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Les écrans, simples outils ou nouveaux démons ?

Les écrans, simples outils ou nouveaux démons ?

En complément de l’article de Charlotte, intitulé “ L’impact des réseaux sociaux ” sur notre vie, je vous propose aujourd’hui un écrit sur les écrans. Drôle de titre que j’ai choisi, qu’est-ce qu’un démon ? Dans la mythologie, un démon est un être surnaturel, bon ou mauvais, attaché à la destinée d’une personne ou d’une collectivité. Vous me direz, les écrans n’ont rien de surnaturel, ce sont des objets bien réels. Et vous aurez raison, il s’agit bien de simples outils. Que viennent donc faire les démons ici ?

 

Les écrans, nouveaux démons ? 

 

Nous pouvons constater que les écrans sont attachés à notre destinée individuelle et collective. Ils ont envahi tous nos espaces de vie quotidienne, à la maison comme au travail. Avec des effets d’amplification depuis le confinement vécu pendant l’épidémie de COVID. D’ailleurs, les fées autour du berceau, évoquées dans un autre article (naître à soi), ont été remplacées par les smartphones et autres tablettes (sourire).

 

Je vous propose une expérience de haute voltige, à très haut risque : vivre pendant 24 heures SANS écran, d’aucune nature. Et de mesurer à l’issue si vous êtes encore vivant ? Non, trop risqué, trop dangereux, docteur, pas possible. Bon, tant pis, j’aurai quand même tenté de vous proposer une mission impossible, dans le costume de Tom Cruise (rire).

 

L’impact des écrans sur les enfants 

 

Mais trêve de plaisanterie, ce test montre à quel point nous sommes devenus dépendants de ces outils. Je continuerai de sourire avec vous si je n’étais pas médecin de santé publique, en charge de la santé des enfants de 0 à 5 ans. Nombre d’entre eux sont les premières victimes des écrans démons. Leur surexposition précoce aux écrans, depuis l’âge de bébé où leur mère les allaite en regardant leur écran de smartphone, SANS les regarder, perturbe leur développement cérébral, cognitif et psycho-affectif. Les enfants présentent des retards de langage, des troubles de la concentration et de l’attention qui les empêchent d’accéder aux apprentissages scolaires en école maternelle. Bref, un sombre bilan, dont nous, parents, éducateurs et personnels soignants, sommes collectivement responsables. Plus d’informations ici.

 

Les écrans, simples outils 

 

Il n’est bien sûr pas question d’éduquer nos enfants en leur interdisant tout accès aux écrans. Ils sont devenus des outils incontournables du quotidien. De même que l’on ne jette pas un enfant dans une piscine où il n’a pas pied pour lui apprendre à nager, au risque qu’il se noie, on n’expose pas les enfants aux écrans SANS prendre des précautions, et ce, quel que soit leur âge. Et n’oublions pas les adolescents exposés à des images violentes ou pornographiques sur les fameux réseaux sociaux.

 

Comme nous le rappelle la définition mythologique des démons, ils peuvent être bons ou mauvais. Les écrans nous permettent de communiquer, d’accéder aux connaissances et à la culture, de travailler dans tous les domaines professionnels. Les écrans ne sont pas démoniaques en eux-mêmes, c’est leur usage qui pose problème. D’autant que la pression du marketing, là comme ailleurs, est plus forte que nous. “ Oh, zut ! J’ai loupé la sortie du dernier smartphone ULTRA-PERFORMANT ! Vais-je survivre ? (sourire) ”.

 

La rapidité de l’évolution de ces outils nous oblige à prendre le temps de la réflexion, à les éteindre, nous reposer et en profiter pour mener une réflexion éthique quant à leur usage, au regard de nos responsabilités éducatives, parentales et/ou professionnelles.

 

L’addiction aux écrans 

 

Nous vivons dans un monde où fleurissent les addictions en tout genre, celles aux écrans en particulier. Mon métier de médecin de santé publique m’a appris que les addictions nuisent à notre santé et entravent notre liberté. J’apprécie le goût subtil d’un vin Rastau, vignoble de Côtes du Rhône, je le déguste avec des amis, mais je n’en bois pas cinq litres par jour. Question de dosage, il en va de même de l’usage des écrans.

 

Alors, simples outils ou nouveaux démons ? 

 

Si la lecture de cet article vous intéresse, vous agace ou vous permet d’analyser la place que les écrans ont pris dans votre vie, vous êtes les bienvenues pour témoigner et enrichir la nécessaire réflexion concernant les bienfaits et dangers des écrans. Et si vous n’avez pas peur des démons, chez Hors-Normes, ils sont plutôt bienveillants, ils vous encouragent à prendre soin de vous et de vos proches.



À vos risques et périls

À vos risques et périls

Vous pouvez prendre connaissance du témoignage d’Orlane, “Les écrans, des compagnons de solitude« , avant de vous plonger dans la lecture de cet éclairage. 

