Hypersensibilité, manque de confiance en soi, anxiété, épisodes de fatigue chronique, instabilité professionnelle : des mots que Léa utilise pour décrire la dépression qui l’accompagnait, ou peut-être la poursuivait.
Des aides précieuses
Lorsque Léa s’est retournée sur les chemins quand elle se sentait seule, son conjoint n’était jamais loin, il veillait sur elle et leurs enfants. Je l’imagine discret et infiniment respectueux, ressource précieuse et patiente. Un vrai compagnon, celui qui vous offre sa main secourable quand on se voit couler, comme Léa l’a vécu dans des moments sombres.
Léa a su trouver une équipe soignante en capacité de coordonner ses soins, une intelligence collective salvatrice. Je rejoins Léa lorsqu’elle dit que l’acceptation des soins ne peut se faire que dans la confiance que nous accordons aux soignants. Cela s’appelle l’affiliation entre soignants et patients ; lorsqu’elle n’est pas établie, les soins proposés ne fonctionnent pas.
Des mots réparateurs
Renaître à soi par la poésie, tel fut le choix de Léa. Grâce à son témoignage, j’ai découvert ce bel art japonais, le Kintsugi. Réparer une céramique cassée avec de l’or, cela m’a rappelé un ouvrage de Didier Anzieux, psychanalyste, qu’il a appelé “Créer, détruire”. La dépression ne serait-elle pas une force autodestructrice invisible qu’il faudrait combattre par la créativité, force vitale qui nous tient debout, entier-e, pour mieux assumer notre place dans la société et porter les valeurs de notre culture ?
Léa nomme les injonctions sociales et familiales qui l’ont entravé, “LES cases”. Les mots de la poésie, ceux que son être profond lui a offerts, lui ont ouvert le chemin de l’émancipation. Léa a lutté pour s’en libérer, ces mots sont autant de navires qui la portent sur les flots des océans les plus calmes comme les plus turbulents.
En lisant le témoignage de Léa, je me suis aussi souvenu de deux ouvrages de Moussa Nabati, psychanalyste, thérapeute et docteur en psychologie, “Comme un vide en moi” et “La dépression, une maladie ou une chance ?”. Je vous invite à les lire si son récit vous a touché.
Merci à Léa d’avoir accepté de partager son témoignage avec les lectrices du blog Hors-Normes. Si vous avez trouvé, comme Léa, la porte de sortie de la dépression, ou si vous avez aidé un proche à se soigner, nous vous invitons à réagir à ces articles. De même, si vous exercez des fonctions soignantes, votre expérience peut encourager des personnes à demander des soins.