La confiance en soi, au même titre que l’amour de soi et la vision de soi, font partie des trois piliers de l’estime de soi. Nous allons ici approfondir la dimension de la confiance en soi. Nous verrons qu’elle s’acquiert pendant l’enfance et l’adolescence, elle s’épanouit à l’âge adulte, selon ce que nous avons acquis dans les étapes précédentes.
Qu’est-ce que la confiance en soi ?
Avoir confiance en soi, être confiant, c’est penser que l’on est capable d’agir de manière adéquate dans les situations importantes. La confiance en soi est donc essentielle pour agir, dans l’espace de notre vie privée et de notre vie sociale, qu’il s’agisse de la scolarité ou de la vie professionnelle.
Dans la suite de ce dossier, nous verrons comment elle s’acquiert. Lorsqu’elle fait défaut, ou qu’elle excède, nous pouvons altérer notre santé physique ou mentale.
Par des comportements inadaptés, nous nous exposons à des accidents, quand nous ne réfléchissons pas suffisamment avant d’agir : conduire une voiture en état d’ivresse ou sous l’emprise de drogues, par exemple.
Le manque de confiance en soi entraîne un niveau de stress qui nous déborde, et ce, jusqu’à être précipité dans des états de panique. Ce manque peut aussi nous exposer à des échecs répétitifs, ce qui va finir par nous déprimer.
Confiance en soi et petite enfance, de la naissance à trois ans
Les nouveau-nés et les nourrissons, dans les premières semaines de vie, n’ont pas conscience de leur existence en tant qu’être différencié de leur mère.
Ils acquièrent progressivement des capacités motrices qui leur permettent de se déplacer, en rampant, à quatre pattes, debout avec appui, et enfin, ils marchent sans appui.
La reconnaissance et les encouragements que leur expriment les adultes qui les entourent, contribuent à développer leur confiance en soi.
Il en va de même de la qualité des soins qu’ils reçoivent, la façon dont ils sont nourris, les soins de leur corps, le respect de leur rythme de vie et les réponses à leurs émotions.
La confiance en soi grandit dans toutes ces interactions. Nous pouvons dire que la confiance que les adultes nourriciers lui accordent, est le terreau fertile dans lequel la confiance en soi va pouvoir germer.
Tous les bébés n’ont pas le même tempérament, ni le même rythme de développement. Les soutenir dans leurs étapes de développement n’est pas une course aux résultats, mais un accordage subtil entre, d’une part, la vision que les parents ont de leur enfant, et d’autre part, ses capacités.
Si l’écart est trop grand, le bébé va en souffrir quand il ne répond pas à des attentes et à des exigences hors de sa portée. À la place de la confiance en soi, va s’installer un niveau d’angoisse qui freine son développement.
Il en est de même des capacités de communication de l’enfant avant trois ans, l’âge de son entrée à l’école maternelle. Selon la façon de s’adresser au bébé qui grandit et au degré de sécurité de la relation aux adultes qui l’entourent, il gagnera en confiance dans ses capacités à comprendre ses besoins et ses émotions.
La confiance en soi est aussi liée à la capacité de séparation entre la mère et le bébé. Quand cette séparation est supportée par la mère, qu’elle ne la plonge pas dans une angoisse débordante, l’enfant peut découvrir d’autres personnes et un environnement nouveau. Il retrouve ensuite sa mère dans le calme d’une relation apaisante, il gagne en confiance.
Confiance en soi de l’enfant entre trois et onze ans
Pour nombre d’enfants qui n’ont pas vécu un mode de garde avant l’âge de trois ans (crèche ou assistante maternelle), la vie sociale débute à l’entrée en école maternelle.
Ils vont se familiariser avec la vie en collectivité, dans un environnement différent de leur contexte de vie familiale.
Cette adaptation leur demande des efforts, mobilise de nombreuses émotions. Leur confiance en soi est de nouveau sollicitée pour entrer en relation avec des adultes inconnus qui interviennent à l’école, et avec les autres enfants. Cet apprentissage des relations sociales n’est pas un long fleuve tranquille, il suffit d’observer la cour de récréation d’une école maternelle pour s’en convaincre.
