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La dépression du post-partum

La dépression du post-partum

L’article du jour est consacré à la thématique de la dépression du post-partum. Après l’accouchement, toutes les mamans traversent un moment de fatigue physique et psychologique lié à l’intensité des transformations vécues pendant la grossesse et l’accouchement. Ce moment est communément appelé le “baby-blues”. Il va s’atténuer dans les semaines qui suivent l’accouchement, six à huit semaines environ. En revanche, s’il persiste, alors nous parlons de dépression du post-partum. 

 

Les signes d’alerte d’une dépression du post-partum 

 

Quand persiste la fatigue, que s’installent des troubles du sommeil, en particulier l’impossibilité de dormir quand le bébé dort, parce que la maman est envahie par des pensées qui tournent en rond, il faut évoquer la possibilité d’une dépression maternelle.

Les troubles du sommeil peuvent être accompagnés de troubles de l’appétit, d’un délaissement de soi, de la perte d’envie de se laver et de prendre soin de son bébé. La maman ne prend aucun plaisir à s’occuper de son bébé, à être en relation avec lui. Elle peut également ressentir des angoisses de se faire mal ou de faire du mal à son bébé. Elle peut se sentir détachée de son bébé et/ou de son conjoint. La maman n’arrive plus à apprécier les choses de la vie auxquelles elle prenait plaisir antérieurement.

 

Si ces signes deviennent intenses et quotidiens, ne laissent pas de répit à la maman, il est nécessaire D’EN PARLER.

 

Comment obtenir de l’aide ?

 

Tous les professionnel-les de périnatalité sont formé-es à repérer les signes de dépression maternelle et à accompagner les mamans qui en souffrent vers des soins adaptés.

Les professionnel-les de maternité en premier lieu, mais aussi les médecins traitants, les personnels de protection maternelle et infantile (PMI), les sages-femmes libérales et les psychiatres et psychologues.

Souvent, les mamans ont des appréhensions à parler de ce qu’elles traversent, car elles sont envahies par un sentiment de culpabilité qui pourrait se traduire par la formule suivante : “J’ai tout pour être heureuse, je ne comprends pas ce qui m’arrive, je ne me reconnais pas”.

L’entourage de la maman joue donc un rôle essentiel dans ce moment délicat. Il peut être soutenant ou au contraire aggraver son état, en particulier si la maman a vécu des violences conjugales pendant la grossesse, et continue à les subir.

 

Le traitement de la dépression du post-partum 

 

Le traitement de la dépression maternelle comporte des aides concrètes à domicile, le soutien d’une travailleuse familiale si la maman est isolée.

Le suivi d’une sage-femme et du personnel de PMI, une psychothérapie est également nécessaire et peut être complétée d’un traitement médicamenteux temporaire, le temps d’une restauration de l’état dépressif.

Participer à un groupe de paroles de parents qui traversent les mêmes difficultés peut également apporter du réconfort.

 

Quand la dépression devient plus grave, une hospitalisation en unité de soins mères/bébés peut s’avérer indispensable. Cette indication d’hospitalisation est liée au niveau de risque suicidaire. Pour rappel, le suicide représente la deuxième cause de mortalité dans la période du post-partum.

 

Si vous vous sentez envahie par des idées suicidaires, ou si vous êtes confronté à la difficulté d’une maman en détresse, vous pouvez appeler le 3114, numéro national de prévention du suicide.

 

Être parent, le travail le plus difficile au monde ?

 

En conclusion de cet article, nous pouvons convenir ensemble que devenir parent n’est pas inné, pas confortable, et très déstabilisant. Surtout dans notre société actuelle, où se diluent les solidarités familiales et sociales. Sans compter le mythe de la performance qui s’applique à la fonction parentale, comme aux exigences des fonctions professionnelles.

 

De mon point de vue, celui de beaucoup d’autres, professionnel-les ou parents, devenir parent est une des crises existentielles majeures que traversent les êtres humains. Elle mobilise les fondations de notre être au monde, la responsabilité de transmettre la vie, avec tout ce que cela suppose de joies et d’épreuves.

