, j’arrête les traitements. Le sport m’a véritablement aidé à avoir une vie plus équilibrée et une discipline. 

 

Scène 8 : Voyage inattendu

 

En 2018, un de mes amis, propriétaire de la salle de sport où je m’entraînais, prépare son prochain combat professionnel en Belgique. Nous décidons de faire le déplacement avec lui pour le soutenir et passer un weekend entre potes. Nous partons ensemble en voiture, et pendant le trajet, il m’annonce que… Pablo sera présent à cet événement et qu’il combattra ce soir-là. Il n’a pas souhaité me l’annoncer plus tôt, par peur que je refuse de voyager à ses côtés.

 

Sous le choc, je perds tous mes moyens. Moi qui pensais ne plus jamais pouvoir le revoir. J’avais peur de ce que je pouvais ressentir en le voyant. J’avais peur de rechuter. 

Mes amis me parlent et tente de me faire décompresser : “ Il y aura environ dix mille personnes au show, c’est un grand évènement, tu ne le verras certainement pas ”. Il n’y avait aucune chance de croiser Pablo, et il ne savait pas que je serais là. Ils avaient raison! Je me rends compte que cela est très incertain de le voir, que Pablo lui-même ne saura pas que j’y étais et que la vie pourra poursuivre son cours normalement. Hors, le destin ne l’a pas voulu ainsi…

Scène 9 : Rencontre improbable avec le bel inconnu

 

Nous arrivons à l’hôtel, prenons nos bagages, et arrivons devant l’entrée, au niveau des portes tournantes. Et là, coup de théâtre. Vous n’allez pas le croire, car nous ne sommes pas dans un film… Pablo sort de l’hôtel, exactement au moment où nous allons entrer dans la porte tournante. Je me demande encore aujourd’hui comment cela fut possible, tant c’était irréaliste.

 

Il se tient devant moi et je ne peux pas faire semblant de ne pas l’avoir vu. Nous ne pouvons pas nous éviter. Mais déjà, ai-je envie de l’éviter ? Et a-t-il envie de me dire bonjour? Peut-être qu’il ne va même pas me calculer. Les questions fusent dans ma tête pendant cette fraction de seconde. 

 

Nous nous disons bonjour, suivi d’une bise, et j’essaie de ne pas perdre mes moyens. Ce qui est très difficile. Depuis qu’il est parti en 2016, nous ne nous sommes jamais reparlés et revus. Je n’avais pas connaissance de sa présence là-bas et je me disais que ce qui venait d’arriver était incroyablement surprenant, mais en même temps douloureux. 

Tout ce que j’avais nié pendant ces années est remonté à la surface quasiment instantanément. Toute la soirée je ne faisais que d’y penser, ma tête était ailleurs. J’avais tellement de choses à lui dire et à partager avec lui. Je voulais qu’il ait conscience de ma souffrance, de ce que son départ, qu’il pensait peut-être anodin, avait provoqué dans ma vie. Dès l’instant où je l’ai vu, tout ce que j’avais vécu a pris sens. Il était là, et merde !

 

Il était là et j’allais faire quoi ? Me jeter dans ses bras ? Lui raconter ma life alors que pour lui je n’avais peut-être plus aucune importance et que tout ce déchirement que j’avais vécu n’était peut-être que mon ressenti ? Je ne savais pas ce qu’il avait vécu depuis 2016. Peut-être que lui allait très bien et trouvait juste ‘cool’ de me croiser trois ans plus tard.

 

Nous ne nous parlons pas. J’entre dans l’hôtel, Pablo, lui, monte dans un taxi pour se rendre à l’event. Je passe tout l’événement avec une boule au ventre. Sans grande surprise, il gagne son combat et remporte la ceinture. Il devient champion d’Europe devant mes yeux. L’event continue et je me dis que voilà, c’est la fin et que je vais devoir me relever après cela sans jamais le revoir. 

 

Scène 10 : Rapprochement fougueux 

 

Mais j’entends un : “Pssst, hé, Lana ?”. Mon Dieu, c’est lui ! Je me lève, nous parlons vite fait. Nous nous disons que c’est cool de se croiser et que la vie est incroyable. Nous avons abordé des sujets très nuls aussi, comme la pluie et le beau temps.  