 

Orlane décrit avec force et détails sa relation aux écrans, la place qu’ils occupent dans son quotidien, et le rôle qu’elle leur attribue. J’encourage chacune et chacun d’entre vous à les éteindre et à réfléchir à la place des écrans dans votre propre vie. Surtout si vous êtes parent, car votre responsabilité est engagée quant à leur usage par vos enfants.

 

Nous avons déjà publié des articles consacrés aux écrans : “Les écrans, simples outils ou nouveaux démons ?”, “L’impact des réseaux sociaux sur notre vie”. Ils sont à votre disposition si vous souhaitez approfondir le sujet. 

 

Les écrans et la solitude

 

J’ai été sensible à plusieurs points dans le témoignage d’Orlane : 

  • Aux formulations qu’elle choisit, certaines sont teintées d’humour.
  • Au rôle qu’elle donne aux écrans pour lutter contre la solitude et les pensées envahissantes qu’elle engendre.

 

La solitude est une médaille à deux faces : une face qui nous dérange, celle d’une impression de vide ou d’envahissement par des pensées parasites, que l’on voudrait éviter, mais qui s’imposent à nous. L’autre face est celle du nécessaire recentrage sur nous-même, dont nous avons besoin pour “recharger nos batteries” et alléger le poids des stress que nous subissons.

 

Je vous remercie Orlane, d’avoir accepté de témoigner des effets négatifs de la solitude avec une telle lucidité. Votre engagement associatif, décrit dans votre précédent témoignage, (“Après la pluie vient le beau temps”) vous conduit à des rencontres humaines très riches. Les nombreuses personnes que vous avez aidées dans leur parcours de vie vous ont permis de découvrir d’autres cultures et de ne pas être paralysée par un sentiment de solitude débordant. 

 

La dépendance aux écrans versus leurs bienfaits 

 

Je vous remercie également Orlane pour votre sincérité, gageons que nombreuses et nombreux sont les utilisateurs d’écrans qui n’ont pas votre honnêteté intellectuelle pour analyser leur relation de dépendance aux écrans. Rien ne nous empêche de nous libérer de cette néfaste dépendance. 

Je vous rejoins, les écrans ont aussi des bienfaits. Ils nous offrent un accès facilité à la culture et aux connaissances, dans tous les domaines. Vous avez la possibilité d’écouter des podcasts radiophoniques, en fonction de vos centres d’intérêt. Vous pouvez commencer par un podcast de France Inter, de la série “L’inconscient” qui s’intitule : “Des écrans et des rêves, les métamorphoses de l’inconscient”. Le podcast est disponible gratuitement en téléchargeant l’application Radio France.

 

Quelle est votre relation aux écrans ?

Si, comme Orlane, il vous arrive d’éteindre les écrans et de vous recentrer sur la vraie vie, de mettre la réalité virtuelle dans de grandes parenthèses, nous vous invitons à en témoigner. N’oublions pas nos responsabilités éducatives vis-à-vis des enfants et adolescents, proies vulnérables pour tous les prédateurs de tout poil qui ont bien compris comment les capturer. Les actualités quotidiennes nous rappellent que les effets dangereux ne sont pas virtuels.

Dans mon jardin poussent des enfants

Dans mon jardin poussent des enfants

Charlotte a partagé son expérience de maman dans un article précédent qu’elle a nommé : “ Éduquer un enfant ”. Afin d’explorer un peu plus en profondeur cette vaste thématique de l’éducation, je vous propose aujourd’hui mes pistes de réflexions. Nous verrons, avec un brin d’humour, comment “ dans mon jardin poussent des enfants ”.

 

Qu’est-ce que l’éducation, ou “ le jardinage ” ? 

 

Pour commencer, j’avais envie de rappeler que le mot “ éduquer ” possède deux sources étymologiques : 

  • Educere ” : qui veut dire faire sortir, mettre dehors.
  • Educare ” : qui veut dire élever des animaux ou des plantes, et par extension, prendre soin d’un enfant.

 

Nous retrouvons ces sens premiers dans le langage populaire, lorsque nous comparons les enfants à de jeunes pousses. Quant à la dimension “ faire sortir, mettre dehors ”, je vous invite à voir ou revoir le film “ Tanguy ”, illustrant  avec humour, l’échec de l’éducation des parents et de la famille élargie, à savoir donner la main à un enfant pour le conduire sur les chemins de l’autonomie de sa vie d’adulte, et ne pas le maintenir dans un statut d’enfant dépendant de ses parents.

 

Enfin, selon la définition du dictionnaire, “ l’éducation est la mise en œuvre des moyens propres à assurer le développement et la formation d’un être humain ”.