 

À ce titre, nous devons être disponibles et bienveillants avec toutes les mamans du monde qui transmettent la vie. Elles ne sont pas seules à assumer leurs responsabilités parentales, nous sommes à leurs côtés, et surtout dans ces moments délicats de dépression du post-partum. Notre vigilance et notre disponibilité sont indispensables pour restaurer leur santé et celle de leur bébé.

 

Vous et la dépression du post-partum 

 

Peut-être avez-vous traversé et surmonté un épisode de dépression maternelle, en tant que maman, en tant que conjoint ou membre de la famille ? Nous serons honorés d’accueillir votre témoignage, il pourrait permettre d’encourager des mamans aux prises avec cette détresse, de formuler une demande de soins.

 

De même, si vous êtes personnel soignant en périnatalité, ou travailleur social ayant une expérience d’accompagnement de mamans dépressives, nous vous invitons également à partager vos savoirs. Ils sont précieux pour permettre à des mamans de surmonter cette dépression du post-partum, et ainsi de soulager leur bébé des effets néfastes de leur désarroi.

 

Chercher la détresse derrière un sourire

Chercher la détresse derrière un sourire

Avant de lire cet article, vous êtes invités à découvrir comment Barbara est devenue maman de son premier enfant, dans son témoignage “Le sourire d’une mère”. Dans son récit, Barbara partage avec nous le vécu de sa grossesse, de son accouchement, des semaines, mois et années, qui ont suivis cette épreuve qu’elle nomme, à juste titre, dépression post-partum.

Le récit de Barbara est très détaillé, nous comprenons aisément les tourments qu’elle a traversés, tant dans son corps que dans son esprit.

Je reprends maintenant certains aspects de son vécu : 

D’abord, l’intensité du sentiment de solitude et d’incompréhension qu’elle a supporté. Comme souvent dans les situations de dépression du post-partum, sa détresse semble être restée invisible pour le personnel soignant, pour son conjoint et son entourage familial.

Ceci est dû en partie au fait que les mamans souffrant de dépression, cachent leur détresse derrière un sourire de façade, et ne demandent pas d’aide.

Barbara décrit bien toute l’attention portée au nouveau-né et le manque d’attention dont elle souffrait.

Le temps a fait son œuvre, et vous découvrirez comment Barbara a réussi à traverser cette tempête et à rejoindre la terre ferme.

Accepter de l’aide pour sortir de la détresse 

Nous vous remercions, Barbara, d’avoir accepté de témoigner et d’avoir réussi à nous faire comprendre concrètement ce que signifie la dépression maternelle. Le message que vous adressez aux mamans qui seraient aux prises avec cette pathologie est très précieux : “À toi qui vis la même chose, qui s’est reconnue ou a reconnu une proche : accorde-toi de la douceur, et accepte de l’aide.”

En effet, il est essentiel de ne surtout pas s’enfermer dans la solitude. Faire l’effort de parler de ces tourments, demander de l’aide auprès des professionnel-les de santé, dont les psychologues font partie. 

Les numéros d’urgence 

Si des idées suicidaires surviennent et se font insistantes, que vous soyez la maman en souffrance ou un membre de son entourage, appelez le 3114, numéro national d’écoute et d’orientation pour les malades, leur entourage et les professionnel-les.

En cas de crise aiguë, de fatigue intense ou d’épuisement, appelez le 15, numéro du SAMU, un médecin sera à votre écoute et vous enverra des secours.

Vos témoignages pour retrouver le sourire 

Si vous avez vécu une dépression du post-partum, en tant que maman ou personne de l’entourage d’une maman dépressive, nous vous invitons à en témoigner. De même, si vous êtes professionel-le de périnatalité, vous pouvez témoigner de vos pratiques professionnelles auprès de mamans dépressives et de leur bébé.

