Erasmus, un rêve déchu
J’ai toujours été curieuse de découvrir le monde et de dépasser les frontières du connu. J’ai eu
l’occasion de réaliser un premier stage professionnel dans un pays étranger au cours de mes
études en commerce international.
Alors que certain de mes amis partaient en Erasmus, cela n’a malheureusement pas été mon
cas. Je les enviais, car oui, Erasmus, c’est toujours une expérience un peu à part. Ainsi, même
si elle est différente pour chacun, il y a quand même “un noyau dur”, une “solidarité Erasmus”
impressionnante. Pour ceux d’entre vous qui avez vu “l’Auberge espagnole”, (film de Cédric
Klapisch), c’est tout à fait cela. On y est, rien n’est exagéré.
Destination n°1 : l’Allemagne
Je réalise donc un stage en Allemagne, à Cologne. Un stage qui se déroule très bien, dans une
jolie ville, “un petit Paris”, dont je garde un souvenir mémorable.
Destination n°2 : retour en France
La vie me pousse ensuite à retourner au pays où je trouve un emploi dans les Ressources
humaines. Un travail que j’apprécie, car il comporte plusieurs facettes : de l’humain, de la
gestion de paie, de l’embauche, c’est large. J’ai beaucoup aimé ce travail, car il y avait
énormément de choses à faire. Mais je reste tout de même sur une envie, une frustration: celle
de partir vivre à l’étranger.
Cela me permettrait d’appliquer les théories commerciales et
marketing que j’ai apprises dans mes cours de commerce international (que je n’ai finalement, à
ce stade, encore jamais appliquées).
Mon souhait de pratiquer les langues grandit aussi de jour en jour, car je parle anglais, allemand
et espagnol. Je me répétais sans cesse: “ Je suis en France et je ne pratique pas, du moins pas
comme j’aurais aimé le faire”.
Destination n°3 : Londres
Quand je me décide enfin à postuler à l’étranger, nous sommes en 2018. Une grosse crise
européenne est en cours. Je postule à Londres et je suis embauchée pour un poste de
recrutement (quel changement!), enfin de chasseur de tête, comme le disent les Anglais.
La crise des subprimes se produit et “le bureau de Londres” me rappelle pour me dire que
finalement, la boite ne peut plus m’engager. Ils sont eux-même en train de licencier leurs
propres salariés. J’étais tellement prête psychologiquement et matériellement à déménager
dans un autre pays que je fus très déçue par cette nouvelle.
Destination n°4 : Dublin
Mais qu’à cela ne tienne ! Je postule sur une agence à Dublin, en Irlande, pour un contrat de
chargé de clientèle. Le recrutement se passe en France, donc même pas besoin de faire de
visio.
Je suis recrutée dans une grosse boite américaine. Je vous laisse imaginer un peu ma joie!
J’allais enfin pouvoir appliquer la méthodologie que j’avais apprise, parler anglais à 100% et
vivre à l’étranger, tout ce que je désirais!
Il est vrai qu’après cela, tout s’est enchaîné très rapidement. J’ai posé ma démission en France
et rendu mon appartement, le tout en un mois. J’étais très motivée. De plus, j’ai eu beaucoup de
chance, car la boite m’a offert le relocation package: il comprend le billet d’avion, la formation, le
logement, le temps de la formation, bref, c’est un pont pour partir facilement.
Ma vie à Dublin
J’arrive donc à Dublin où tout se passe très bien. Je suis prise en charge dès mon arrivée, quel
joli souvenir. Dans le Bed & Breakfast, la famille m’accueillant est adorable, tout comme les
Irlandais. Je puis affirmer que leur réputation est véridique, vérification faite lors de mes quatre
années passées sur place !
Je prends conscience de cette population incroyable qui m’entoure. Elle a gardé cette énergie
et cette bienveillance que l’on retrouve un peu dans les campagnes françaises, alors que nous
sommes tout de même dans la capitale. Cela représente un changement énorme par rapport à
Paris et à la France en général.
Je découvre la méthode américaine, celle que je voulais tant pratiquer fut enfin à portée de
main. Je vous l’explique: “quoi que vous fassiez, vous êtes toujours à votre maximum, il n’y a
pas de temps mort, pas de moment où nous ne sommes pas efficaces. Tout est fait pour que
vous et votre équipe soyez efficaces. Le seul bémol se situait au niveau de mon autonomie,
celle avec qui je travaillais depuis mes débuts, fut quelque peu mise à l’épreuve.