Le rôle crucial de la relation enseignant-enfant
Je partage ici avec vous un lointain souvenir professionnel pour illustrer mes propos. Au début de ma carrière de médecin de protection maternelle et infantile (PMI), je réalisais les bilans de santé des enfants de 3 à 4 ans dans une école maternelle. Je recevais les enfants en présence d’un parent, le plus souvent la maman.
Un jour, dans la même matinée, plusieurs mamans témoignent que leur enfant a recommencé à faire pipi au lit et qu’il a des accidents dans la journée à l’école. Elles témoignent également que les enfants ont peur de rester à l‘école.
Les consultations avec les mamans se déroulent dans le dortoir, mitoyen de la classe des enfants que je reçois. Tout au long de la matinée, j’entends la voix de l’institutrice qui ne cesse de crier lorsqu’elle s’adresse aux enfants. J’ai signalé cette situation à la directrice de l’école pour qu’elle intervienne auprès de l’institutrice.
Cet exemple montre à quel point la qualité de la relation entre les enseignants et les enfants dont ils ont la responsabilité éducative à l’école, peut entraver, voire détériorer la confiance en soi des enfants. Les enfants sont sensibles au respect que les adultes leur témoignent. Lorsque ce respect fait défaut, cela génère un stress qui empêche l’enfant d’avoir confiance en soi, le poussant à régresser, comme dans l’exemple précédent.
À la nécessaire bienveillance et au respect qui leur sont adressés, les enfants ont également besoin de soutien et d’encouragements pour gagner confiance en eux. Ce rappel apparaît évident, mais demandons-nous comment nous le mettons en pratique.
La psycho-pédagogie
Nous ouvrons ici le grand chapitre de la psycho-pédagogie. La psycho-pédagogie est l’art de transmettre des connaissances en soutenant les compétences des enfants et des adolescents, afin qu’ils découvrent leurs capacités en expérimentant des savoirs de façon active. Ceci dans le but qu’ils accèdent à la compréhension du monde qui les entoure et qu’ils puissent agir intelligemment, à savoir, sans être destructeurs pour leur environnement humain et naturel.
J’ai découvert récemment l’oeuvre du docteur Janusz Korczak, médecin polonais qui s’occupait d’enfants dans un orphelinat, dans la première moitié du 20e siècle. Vous pouvez écouter son histoire dans un podcast de France Culture intitulé “Avoir raison avec Janusz Korczak”. Vous comprendrez ainsi comment sa démarche psycho-pédagogique permettait aux enfants de développer la confiance en soi.
Les tuteurs de la confiance en soi
La confiance en soi n’est pas innée, elle n’est pas inscrite dans nos gènes, elle est le fruit d’un apprentissage du monde en faisant des expériences que les personnes qui nous éduquent reconnaissent comme valeureuses.
Lorsque nous faisons pousser une plante ou un jeune arbre, nous le soutenons avec un tuteur, pour qu’il ne ploie pas sous l’effet des intempéries. Il en est de même pour permettre à un enfant de grandir en ayant confiance en lui.
Le sport, la créativité, la lecture
La confiance en soi repose également sur notre capacité à maîtriser notre agressivité et à gérer les conflits qui émaillent le quotidien, dans la famille et dans l’espace social.
Une des voies possibles est la pratique du sport. Elle permet aux enfants d’apprendre à se situer dans un cadre de règles du jeu, et à maîtriser ainsi leurs élans pulsionnels.
Un autre tuteur de confiance en soi est la créativité. Ce que font spontanément les enfants lorsqu’ils jouent, dessinent ou se consacrent à la musique ou toute autre forme de créativité.
Ils consolident également leur confiance en eux en lisant. La lecture stimule leur curiosité pour le monde et leur imagination. Quand nous lisons, aucune image ne nous est imposée, nous la créons nous-mêmes. Les enfants rencontrent des personnages auxquels ils s’identifient, identifications sur lesquelles ils s’appuient pour rêver leur avenir.