 

J’ai l’impression de planer à ce moment-là. Je ne suis plus trop consciente de ce qui est en train de se passer. Souvenez-vous que cinq heures auparavant, je pensais qu’il était toujours à l’autre bout du monde. Il me demande mon numéro puisque nous avions tout supprimé l’un de l’autre.

 

Il rejoint les vestiaires, je reçois un message de Pablo pour savoir si nous allions sortir après l’événement, mais pour sa part il doit rentrer à Paris avec son coach. Nous n’aurons pas le temps de nous revoir. 

 

Les jours suivants, nous avons parlé de tout et de rien, par message, jour et nuit. Nous avons rapidement eu envie de nous revoir pour mettre fin à ce chapitre sans fin, et pour que je puisse lui faire part de tout ce que j’avais à lui dire. J’étais prête à tout lui dévoiler pour ne plus avoir de poids sur mes épaules. Je voulais que tout soit dit et qu’il n’y ait plus aucune  zone d’ombre. Je sentais que c’était la meilleure chose à faire pour me libérer de ce poids si lourd, m’ayant pas mal pourri la vie. 

 

À l’époque, je travaillais de nuit et j’effectuais beaucoup d’heures supplémentaires. Je partais quasiment tous les mois en vacances ou en weekend, et justement, j’avais prévu de passer un weekend à Porto. Pablo décide de prendre un vol pour me rejoindre à Porto. Fidèle à lui-même, et  toujours surprenant. Quel stress, avant de le rejoindre ! Je me demande si je ne refais pas une bêtise. Je suis à deux doigts de tout annuler tellement la pression est insoutenable.

 

Mais dès que nous nous revoyons, nous retrouvons notre complicité instantanément. Nous rigolons, mangeons, nous nous promenons comme des amoureux. Il me raconte l’incroyable aventure qu’il a vécue et nous attendons le dernier jour et le dernier moment pour parler des vraies choses, de la véritable raison du pourquoi nous nous retrouvons ici.

 

Après beaucoup d’heures de conversation, de rires et de pleurs, je me sens libérée de tout ce poids accumulé au fil du temps. Nous nous rendons compte mutuellement que notre histoire d’amour est inachevée et que nous devrions tenter de voir où elle pourrait nous mener. 

 

Je me retrouve enfin, je me sens à ma place. J’ai l’impression que je reprends le contrôle de ma vie et que j’ai retrouvé mon chemin, que je n’avais jamais réellement perdu, mais que j’avais été contrainte d’abandonner. Pablo habitait en région parisienne. Nous faisions les déplacements Paris-Suisse deux fois par mois. Cette relation à distance me rappelait toute la souffrance que j’ai vécue et ne le retrouve que partiellement. J’ai tant donné, tant souffert. Cette distance détruisait notre relation. Nous ne pouvions pas continuer comme cela au risque de nous perdre encore une fois.

 

Scène finale : Et ils vécurent heureux… 

 

Après mûres réflexions, nous décidons que ce serait moi qui quitterai la Suisse pour la France. J’avais besoin de ce changement et Pablo ne pouvait pas s’expatrier une deuxième fois en Suisse, sans que cela ne nécessite de grandes démarches administratives. Vive les joies de la Suisse…

 

En janvier 2019, je m’installe définitivement en région parisienne et nous sentons que nous devons rattraper le temps perdu. Rapidement, nous décidons de travailler ensemble, de créer et d’évoluer. Cela ne fut pas simple. Nous avons dû l’accepter et prendre le temps de comprendre que, tous les deux, nous avions changé, et vécu des expériences différentes. 

 

Au fond de nous-même, nous l’avons toujours su… Que nous étions fait l’un pour l’autre. Nous n’avons rien forcé. Nos chemins se sont recroisés une deuxième fois, alors qu’il n’y avait aucune probabilité pour que cela arrive. Nous avons saisi l’opportunité ! Notre histoire est carrément folle, mais elle nous a soudé. Nous avons accueilli notre bébé en mars 2021. Il est venu nous apporter beaucoup plus d’amour et de sérénité. Maintenant, nous sommes les trois contre le reste du monde. 

 

Je suis convaincue que dans la vie il n’y a pas de hasard, mais que des rendez-vous.



 



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