Et oui, cette méthodologie demande tout de même des autorisations aux N+1 avant d’agir. On ne peut donc pas vraiment sortir des lignes. On reste aussi très (trop) souvent sur de la mono tâche,
répétitive. Mais, j’en avais envie, alors tout va bien.
En dehors de tout cela, je prends aussi conscience du fait que les Français ne sont jamais aussi
sympas que lorsqu’ils sont expatriés. Sincèrement ! La plupart des Français avec qui j’ai
échangé durant tout mon séjour irlandais sont même devenus “des amis” avec qui je suis
toujours en contact. L’entraide était très présente entre expats Français.
Les points sensibles de l’expatriation
Quand j’y réfléchis, je ne trouve pas tant de points négatifs à mon expatriation. Honnêtement !
Je regrette simplement et surtout de ne pas l’avoir fait plus tôt. Aussi, je n’ai pas visité toutes les
contrées d’Irlande autant que je l’aurais souhaité.
La météo laisse parfois à désirer. A certaines périodes de l’année, il fait un temps de cochon et
la nuit tombe très tôt. On ne peut donc pas profiter de la nature et des couleurs magnifiques des
paysages. D’ailleurs, c’est une période peu recommandée pour visiter et voyager dans le pays.
La conduite à gauche demeure aussi un point sensible, ainsi que le fait de devoir louer des
voitures, même si chacune de mes virées irlandaises restent un souvenir mémorable.
Une dernière chose que je regrette ? Le fait que les Irlandais ne se mélangent pas, ou du
moins, très peu. Je trouve qu’ils restent le plus souvent entre eux. Ils adorent prendre le temps
de discuter, mais cela s’arrête ici. J’aurais aimé garder plus contact avec des Irlandais.
Le retour en France après l’expatriation
Un autre point sur lequel je souhaite revenir, est le retour en France après quelques années
passées à l’étranger. Les amis de longue date nous demandent de raconter toutes nos
aventures d’expat, car c’est vrai qu’il s’en passe des choses lorsqu’on est expatrié. Mais ils ne
se mettent absolument pas à notre place, ne nous comprennent pas vraiment, voire, ils ne
comprennent même pas l’intérêt d’être parti à l’étranger si longtemps.
Parce qu’eux, ont continué à vivre leur vie au même endroit. Ils ont construit des vies très solides avec maison et vie de famille. Ils ne s’imaginent pas du tout faire ce que vous avez fait. Vous devenez un peu “la petite animation de service”, mais cela creuse un très grand vide entre vous et eux. Enfin,
c’est certainement du à l’expatriation, mais dans le fond, nous savons tous qu’il existe deux catégories d’amis sur cette Terre: ceux que l’on n’a pas vu depuis six mois et avec qui tout reste
normal, comme si de rien n’était. Puis, il y a les autres.
Je dirais que l’expatriation permet de faire un tri plus rapide. Ça peut être perturbant de perdre ses marques lors d’un retour dans son pays d’origine.
Les points positifs de l’expatriation
En revanche, les points positifs demeurent beaucoup plus nombreux. J’en dénombre tant que je
vous les partagent sous forme de liste : pratiquer une langue étrangère ; connaître la culture
d’un pays ; vivre de nouvelles expériences ; visiter et voyager ; améliorer sa capacité
d’adaptation ; rebondir ; apprendre sur soi ; se débrouiller ; parler avec les gens instantanément
; découvrir de nouvelles méthodologies ; faire de nouvelles rencontres ; tisser de nouvelles
amitiés à l’international.
Destination n°5 : Barcelone
Un petit mot pour terminer? Lorsque je prends du recul sur cette expérience de l’expatriation, je
m’aperçois que celle-ci m’a permis d’avancer. Du moins, j’ai beaucoup changé, j’ai mûri. Je
conseille à toutes les personnes qui le souhaitent de vivre une expérience d’expatriation sans
hésiter, car elle fait grandir et rajeunir en même temps. Même si cela peut être difficile à
concevoir.
Par ailleurs, j’ai pour ma part tellement adoré vivre cette expérience, que par la suite,
je suis partie revivre la même aventure, mais cette fois-ci au soleil, à Barcelone. Est ce que
Barcelone était ma destination finale? Seul l’avenir me le dira !