Amour et douleur

Amour et douleur

C’est le souffle coupé que je lis, chère Barbara, ton témoignage : “Le sourire d’une mère”. Il est bouleversant, touchant et riche en générosité.

Par quoi commencer ? Ton histoire de vie m’inspire ! Lorsque je me plonge dans ton récit, je ressens autant l’amour que la douleur. J’imagine le conflit intérieur auquel tu fais face sans comprendre ce qui t’arrive. Tu es acculée par la culpabilité, car dans notre monde moderne, seuls les bons moments et les expériences positives sont mis en avant. C’est ici que ton témoignage prend tout son sens : tu oses nous partager une expérience de vie, dont le sujet reste tabou. Tu évoques des maux silencieux, ceux de la dépression post-partum ; des maux qui méritent d’être soulevés pour que les mères ne se sentent plus seules. Tu nous racontes comment la tristesse et la solitude ont été présentes durant quatre ans. Tu as décrit toutes les émotions et tous les états différents que tu as vécus. Félicitations pour ton courage, ton honnêteté et ta bienveillance. 

Ton témoignage met en lumière la différence de la place entre une femme et un homme lorsque l’on devient parent. Il parle également de l’importance d’être bien entouré par le personnel soignant. J’espère que tu as pu être mieux entourée à la maternité pour tes deux autres enfants. 

Ton séjour en maternité est éprouvant. Ainsi même si tu reçois la visite de tes proches, il t’est impossible de dormir. J’ai comme l’impression aussi que tu associes les visites familiales au fait que tes proches “te volent” ces moments tellement précieux avec ton bébé, ces instants à passer avec lui pour créer ce lien magique entre une mère et son enfant. J’ai aussi le sentiment que tu étais comme “invisible”, comme si personne ne te voyait et ne se souciait de tes désirs et/ou besoins.

L’équilibre familial est constamment mis à l’épreuve et demande en permanence de s’adapter, de se remettre en question. La flexibilité et le don de soi dont tu fais preuve, sont très respectables. Il n’y a pas plus difficile responsabilité que celle d’être mère. Tu as su aller chercher de l’aide auprès d’un tiers, une psychologue. Cette démarche révèle ton envie de t’en sortir, et toute ta force, tu peux être fière de toi Barbara.

Je te remercie du fond du cœur pour ce partage de vie difficile et fort à la fois, en espérant qu’il encourage d’autres femmes à prendre leur plume. 

Force, amour & bonheur à toi,

Charlotte C.

Si tu souhaites nous raconter ton histoire, si tu as vécu une dépression post-partum, tu peux te rendre sur notre espace témoignage.

Le sourire d’une mère

Le sourire d’une mère

J’ai 22 ans à l’époque. Depuis toujours, lorsque j’imagine ma vie, je ne visualise qu’une seule chose : être mère. Quand j’ai appris que j’étais enceinte, c’était le plus beau jour de ma vie. J’étais tellement heureuse de l’annoncer à tout le monde.

La boule au ventre

Je travaillais alors dans une chaîne de fast-food, mais pour mes employeurs, mon bonheur ne rimait qu’avec complications et corvées. Bien embêtés que je doive les quitter un certain temps, ils m’ont laissé les tâches les plus ingrates, voire même interdites aux femmes enceintes, au lieu de me proposer les postes aménagés auxquels les femmes enceintes ont le droit. Je me rendais au travail la boule au ventre. Je suis allée voir un médecin du travail, une dame. J’espérais que de femme à femme, il y ait une entente, une connivence. Mais elle n’a pas voulu m’arrêter, car pour elle, il y avait pire comme travail… Finalement, c’est ma gynécologue qui s’en est chargée. 

Si seule 

Je suis arrêtée, et je me retrouve seule, dans la campagne, sans voiture, pendant que mon conjoint travaille. Notre petit appartement ne comporte qu’une chambre, et nous n’avons pas beaucoup de moyens financiers. Malgré tout, je couds quelques petites choses pour ce bébé qui va arriver. 