 

Les outils de l’éducation, ou comment fertiliser la terre  

 

Maintenant que nous avons compris dans les grandes lignes ce que veut dire éduquer, il convient de voir quels sont les moyens qui vont permettre au nouveau-né d’atteindre l’âge adulte, l’âge de l’autonomie. 

 

Les parents, porteurs des racines de notre identité 

 

D’abord, il y a les parents, entourés de la famille élargie. Comme l’écrivent de nombreux auteurs et autrices, la présence du bébé fait de nous des parents, son existence nous oblige à exercer des responsabilités qui nous surprennent le plus souvent. 

 

Charlotte illustre ce passage de la mère parfaite à la mère allégée des pressions sociales et qui découvre la joie de recourir à ses qualités intuitives. 

 

Au fond, l’enfant crée son père et sa mère, il vient incarner le désir de chacun des parents. Se joue alors une étrange partie, car devenus parents, nous grandissons en même temps que nos enfants. L’apprentissage de la fonction parentale se fait en s’engageant dans la relation à nos enfants. Les sources de ces nouvelles responsabilités se situent dans notre enfance, la place que nous avons prise dans notre famille, les transmissions qui nous ont nourri, y compris les transmissions inconscientes dont font partie les secrets de famille.

 

Les autres acteurs éducatifs, tuteurs de notre croissance sociale 

 

Le bébé grandissant, il va sortir du cercle familial pour découvrir son environnement culturel et social, en passant par la crèche ou l’accueil chez une assistante maternelle, puis par l’école. Il va développer des relations avec d’autres adultes que ses parents, adultes qui vont également participer à son éducation. Il est à ce stade important qu’il ne vive pas de trop grands écarts entre sa culture familiale et la culture sociale où il grandit. Il serait alors confronté à des conflits de loyauté dont il ne saurait se défaire sans encombre.

 

La pratique du sport, les activités artistiques, les séjours de l’enfant dans des lieux de vacances, seront autant d’opportunités de se nourrir de nouveaux apports éducatifs.

 

Tous ces acteurs éducatifs sont autant de tuteurs sur lesquels l’enfant s’appuie pour grandir. Il apprend ainsi la relation à l’autre, aux autres. Il apprend aussi à s’adapter au monde qui l’entoure, à anticiper les dangers, en expérimentant des risques : apprendre à faire du vélo, à nager, à monter à cheval, au risque de tomber et de se relever pour se remettre en selle.

 

La culture, ces rayons de soleil lumineux  

 

Outre ces moyens humains, l’enfant découvre la culture qui l’entoure en lisant, en écoutant de la musique, en admirant des œuvres d’art dont les films et autres séries font partie. 

 

L’accès à la culture n’est pas le même pour tous les enfants. Celui-ci dépend du contexte socio-économique de ses parents ou responsables légaux, mais également de la curiosité et de la personnalité de l’enfant. Certains enfants étant plus réceptifs que d’autres, selon la façon dont la culture leur est présentée. À l’adolescence, ils feront des choix pour se différencier des générations précédentes.

 

Les écrans, ce miroir aux alouettes 

 

Aujourd’hui, les enfants grandissent également face aux écrans des smartphones, tablettes et autres ordinateurs, en passant par les écrans de télévision, plus anciens. Ces nouveaux objets sont à manipuler avec beaucoup de précautions, sous la responsabilité des parents, pour prévenir les dégâts que leur usage provoque chez les très jeunes enfants. Si le sujet vous intéresse, je vous invite à lire ou à relire mon article  » Les écrans, simples outils ou nouveaux démons ? « .

 

L’éducation d’un enfant, un jardin collectif 

 

Une maman d’origine africaine me disait un jour :  » tout un village est nécessaire pour élever un enfant « . Elle était loin de son village, des larmes lui sont venues au visage, comme un rappel de l’absence de ses proches au moment où elle accueillait son nouvel enfant. 

 

Ainsi, je fais partie de ceux qui pensent qu’il faut effectivement tout un village pour élever un enfant. Il en va de la responsabilité de chacun, parent ou éducateur, de prendre soin des enfants que nous accueillons dans notre monde humain. De développer la solidarité pour nous soutenir collectivement dans cette noble tâche : transmettre aux enfants de notre monde le goût de la vie, de l’autonomie et de la relation aux autres.

 

Avez-vous la main verte ? 

 

Lectrices de notre blog, que vous ayez la main verte ou pas, enfants devenus parents ou non, vous avez croisé parents et éducateurs, dans l’écoulement du temps qui vous a conduit à l’âge adulte. Si vous souhaitez partager vos expériences éducatives, nous faire découvrir qui a été facteur de croissance pour vous, la ou les cultures qui vous ont donné le goût de la vie, et comment vous le transmettez aux enfants qui vous entourent, n’hésitez plus à nous écrire votre témoignage. Vous êtes les bienvenues dans les jardins d’Hors-Normes.