La solitude, impact de l'expatriation - Hors-Normes
Une femme qui se sent seule

La solitude, impact de l’expatriation par manque de lien social

écrit par Docteur Cleray Xavier

Aujourd’hui, je partage avec vous chères lectrices, un extrait du livre de Françoise Dolto, “La solitude heureuse« . Cette ressource vient éclaircir le sentiment de solitude décrit par Charlotte dans ses articles sur La vie de couple en expatriation et Être une mumpreneure expatriée.

Je ne vous cache pas que ce texte m’a personnellement tiré vers le haut.

 

Extrait 

 

« Chacun de nous, quand l’étreint le sentiment de n’être pas compris, d’éprouver un sentiment impossible à communiquer, sentiment douloureux qui fait le corps mal être au milieu des autres, en famille, en société, dans un groupe, dans une foule, ressent la solitude amère que nous traduisons par ennui, angoisse, tristesse, mélancolie, désespoir ou avec des mots populaires encore inadéquats mais plus proches de ce mal être, »cafard, bourdon »; nous nous aspirons à retourner sinon en réalité, du moins en imagination, fuyant l’état obsédant qui nous fait prisonnier, à l’un de ces lieux où la solitude est paix, un de ces lieux de la planète où la nature un jour a su nous redonner vie confiante, espérance dans notre douleur de mal aimé mal aimant, lieux de bonheur trouvé.

 

Alors la solitude nous apparaît douce malgré l’impossible communication avec les êtres chers, les compagnons de travail, malgré ces visages rencontrés sans regard échangés, ces bouches parlantes sans mots qui nous touchent, ces corps mobiles étrangers, aux gestes de guignol, sans bras fraternels posés sur notre épaule et sans main secourable.

 

Bénis soient ces lieux terrestres de ressourcement où, solitaires et assoiffés d’amitié, la nature sait nous être fraternellement jumelée, où rien qu’en y rêvant, en retrouvant une photo, un dessin évocateur, un sourire, une joie humanisée nous est rendue. D’abattis que nous étions, nous sentons notre courage revenir, par la nature chiffonnés, soulagés de ce qu’il y avait d’incommunicable dans notre épreuve et rendus au langage du jour qui reprend son cours.

 

Bénis soient aussi les animaux dont l’espèce amie des hommes depuis des millénaires est une présence secourable, aux fardeaux du travail nos auxiliaires, comme aux choses plus subtiles qui font la solitude humaine pesante.

Que de détresses solitaires du corps et du coeur ils ont aidé et aident encore chaque jour à supporter, que de plaintes et de secrètes angoisses ils permettent à leurs  maîtres et à leurs maîtresses, aux très jeunes sans autres camarades comme aux vieillards, aux clochards comme aux milliardaires, de dire à leurs oreilles discrètes. Que de fois ces animaux qu’on dit domestiques ont apprivoisé la sauvagerie réveillée au cœur des hommes abandonnés par le compagnon traître ou l’ami disparu. Ces vivants d’une autre espèce qu’humaine, fidèles, affectueux, patients qui savent entendre, comprendre et partager au jour le jour tristesse et peine des hommes.

 

Bénis soient, consolation de notre ennui, acceptation de notre ingratitude, nos bêtes de somme, nos bêtes de trait, nos animaux domestiques, humbles présences muettes et compagnie rassérénantes dans notre monotone et décevant quotidien aux heures de fatigue, d’insomnie et d’inquiétude, de solitude. » 

 

Biographie de l’auteure 

 

Françoise Dolto, née le 6 novembre 1908, était médecin et psychanalyste pour enfants.

Elle a notamment publié: « Psychanalyse et pédiatrie “ ; “Le cas Dominique”; “Lorsque l’enfant paraît« ; “L’évangile au risque de la psychanalyse”; “Sexualité féminine”; “La cause des enfants”; “Tout est langage”; “La difficulté de vivre« .

Elle est décédée le 25 août 1988.



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