Ma famille, quant à elle, se rassemble, passe du temps ensemble, car ils vivent proches les uns des autres. Mais moi, je suis seule. Je vois quelques anciennes collègues de temps en temps. Mais le plus souvent, je me retrouve seule.

Si lourde

Le test de dépistage du diabète n’est pas concluant, je dois faire attention à ce que je mange. C’est l’été. Je suis frustrée, fatiguée, triste et seule… Et lourde, très lourde. J’ai pris 35 kilos, j’ai du mal à marcher. Cette grossesse ne ressemble pas à celle que j’avais imaginée, rêvée, fantasmée.

Sale

Mon premier enfant naît au milieu de la nuit, rapidement. Cette naissance est presque comme je l’avais imaginée, elle. Je serre mon enfant contre moi. Quand il part pour être pesé et habillé, je demande à son père de l’accompagner, car moi, je suis clouée au lit. Seule. Branchée. Sale. Vide. Toute seule…

Tant submergée

Tout le monde est en joie de tenir cet enfant chéri, et moi, je sens une vague d’émotions me submerger. Un raz-de-marée. Un tsunami. Elle emporte tout sur son passage : mes douleurs, mes rêves, la jeune fille que j’étais. Pour ne laisser que la mère, engloutie par la mer agitée.

Mon conjoint s’endort, mon enfant, lui, est tout calme dans ses bras. Il manque de le laisser glisser à terre. Je crie. Je ne peux pas bouger. Je suis toujours dans mon lit d’accouchement. Sale. Branchée. Vide. En plus, je saigne.

Si triste 

La peur et la tristesse me tordent le ventre. Je récupère mon enfant. Je le serre contre moi. Je rêve d’un bel allaitement long. Mais encore une fois, mes rêves se désagrègent comme une statue de sable dans l’océan. Personne ne m’aide à la maternité. Personne ne m’entend. Personne ne me voit.

Quand nous regagnons enfin notre chambre, je n’ai pas dormi depuis 24h. Je contemple ce bébé que j’ai fabriqué de toutes pièces ! Papa et bébé, eux, dorment. Les sage-femmes me répètent à chaque visite : « Dormez ». Mais comment pourrais-je ? C’est le plus beau jour de ma vie ! Pourtant, je me sens si triste. Vide. Seule.

Le soir vient, il est 21h, c’est la fin des visites. Ma famille part, heureuse de ce nouvel être vivant accueilli. Mon conjoint part lui aussi. Il a besoin de rentrer se reposer, de réaliser qu’il est papa, et n’aura plus jamais la même vie. J’ai besoin de lui. Moi aussi, j’ai besoin d’embrasser cette nouvelle vie. Mais, il part. Ma mère hésite. Je ravale mes larmes, et lui dit que ça va aller. Je n’ai pas dormi depuis 36h.

Effondrée

On parle de la première douche sur les réseaux, mais jamais de la première nuit. Une fois cette porte fermée, je suis seule avec mon fils. Collé contre mon cœur, je m’effondre en pleurs, de tristesse, d’inquiétude, de panique, d’angoisse, de fatigue. Je dors quelques minutes. Mais mon fils, qui a dormi toute la journée, se réveille. Il pleure. J’ai du mal à le mettre au sein, je suis fatiguée. Alors je le berce. Quand il s’endort enfin, je m’effondre à nouveau. Puis je ferme les yeux, juste un instant. Mais mon fils pleure, à nouveau. Je ne comprends pas. J’appelle les sage-femmes à l’aide, pour comprendre, pour dormir. Et on me répond : « C’est ça d’avoir un enfant ». Le soleil se lève, je berce mon fils encore et toujours. Mon conjoint passe la porte. Il a dormi, pas moi. Une colère froide et sinueuse s’installe dans mes entrailles.