Adolescence et confiance en soi
La confiance en soi, acquise pendant l’enfance, se voit questionner, voire mise à mal, par les ados.
D’abord par les transformations corporelles qui s’imposent à eux, transformations liées aux modifications hormonales.
Le vécu des ados est complexe : ils doivent s’adapter à leur vécu corporel et aux modifications psychologiques qu’il entraîne ; s’adapter aussi à la façon dont ils se sentent regardés, perçus par leur entourage familial, amical et social.
Les ados, comme les enfants plus jeunes ou les adultes, ont besoin de vivre des réussites, d’expérimenter leurs compétences, qu’elles soient sportives, artistiques, scolaires ou altruistes.
S’ils trouvent autour d’eux des adultes fiables, qui les aident à découvrir et à développer leurs compétences, leur confiance en eux grandira, et ce, malgré les turbulences qu’ils traversent. Dans le cas contraire, ils vont développer des troubles (par exemple, troubles des conduites alimentaires, états dépressifs avec tentatives de suicide, actes agressifs contre d’autres ados…) que je ne détaillerai pas ici.
Faute d’un entourage familial stable et valorisant, les ados se tournent vers leurs pairs avec qui ils cherchent l’affection et la reconnaissance qui leur fait défaut dans leur famille.
Ils peuvent adopter des comportements délinquants par imitation ou par goût de se sentir leader, ce qui leur procure une confiance en eux que je qualifierai de factice, car elle les précipite vers des conduites anti-sociales qui les marginalisent et leur vaudra un jour ou l’autre, de graves conséquences.
Les ados peuvent aussi tester leurs limites en prenant des risques vitaux, comme la conduite de véhicules sous l’emprise de l’alcool ou de la drogue. Ces défis, lancés à la réalité de la mort, sont des équivalents suicidaires, peut-être une façon d’échapper à des réalités sociales et/ou familiales trop difficiles à supporter.
Quand les ados vivent dans une famille soutenante et bienveillante, ils montrent leurs capacités à se surpasser.
La confiance en soi à l’âge adulte
Prenons ici l’exemple des para-athlètes. Lors des jeux paralympiques, ceux d’entre eux qui étaient porteurs d’un handicap depuis leur enfance, nous ont montrés jusqu’où ils ont réussi à se surpasser, en composant avec les limites de leur corps. Leurs performances n’auraient sans doute pas été possibles sans le soutien inconditionnel de leur entourage familial, lui-même en lien avec des équipes soignantes compétentes.
Quant aux para-athlètes qui ont vécu un accident à l’âge adulte, les privant de leurs capacités antérieures, je suppose qu’une fois le choc passé, ils ont puisé dans leur confiance en eux et dans le soutien que leur entourage familial et amical leur ont témoigné, ainsi que le soutien des soignants, médecins, infirmiers, kinésithérapeutes et psychologues qui les ont aidé à se reconstruire, physiquement et psychiquement. Nul doute que la pratique du sport les a portées vers le dépassement de soi et leur a offert la confiance en soi nécessaire pour continuer à vivre dans un corps différent.
Ce dernier exemple montre que la confiance en soi, si elle est individuelle dans son expression, ne peut se concevoir que dans le partage, le tissage de relations avec des personnes, nos parents ou d’autres, qui nous ont accordé leur confiance.
Pour terminer, je souhaite ici rendre hommage à ma mère défunte en 2020. Elle m’a transmis la vie et m’a donné sa confiance en mes capacités d’apprentissage, quand j’étais enfant et adolescent, ce qui m’a permis de devenir médecin, métier qui demande d’avoir confiance en soi pour en assumer les responsabilités.
Vos mots autour de la confiance en soi
Si ce dossier thématique a touché votre curiosité, nous vous invitons à témoigner de la façon dont vous avez gagné confiance en vous. Avoir confiance en soi est un long chemin, semé de doutes, d’hésitations et d’échecs. Un peu comme la vie, au fond…
Nous vous invitons également à partager avec nous vos ressources autour de la confiance en soi : lectures, podcasts, sites internet (etc…). Le partage est source d’enrichissements.