Aujourd’hui, je souhaite mettre en lumière la thématique de la dépression décrite par Charlotte, dans son article La dépression: une histoire de “bas”.
La première question que l’on peut se poser est la suivante: peut-on anticiper la dépression ?
Anticiper la dépression paraît difficile, sauf peut-être si l’on a été exposé dans le quotidien familial à des personnes dépressives, ou dans son entourage amical ou social.
Cette connaissance acquise peut permettre de reconnaître plus rapidement les signes avant-coureurs qui vont être décrits maintenant.
Les signes avant-coureurs de la dépression
Voici une liste décrivant les signes avant-coureurs de la dépression :
- La survenue d’une humeur dépressive, faite d’une perte d’intérêt pour les aspects de la vie habituellement sources de plaisir, un abattement avec perte d’énergie et une augmentation de la fatigabilité.
- Une réduction de la concentration et de l’attention, avec diminution de l’estime de soi et de la confiance en soi.
- Un sentiment de culpabilité et d’inutilité.
- Des perspectives négatives et pessimistes pour le futur, ainsi qu’un regard systématiquement négatif sur son passé.
- Des troubles du sommeil, une perte de l’appétit ou au contraire des comportements boulimiques.
- Des idées et comportements suicidaires.
La dépression, une maladie qui se soigne et dont on peut guérir
Si ces symptômes durent depuis au moins deux semaines et s’ils s’expriment tous les jours, ils doivent vous conduire à consulter un médecin rapidement, car la dépression s’installe.
Un épisode dépressif caractérisé peut également se manifester par des signes corporels: plaintes et douleurs, troubles de la sexualité.
Certains symptômes peuvent avoir une expression différente, selon les cultures et les croyances.
Récemment encore, dans la culture occidentale, parler de sa souffrance psychologique était un tabou social. Cet interdit social conduit les gens à exprimer leur détresse par d’autres voies.
Des plaintes corporelles digestives, des douleurs musculo-tendineuses, des lombalgies ou des maux de tête par exemple (etc)…Le médecin consulté devra alors réaliser un bilan qui élimine une cause organique, c’est-à-dire la lésion d’un organe.
Cet interdit conduit également à recourir à des produits dits « psychotropes » qui modifient l’humeur et procurent un soulagement très temporaire de la souffrance psychique : l’alcool, les drogues, l’auto-médication (c’est-à-dire le recours à des médicaments sans prescription médicale), les conduites sexuelles à risque ou autres.
Si ces substances ont un effet apaisant de façon temporaire, elles ne guériront jamais la dépression et entraîneront de graves problèmes de santé supplémentaires.
L’impact de la dépression et son diagnostic
Nous voyons mieux l’impact de la pathologie dépressive sur la personne concernée et aussi sur son entourage familial et amical.
Face à ces signes de détresse, les proches peuvent se trouver en difficulté pour soutenir la personne malade, ce d’autant que la personne dénie ses troubles, voire peut se montrer agressive avec elle-même ou avec autrui.
Le médecin généraliste consulté pourra évaluer le degré de gravité de la dépression, organiser une hospitalisation si nécessaire et solliciter ainsi l’avis d’un psychiatre.
Son évaluation diagnostique prendra en compte le contexte de vie de la personne, familial et socioprofessionnel ; le degré d’isolement est un élément important à évaluer. Des personnes de l’entourage peuvent être ressources ou au contraire représenter un facteur aggravant, comme par exemple la présence d’un conjoint violent.
Différencier la dépression d’autres états de détresse psychologique
Le deuil
Le deuil n’est pas considéré comme étant un épisode dépressif caractérisé. L’état de deuil est une réaction d’adaptation à une perte significative qui ne doit pas être considérée comme un état pathologique.
Cependant, le deuil peut parfois se compliquer d’un épisode dépressif caractérisé et comporter alors un risque suicidaire.
Le burn-out
La dépression ne peut non plus être confondue avec le syndrôme d’épuisement professionnel, autrement appelé burn-out, dont nous traiterons dans un autre article.
Le syndrôme post-traumatique
Face à l’expression de la dépression, comme définie auparavant, le médecin doit s’enquérir d’éventuelles violences subies par la personne qui le consulte, car il s’agira alors de mettre en place les soins nécessaires à la prise en charge d’un syndrôme post-traumatique, thème qui sera abordé ultérieurement.
La tristesse
Enfin la tristesse est une émotion naturelle, qui survient en réaction aux épreuves de la vie, en particulier la perturbation de nos liens conjugaux, familiaux, amicaux ou socio-professionnels. Cette émotion est à respecter, elle nous permet de rebondir face aux épreuves, nous oblige à ne pas rester coincé face à l’adversité et à chercher des réconforts, des consolations authentiques et pas dictées par des faux-semblants.
La personne dépressive restera insensible à toute marque d’empathie, à toute proposition de réconfort, convaincue qu’elle n’a aucun intérêt pour les autres.
Traverser la tristesse suppose d’avoir reçu protection et réconfort quand nous étions enfants, d’avoir intériorisé l’expérience de la tendresse offerte par un adulte bienveillant, qu’il soit parent ou éducateur.
L’expression émotionnelle de la tristesse varie beaucoup d’une culture à l’autre. Certaines cultures interdisent l’expression des émotions dans l’espace social et aussi dans l’espace familial. Ces interdits sociaux imposent aux personnes de refouler leurs émotions qui ne disparaissent pas pour autant. Elles vont prendre d’autres chemins d’expression, des maladies psycho-somatiques ou des passages à l’acte contre soi ou contre autrui.
Le recours à des substances psycho-actives est un exemple des passages à l’acte possibles.
Le traitement de la dépression
Les médecins, généralistes ou psychiatres, ainsi que nos collègues psychologues et psychothérapeutes, se sont formés à reconnaître et soigner les personnes traversant un épisode dépressif caractérisé. Il en est de même des équipes soignantes compétentes pour soigner les addictions.
L’accès aux soins des personnes dépressives est essentiel, car les traitements médicamenteux, conjugués aux psychothérapies, permettent de guérir d’un épisode dépressif caractérisé.
Docteur Xavier Cleray