Vide 

Je lui donne notre fils, le temps d’une douche. Cette fameuse première douche. Je suis sale, vide, désespérément et terriblement vide. Je continue à me vider de mon sang. Sous l’eau brûlante et ruisselante, des larmes silencieuses inondent mon visage. La bouche pleine d’eau, des hurlements chuchotés meurent dans ma gorge. C’est le plus beau jour de ma vie… Alors pourquoi, moi qui suis d’ordinaire si souriante, je suis si malheureuse… ?

En colère

Habillée, je retrouve mon fils et son père paisiblement endormis. Je n’ai pas dormi depuis 48h. La colère froide et sinueuse remplit ce ventre si vide.

Ma belle-famille vient voir mon fils, qui passe de bras en bras… « Oh, ça va, tu peux partager ! ». Un flash éclate devant ses si petits yeux, si fragiles. JE VEUX MON FILS. Mais ce n’est pas ma famille, alors je me tais, mon conjoint aussi.

Perdue

Le soir venu, nous sommes trois. J’ai somnolé. Papa dort, malgré les pleurs de mon fils. Ce sont des pleurs de décharge. Mais ça, je ne le sais pas. Je me sens seule, vide. Papa dort. Mon fils pleure. Je n’ai pas dormi depuis 72h.

Lorsque nous rentrons chez nous dans notre petit appartement, je suis perdue entre mes habitudes d’avant, et celles que je dois créer dans cette nouvelle vie. Je couche notre fils. Papa regarde la télé, et moi, je vais me coucher. Seule. Je ne veux pas quitter mon enfant, mais je suis aussi épuisée, terrifiée et complètement perdue.

En échec

Les jours se suivent et se ressemblent tous. L’allaitement ne fonctionne pas. Échec. La mère que j’avais imaginée être s’évapore chaque jour un peu plus. Échec. Ce nouvel appartement n’est pas si bien. Échec. 

Je dors, seule. Mon fils dans sa chambre, son père sur sa console. Les nuits sont hachées, s’étiolent peu à peu comme peau de chagrin.

Les journées, je regarde : mon fils sur son tapis de jeux, la vaisselle qui s’entasse, le téléphone plein de photos, vide de messages pour moi. Je vois : les appels de mes amies, que j’évite, ce canapé qui se creuse sous mon poids, car je ne le quitte plus.

J’essaye de me convaincre que je suis une super maman, en préparant des purées, en cousant des jouets, et en donnant des conseils sur Facebook que moi-même je n’arrive pas à appliquer. Dès que je ferme les yeux, mon cerveau pleure ces larmes que je tais, car je n’ai pas le droit d’être malheureuse. La télévision enchaîne les séries et les reportages. Le canapé se creuse un peu plus, la vaisselle s’entasse toujours plus. Les pleurs de mon fils résonnent dans les oreilles, les nuits sont hachées et étiolées. Le téléphone ne sonne plus. Les invitations, je les décline, car je n’en ai pas la force. Si tu savais comme je t’aime mon fils. Mais je ne sais plus comment faire ! 

Je suis si seule. Vide. Alors mon ventre se remplit de cette colère froide et sinueuse, tel un serpent qui me ronge de l’intérieur, distillant son venin sournoisement. Ce venin, j’ai mis quatre ans à l’ évacuer.

Ce serpent qui a ravagé mon sourire pour le noyer sous mes larmes a un nom : DÉPRESSION POST-PARTUM. Tel Rumpelstiltskin, une fois que tu connais son nom, tu peux le vaincre.

Après les tempêtes revient le soleil

Si je devais écrire à la “moi” d’il y a bientôt dix ans, alors je lui conterais ces maux :

« Chère moi,

Je sais à quel point que ce que tu vis est difficile, à quel point tu es terrifiée de cet avenir incertain, et de perdre un jour tes enfants. Oui, parce que tu en auras deux autres. Tu vois, dans la vie, la seule constante c’est le changement.

Mais ce que tu vis, nous sommes si nombreuses à le vivre ou à l’avoir vécu. N’aie pas peur de demander de l’aide. N’aie pas honte, la dépression est une maladie, et comme toutes les maladies, elle se soigne. 

Aie confiance !

Je t’aime,

Moi« . 

J’ai mis quatre années à remonter à bord du bateau et regagner la terre ferme pour quitter la tempête. J’ai eu un second enfant 13 mois après la naissance de mon aîné. J’ai traversé d’autres tempêtes que je te partagerai un jour.

C’est la main tendue d’une psychologue qui a proposé de m’aider pour mon fils dans un premier temps qui m’a fait accepter, et écouter, ses conseils. J’ai fini par consulter une psychologue pour moi, à trouver un nouveau travail, à trouver de la joie dans les choses simples. Oh, cela n’a pas été simple ! Même plutôt long. Déchirant parfois, coûteux. Entourée de mes proches, et puis finalement seule, lorsque j’en ai été capable, j’ai fini par retrouver de vrais sourires sincères. J’ai écrit beaucoup, dans des carnets qui n’avaient pas vocation à être lus, juste pour faire sortir le venin qui empoisonnait mon corps. J’ai suivi de l’art-thérapie.

Tout passe. Mais on ne peut pas toujours faire tout passer, toute seule.

À toi qui vis la même chose, qui s’est reconnue ou a reconnu une proche : accorde-toi de la douceur, et accepte de l’aide.

Aujourd’hui, j’ai trois merveilleux enfants. Je consulte toujours une psychologue, car trouver un peu d’écoute, un espace où déposer ses maux, c’est indispensable. Je suis capable de rire, d’aimer, de jouer et d’être compatissante envers la partie de moi qui a souffert.

Maman de deux enfants, je culpabilise, mais je me soigne

Maman de deux enfants, je culpabilise, mais je me soigne

Bonjour, moi c’est Lisa. J’ai trente-quatre ans, maman de deux petites filles, Ophélie, bientôt six ans et Johanne, deux ans et demi. Je travaille à temps plein, comme beaucoup. Je ne me suis arrêtée de travailler que deux fois, pour mes grossesses. Maman depuis bientôt six ans, divorcée depuis un an, je suis en couple avec mon nouveau chéri, papa d’une petite fille de deux ans.


Quand on devient parent, on a tout à apprendre. La plupart des réponses, la théorie en tout cas, on les trouve dans des livres. En revanche, ce qu’on ne trouve pas, ou très peu, c’est la gestion de nos émotions. Cette claque énorme qu’on se prend, qui vient réveiller en nous nos blessures émotionnelles.


 LA MATERNITÉ OU CE CHASSÉ-CROISÉ DES ÉMOTIONS 


Il y a maintenant bientôt six ans, après une césarienne en urgence, me voilà donc maman. Et là, tu te sens submergée par tes émotions. Certaines se font la malle, l’insouciance par exemple, quand d’autres, peu connues jusqu’alors, débarquent. L’émotion, le sentiment qui marque le plus, c’est la culpabilité. En tant que maman (en tant que papa peut-être aussi, mais je ne peux pas en témoigner), on culpabilise tellement. 

 

Ma première culpabilité, je m’en souviendrai toute ma vie, c’est l’absence d’émotion lorsqu’après ma césarienne, on m’a présenté ma fille. Je n’ai rien ressenti. RIEN. Puis après mon accouchement, comme quelques mamans, j’ai connu la dépression post-partum. Pas ce petit baby blues qui dure quelques jours. Non. La belle dépression, celle qui dure un mois et demi. Celle qui te fait avoir des pensées très sombres. Celle qui, lorsqu’on te dit  » un bébé c’est que du bonheur  » te donne envie de répondre “ j’aimerais remonter le temps et ne pas vivre ce moment ”. Et quand ça va mieux, lorsque c’est derrière toi, celle qui te fait culpabiliser à mort. Comment peut-on avoir des pensées aussi négatives alors qu’on vit la plus belle chose de sa vie… ? 


LA CULPABILITÉ, CE SENTIMENT QUI NE TE QUITTERA PAS 


Tel un pote bien installé dans ton canapé, elle ne te lâche pas. 

 

Ce qui est bien, avec la culpabilité, c’est qu’on peut te la servir à toutes les sauces :
Quand tu préfères donner le biberon plutôt que d’allaiter.

Quand après ton congé maternité, tu retournes travailler, en laissant ton bébé chez une nounou ou à la crèche.

Quand tu prends une heure pour toi, pour aller faire un soin… 

 

C’est un sentiment un peu sournois. C’est très difficile de s’en défaire. 

 

Ce pote, il est là, hein, et il revient régulièrement :

Quand tu décides de laisser ton bébé pour profiter d’une soirée avec ton amoureux.
Quand tu fais un deuxième bébé, et que le premier se sent parfois un peu délaissé.
Quand tu fais des pâtes deux soirs de suite.
Quand tu es fatiguée en rentrant du travail et que tu préfères mettre la télé à tes enfants plutôt que de jouer avec eux.



LA PRESSION DE LA SOCIÉTÉ 



Ce n’est peut être pas le cas, mais de mon point de vue, j’ai le sentiment qu’il y a une forme de pression. Pression exacerbée par les réseaux. Tu sais, toutes ces  » mamans parfaites  » qui sont des travailleuses exceptionnelles, des épouses merveilleuses, qui sont au top de leur forme, cuisinent des bons petits plats, font des activités manuelles, et paraissent épanouies. Comme si c’était la norme (mon œil) !
La réalité, ma réalité est tout autre. La culpabilité, je l’ai ressenti puissance 1000, il n’y a pas très longtemps : quand j’ai décidé de me séparer du papa de nos filles. Je crois, je suis sûre même, que je n’ai jamais autant culpabiliser. Mes filles âgées de quatre ans et demi, et pas tout à fait deux ans à l’époque, n’ont rien demandé. Elles n’ont pas demandé à venir dans ce monde, ni à ce qu’on se sépare. Ce qui apaise ma culpabilité, c’est qu’on a tout fait et qu’on fait tout pour les épargner. Elles n’ont pas à subir nos histoires de grand. On fait tout de façon intelligente, en tout cas, on essaie.



CULPABILISER, ÇA SE SOIGNE 



Depuis que je suis maman, j’apprends à déculpabiliser. Même si ce sentiment ne disparaît jamais totalement, j’essaie de me soigner. Au travers de différentes lectures (les livres de Lise Bourbeau en particulier), de discussions avec des amies, des sœurs, des mères. Une psy, que j’ai vu quelques séances, m’a appris à déculpabiliser en général. La culpabilité vient faire écho à nos blessures émotionnelles. Il faut apprendre à les guérir, à vivre avec. Une kinésiologue aussi m’a permis d’apprendre à gérer ma culpabilité.

 

Ce sentiment est normal, il est même plutôt sain dans une certaine proportion. Alors toi qui me lis, je ne peux pas te dire d’arrêter de culpabiliser. Mais apprends à la gérer et à vivre avec. Tu n’es pas une mauvaise mère parce que tu penses aussi à ta vie pro, parce que tu as envie d’une soirée sans enfant, juste avec tes amis ou ton mec, tu n’es pas une mauvaise mère parce que tu réchauffes un plat Picard ce soir, parce que la télé a un peu trop tourné aujourd’hui ou parce que tu as un peu trop râlé sur tes enfants.

Tes enfants ne te reprocheront jamais d’avoir envie d’être une maman épanouie. Avant d’être une maman, tu es un individu à part entière, une amie, une épouse peut être, une salariée ou auto-entrepreneure. Peu importe. L’important c’est de trouver un juste équilibre. Et ton équilibre d’aujourd’hui n’est peut être pas ton équilibre de demain. Ce n’est pas grave. La mère parfaite n’existe pas, l’enfant parfait non plus.

TU FAIS DE TON MIEUX, ET C’EST DÉJÀ BEAUCOUP ! 

 

Si tu as envie de témoigner, n’hésites pas à le faire !